Les cures thermales contre l’anxiété et le burn-out

Publié par Brigitte Bègue
le 2/06/2016
Maj le
5 minutes
belle femme dans l'eau claire en regardant la caméra - jeune fille piscine à la station exclusive - concept médical de l'hydrothérapie traitement spa - soft focus et la lumière naturelle avec un look vintage lumineux
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Les cures thermales ne soulagent pas seulement les rhumatismes, l’asthme, les allergies respiratoires ou les problèmes dermatologiques. Les cures thermales ont aussi prouvé leur efficacité contre l’anxiété et la dépression. Et elles pourraient être utiles dans la prévention du burn-out.

Choisir le thermalisme pour sortir de la spirale qui mène à l’épuisement

Pour l’heure, le burn-out ne fait pas partie des orientations thérapeutiques validées du thermalisme. Néanmoins, une étude (1) réalisée en Autriche sur 65 patients en burn-out professionnel modéré à sévère indique qu’après trois semaines de cure thermale, leur fatigue, leur anxiété, leur stress, leur démotivation et leur trouble du sommeil ont significativement diminué.

Des résultats toujours tangibles trois mois après la fin de la cure thermale qui demandent à être confirmés mais qui intéressent le Dr Olivier Dubois, psychiatre et directeur des thermes de Saujon, en Charentes Maritimes. Pour cause, il reçoit de plus en plus de curistes en souffrance au travail : « Nous voudrions faire de la station un centre spécialisé dans la prévention du burn-out avec une plateforme dédiée à la demande d’aide dès les premiers signes et des soins adaptés pour apprendre à gérer son stress et comprendre les mécanismes qui le sous-tendent. L’idée est de sortir les patients de la spirale qui mène à l’épuisement ». Un protocole d’expérimentation est en cours d’élaboration.

La cure thermale plus efficace qu’un psychotrope

Seul établissement thermal en France consacré uniquement aux troubles psychiques, Saujon a déjà démontré que les cures thermales pouvaient être une alternative au recours à un psychotrope. Une première étude, STOP TAG (2), menée sur 237 patients souffrant d’anxiété généralisée a révélé une efficacité supérieure de 44% de la cure thermale comparativement à un traitement de référence contre l’angoisse. Les bénéfices se vérifient un mois après la fin de la cure et persistent six mois plus tard pour deux tiers des patients.

Ils sont d’autant plus nets que l’anxiété était élevée au départ et conjuguée à un état dépressif. Une deuxième étude, SPECTh (3), destinée à mesurer l’impact d’un programme de sevrage des benzodiazépines (anxiolytiques et somnifères) chez 70 curistes qui en consommaient depuis longtemps, montre que 41% ont arrêté d’en prendre six mois après la cure et 80% ont réduit les doses de moitié. Un constat encourageant pour les 11% de patients qui en consomment régulièrement. Car on sait que, à long terme, les benzodiazépines augmentent le risque de dépendance, d’effets secondaires (chutes, confusion...) et de démence.

Des ateliers pour réduire le stress et améliorer la qualité de vie des personnes fibromyalgiques

L’Ecole Thermale du stress, unitaire complémentaire de la station, propose en parallèle des soins de balnéothérapie, des stages sous forme d’ateliers psycho-éducatifs destinés à optimiser les effets de la cure et à donner des clés aux curistes pour mieux gérer leur anxiété au quotidien.

Elle vient de publier les premiers résultats d’une étude de suivi sur 300 curistes, réalisée par une équipe de l’Inserm (4). Ils confirment l’intérêt du thermalisme dans la réduction du mal être. Ainsi, au bout de trois semaines de cure, 94 personnes âgées de 40 à 60 ans (dont 77% de femmes) ont réduit leur consommation de tranquillisants de 31% et de 54% au bout de trois mois.

De même, les 112 curistes ayant participé à des sessions de stages intitulées « Apprivoiser votre stress » ont vu leur niveau de stress baisser significativement. Enfin, les personnes atteintes de fibromyalgie ont déclaré ressentir moins de douleurs, être moins fatiguées au réveil, avoir les membres moins raides, se sentir moins inquiètes et déprimées à l’issue de la cure. Des résultats encore plus marqués trois mois après la cure.

Vivre la cure thermale comme un starter pour s’autoriser à lâcher prise

L’eau thermale de Saujon est reconnue pour ses vertus sédatives grâce au magnésium et au lithium qu’elle contient. Mais pour le Dr Dubois, l’essentiel vient d’ailleurs : « On n’a pas cherché à expliquer les effets. Cependant, la cure a la particularité de permettre à la personne de s’autoriser à lâcher prise pendant trois semaines, de se désengluer de son quotidien et de ses schémas mentaux, ce qu’elle ne peut pas faire habituellement. Elle agit comme un starter. Du coup, l’anxiété se fond et se dilue un peu ». Le tout dans un environnement encadré par huit psychiatres.

Au programme, des soins de balnéothérapie comme dans toute cure et des ateliers psycho-éducatifs animés par une psychothérapeute formée aux TCC (Thérapie Cognitivo- Comportementale) pour apprendre à

  • se relaxer,
  • apprivoiser ses émotions,
  • développer sa confiance,
  • diminuer les tranquillisants,
  • prévenir l’épuisement, etc.

Des entretiens individuels avec une psychologue sont également proposés.

Cures thermales : une nouvelle alternative contre le burn-out

Actuellement, à Saujon, deux tiers des curistes sont des femmes –plus touchées par les troubles anxio-dépressifs que les hommes- dont l’âge varie de 40 à 60 ans.

Dr Olivier Dubois : « Dans l’anxiété chronique et les dépressions d’épuisement qui lui sont souvent associées, on bénéficie aujourd’hui de deux grandes thérapeutiques, les médicaments dont on connaît les risques et les psychothérapies dont on connaît également les limites. De plus, ces approches ne se pratiquent qu’en ambulatoire. A côté, la médecine thermale représente une approche nouvelle, efficace, sans effet indésirable notable. L’eau est bienveillante. Elle nous porte, nous entoure, s’adapte à notre corps, nous enveloppe un peu comme une mère accueillante ».

Une cure remboursée par l’Assurance Maladie dure 21 jours. Coût : 650 euros. « Moins qu’une journée d’hospitalisation, selon le Dr Dubois, la prévention en plus ».

Sources

Entretien avec le Dr Olivier Dubois, psychiatre, médecin thermal et directeur des thermes de Saujon.

Conférence de presse « Tranquillisants, stress et fibromyalgie », organisée par l’Ecole thermale du stress de Saujon, le 12 octobre 2016 à Paris.

(1) Blasche G. : Association of spa therapy with improvement of psychological symptoms of occupational burnout, Forsch komplementmed 2010, 17:132-6

(2) Dubois O, et al. : Balneotherapy versus paroxetine in the treatment of generalized anxiety disorder, Complementary Therapies in Medicine (fév 2010) 18, 1-7

(3) Dubois O, et al. : Protocole psychoéducatif en cure thermale pour sevrage de benzodiazépines,  Annales Médico-psychologiques, Vol 173 - N° 6 - (juillet 2015) 525-530

(4) Etude réalisée par  l’unité d’épidémiologie et de biostatique Inserm Cic 1402 de l’université de Poitiers.

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