Les pets vaginaux : faut-il s'inquiéter ?

Le pet vaginal, c'est quoi ?

Les pets vaginaux – de leur nom scientifique flatus vaginalis ou frout en argot - sont sans gravité. "C'est simplement de l'air qui rentre dans le vagin et qui en ressort. On peut comparer cela à un petit ballon de baudruche que l'on gonfle et qui se dégonfle par la suite", explique le Docteur Catherine Fohet, gynécologue.

Est-ce grave ?

Elle poursuit "les pets vaginaux n'ont rien à voir avec de véritables flatulences. Elles proviennent pour leur part de la fermentation digestive et ne sentent pas bon. Les pets vaginaux, eux, n'ont pas d'odeur, car il ne s'agit pas de gaz mais d'air".

En effet, le vagin est une cavité fermée capable de se contracter et se dilater selon les circonstances. De l'air peut entrer dans cet organe - qui se trouve entre la vessie et le rectum - lorsqu'il s'ouvre un peu. Un changement de position entraîne ensuite son évacuation. C'est cela qui provoque ce bruit embarrassant.

Le pet vaginal peut ainsi survenir lorsque vous faites un sport qui entraîne une ouverture du vagin et/ou l'activité des muscles pelviens comme de la gym ou le yoga. Il peut aussi surgir à des moments incongrus "Cela peut aussi arriver sur la table de gynéco. Un peu d'air rentre avec le spéculum et ressort au moment d'un changement de position". Et ce ne sont pas les seuls incidents possibles.

Et pendant les rapports amoureux ?

Les corps harmonieusement entrelacés des films hollywoodiens font rêver, mais la réalité est souvent toute autre... les souffles sont parfois couverts, non pas par une musique douce romantique, mais un fracassant "frout". La gynécologue explique "les pets vaginaux sont susceptibles également de se produire pendant des rapports intimes, car l'air peut entrer dans le vagin pendant les ébats. Et là aussi, cela fait du bruit quand il est évacué". Elle ajoute "il survient souvent lorsqu'il y a beaucoup de lubrification".

Par ailleurs, certaines positions peuvent favoriser l'émission de pets vaginaux, surtout celles avec des va-et-vient importants - qui favorisent l'entrée d'air - comme la levrette.

Dédramatiser l'incident sonore

Entendre un son disgracieux – proche du prout – sortir de son intimité au plus fort de la passion... cela peut facilement casser l'ambiance. Pourtant, il ne faut pas laisser la honte gagner. La praticienne rappelle "Ce n'est pas grave du tout, cela surprend, mais c'est tout".

Et voilà le maître-mot quand notre corps nous trahit... dédramatiser. "Il ne faut pas se retrancher dans sa gêne. Il faut plutôt prendre cela sous l'angle rigolo et en rire avec son partenaire ", continue-t-elle. 

D'ailleurs cette cocasserie ne fera que du bien à votre couple. Une étude allemande réalisée par l'université Martin-Luther de Halle-Wittemberg en 2018 révélait que les partenaires qui rient ou se taquinent de la même manière ont tendance à être plutôt satisfaits de leur relation. En revanche, ceux qui craignent de se moquer de leur moitié sont moins heureux dans leur couple.

Pets vaginaux : personne n’est épargné

Qu'elles soient mères ou non, qu'elles soient sexuellement actives ou non, qu'elles soient jeunes ou non, toutes les femmes peuvent connaître un incident sonore de ce type. Il n'y a pas des personnes plus à risque. 

Catherine Fohet, gynécologue, explique "une femme qui a eu plusieurs enfants ou un accouchement difficile, a des muscles du périnée plus relâchés, et peut ainsi être amenée à vivre fréquemment ce type d'incident. Toutefois, cela peut aussi survenir chez des jeunes filles qui n'ont jamais eu de rapport sexuel". 

Il suffit en effet de prendre une position qui entraîne un étirement du périnée - et par conséquent une petite ouverture du vagin - pour émettre un pet vaginal. La praticienne ajoute "On peut même essayer de le provoquer en contractant ses muscles du périnée. Cela montre qu'on les maîtrise très bien".

Comment réduire la fréquence des pets vaginaux ?

Les pets vaginaux sont sans gravité. Toutefois, s'ils surviennent régulièrement en public, il peut devenir difficile d'en faire abstraction. Catherine Fohet explique "Cela s'apprivoise. Il faut prendre conscience de ce qui se passe, ce qui les provoque. Il suffit alors de faire de petites modifications de position". 

La rééducation, une solution

Si éviter les mouvements identifiés comme problématiques n'est pas suffisant, il est possible de se tourner vers les professionnels. "Un peu de rééducation peut résoudre ce problème s’il devient trop gênant. Les femmes y apprennent à bien fermer leur vagin. Cette rééducation peut se faire avec un kinésithérapeute ou une sage-femme".

Une prescription est nécessaire pour profiter de ces soins. Il ne faut donc pas hésiter à parler de son problème de pets vaginaux lors de sa visite chez le gynécologue.