Les 6 symptômes révélateurs d'une endométriose

Publié par Audrey Vaugrente
le 31/05/2018
Maj le
4 minutes
woman with uterus health concept on the blue background
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Depuis quelques années, l'endométriose sort de l'ombre. Mais cette maladie gynécologique reste encore mal connue, notamment ses symptômes. S'ils varient fortement selon chaque patiente, certains se font fréquemment ressentir. Faisons le point.

C'est une maladie millénaire qui est longtemps restée sans nom. Par peur des mots ou par tabou, l'endométriose est encore mal connue de la population. Cette maladie gynécologique est pourtant fréquente : elle toucherait environ une femme sur dix.

Faute d'information suffisante, nombre de patientes souffrent plusieurs années avant d'obtenir le bon diagnostic et le traitement approprié. La faute, notamment, à une mauvaise connaissance des premiers signes d'endométriose.

Alors quels sont les principaux symptômes qui révèlent la maladie ? E-Santé a posé la question au Pr Patrice Lopes, gynécologue à la polyclinique de l'Atlantique de Saint-Herblain (Loire-Atlantique).

Des règles douloureuses

Le symptôme le plus connu de l'endométriose est aussi le plus courant : des crampes et des douleurs au bas-ventre pendant les règles, parfois si fortes que se lever est impossible. "Ce n'est pas un signe qui survient systématiquement, mais il est important", souligne le Pr Patrice Lopes. Il toucherait jusqu'à 90 % des patientes.

Ce trouble n'a rien de comparable, dans son intensité, avec les douleurs liées aux contractions qui peuvent survenir en période menstruelle. "On envisage une endométriose quand les règles sont douloureuses et que la patiente n'est pas soulagée par des anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme l'ibuprofène, ndlr) ou du paracétamol", indique le gynécologue.

Un examen d'imagerie s'avère alors nécessaire, afin de diagnostiquer les lésions provoquées par les saignements dits rétrogrades. Cela signifie qu'au lieu de s'écouler par le vagin, le sang menstruel reflue vers les organes, provoquant la douleur lors des règles.

Des douleurs pelviennes régulières

Autre conséquence de ces saignements anormaux, des douleurs pelviennes qui peuvent survenir à tout moment, en fonction de la localisation des lésions d'endométriose. C'est, en effet, une particularité de la maladie : les douleurs peuvent être "cycliques", donc liées aux règles, ou "non cycliques", et se manifester en dehors de cette période.

Comme leur nom l'indique, ces douleurs peuvent toucher tout organe entre le nombril et les hanches. "Quand on l'interroge, la femme peut les attribuer à ses ovaires ou à son utérus, illustre Patrice Lopes. Ces douleurs sont gênantes et empêchent de mener une vie normale."

Là encore, l'endométriose est soupçonnée lorsque les antalgiques ne suffisent pas à soulager le malaise. "Il faut alors consulter son médecin traitant ou son gynécologue, recommande le spécialiste. Cela peut s'avérer compliqué pour une jeune femme vierge, mais c'est nécessaire."

Des rapports sexuels douloureux

Un rapport sexuel douloureux, ça n'est pas normal, et cela porte un nom : la dyspareunie. Les causes d'un tel trouble sont nombreuses. Et parmi elles figure l'endométriose. "On parle de dyspareunie profonde", souligne le Pr Lopes.

Car en cas d'endométriose, la douleur ne se manifeste pas au niveau de la vulve, mais profondément dans le vagin. Elle est généralement due à des lésions situées au niveau du vagin.

Mais quelle que soit la localisation de la douleur, mieux vaut consulter un professionnel de santé. "Certaines douleurs profondes peuvent être dues à d'autres causes que l'endométriose", confirme le gynécologue.

Un passage aux toilettes difficiles

A cause des lésions d'endométriose, un autre acte courant peut devenir source de souffrance : le passage aux toilettes. "Les douleurs lorsqu'on va uriner ou quand on va à la selle doivent faire penser à une endométriose", estime le Pr Patrice Lopes.

Et pour cause. Peu de pathologies sont responsables de tels symptômes : envie impérieuse d'uriner ou d'aller à la selle, émission douloureuse des excréments, saignements… "J'ai tendance à dire à mes étudiants que, s'il y a deux "dys" sur quatre, il faut penser à l'endométriose", résume le gynécologue.

Des douleurs au ventre ou au dos

Le problème, c'est que les douleurs ne sont pas systématiquement localisées autour des organes reproducteurs. Lors des saignements rétrogrades, les lésions peuvent se développer sur une large étendue.

C'est pourquoi des douleurs récurrentes au niveau du ventre ou du dos peuvent révéler la présence d'une endométriose. "Si les lésions s'infiltrent au niveau des petits nerfs, cela peut donner des douleurs irradiantes", explique Patrice Lopes.

Celles-ci se manifestent alors au niveau des intestins, du dos… mais aussi du diaphragme. Un facteur de confusion qui retarde souvent le diagnostic. Et ça n'est pas le seul problème. "Si les douleurs sont irradiantes, cela signifie que l'endométriose est profonde et atteint les nerfs, ce qui peut poser problème au niveau du traitement", indique le spécialiste.

Une infertilité

Dans certains cas, l'endométriose peut aussi progresser de manière totalement silencieuse. Elle est alors diagnostiquée à l'occasion d'un projet de grossesse qui tarde à se concrétiser. Car si l'infertilité n'est pas systématique, elle touche tout de même 20 à 50 % des patientes.

"Cela s'explique par le fait que la maladie peut toucher les ovaires, les trompes, provoquer des adhérences qui empêchent la captation de l'ovule par la trompe", résume le Pr Lopes. Outre la chirurgie, qui élimine les lésions et adhérences, une aide médicale à la procréation (AMP) pourra s'avérer nécessaire.

Sources

Endométriose – une maladie gynécologique fréquente mais encore mal connue, Inserm, consulté le 31 mai 2018

Qu'est-ce que l'endométriose ?, association EndoFrance, consulté le 31 mai 2018

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