La femme enceinte en voyage

Grossesse et voyage : les situations à éviter
- Infrastructures médicales insuffisantes et/ou hygiène très précaire dans le pays du voyage.
- Zone touchée par le paludisme ou le virus Zika.
- Zone infestée par la fièvre jaune.
- Haute altitude (au-dessus de 1800 m).
- Les activités nécessitant des efforts physiques prolongés, le port de charges lourdes ou un risque élevé de chutes ou de traumatismes sont contre-indiquées pendant la grossesse, tout comme la plongée sous-marine.
- Certaines affections peuvent être potentialisées lors d'un voyage : cardiopathies, antécédent de maladie thromboembolique, anémie, placenta praevia (localisation anormalement basse du placenta), pathologies du col de l'utérus, etc.
Dans tous les cas et quelque soit le terme de la grossesse, il est vivement recommandé de demander son avis au gynécologue qui suit la grossesse.
Quand et comment voyager pendant la grossesse ?
La période la plus favorable pour voyager est le 2e trimestre de grossesse. Avant, il existe toujours un risque de fausse couche, nécessitant une prise en charge médicale rapide. De plus, de nombreux symptômes du 1er trimestre peuvent être accentués par un voyage ou peuvent venir le gâcher, notamment les nausées, les vomissements et la fatigue. Voyager au 3ème trimestre est possible si la grossesse se déroule normalement, mais la femme aura plus de mal à se déplacer et à supporter la chaleur. De plus, les longs trajets en voiture peuvent augmenter le risque d'accouchement prématuré. Le meilleur moyen de transport pendant la grossesse reste le train ou l'avion. En avion, il revient à chaque compagnie de décider du terme limite accepté. Sur Air France, les femmes enceintes peuvent voyager jusqu'au 7e mois de grossesse. Attention, en train comme en avion le risque thromboembolique est accru chez la femme enceinte lors des longs trajets. Il est donc impératif de porter des bas de contention, de boire beaucoup et de se lever régulièrement pour marcher dans le couloir. En cas d'antécédent thromboembolique, un traitement préventif anticoagulant est nécessaire durant le 3e trimestre et parfois conseillé durant le 2e trimestre.
Voyage et grossesse : l’hygiène alimentaire à respecter
Afin de prévenir de nombreuses maladies, telles que la diarrhée du voyageur (turista), certaines parasitoses, l’hépatite A, l’hépatite E ou la listériose, les conseils suivants devront être respectés :
- L’hygiène des mains devra être méticuleuse avant toute manipulation d’aliments.
- Dans des conditions où l’eau est rare, vous pouvez utiliser des solutions hydro-alcooliques.
- Pour la toilette et particulièrement le lavage des dents, il faudra utiliser de l’eau en bouteille ou de l’eau traitée.
- L’eau du robinet ne devra pas être consommée. Ne boire que de l’eau en bouteille ou de l’eau désinfectée.
- Peler, laver, cuire les fruits et les légumes. Éviter les fruits et légumes lavés avec de l'eau non potable.
- Ne consommer que le lait industriel et ses dérivés.
- Éviter la consommation d’un aliment qui n’a pas été bouilli, pelé ou cuit.
- Consommer uniquement la viande et le poisson qui sont bien cuits.
Voyage et grossesse : la trousse à pharmacie de base
- Du sérum physiologique pour nettoyer les plaies et les yeux,
- Un antiseptique (chlorhexidine), des compresses et des pansements pour tous les bobos,
- Du paracétamol contre la fièvre ou les douleurs,
- De l’arnica en granules en cas de coups ou de chocs,
- Un traitement homéopathique contre le mal des transports (Cocculine®),
- En cas de diarrhée, des pansement digestifs (Smecta®) et des comprimés antidiarrhéiques (lopéramide, à n’utiliser qu’en cas de nécessité au cours du 1er trimestre),
- Des sachets contre les brûlures d’estomac (Gaviscon®),
- Un anti-spasmodique (Spasfon®, Spasmocalm®) en cas de spasmes intestinaux ou de contractions utérines,
- Des comprimés contre les nausées et les vomissements (Vogalib®),
- Des laxatifs doux contre la constipation (macrogol ou lactulose),
- Une crème apaisante homéopathique pour les piqûres de moustiques (Dapis gel®),
- Une pommade contre les brûlures ou les coups de soleil (Biafine® ou Osmosoft®),
- Une bombe d’eau thermale, pour se rafraichir, apaiser et hydrater sa peau.
Si vous avez un traitement chronique, ne l’oubliez pas et munissez-vous aussi de vos ordonnances en cours. De même, si votre gynécologue vous a prescrit un complément alimentaire spécial grossesse (acide folique, Gestarelle G®, Feminabiane® ou autres), il est indispensable de le continuer pendant le voyage.
Voyager enceinte : attention au soleil
En voyage dans un pays chaud, afin d’éviter la déshydratation, il est conseillé de choisir des lieux climatisés, de réduire ses activités physiques, de boire plusieurs litres de liquide par jour et de porter des vêtements légers. La sensibilité au soleil étant augmentée pendant la grossesse, l’exposition solaire entraine un risque d’apparition d’un masque de grossesse qui disparaît généralement après l'accouchement. Pour éviter cela, il faudra utiliser des crèmes protectrices indice 50+, ne pas s’exposer au soleil entre onze et seize heures et porter un chapeau. Concernant le choix de la crème solaire, préférez celles à filtres minéraux, surtout si vous avez une peau très claire ou à tendance allergique. Il faudra se tartiner des pieds à la tête plusieurs fois dans la journée, surtout en cas de baignades ou de transpiration, en insistant bien le cas échéant sur la ligne brune du ventre. Les compléments alimentaires qui préparent la peau au soleil sont à éviter pendant la grossesse, sauf sur avis médical.
Par ailleurs, pensez bien à mettre des lunettes de soleil haute protection dès que vous sortez, pour protéger vos yeux qui sont fragilisés pendant la grossesse à cause du manque de larmes.
Une femme enceinte peut-elle se faire vacciner ?
Certains vaccins sont contre-indiqués pendant la grossesse. Ce sont les vaccins dits « vivants atténués », comme celui contre la rougeole-oreillons-rubéole (ROR), la varicelle, la fièvre jaune et le BCG. Les vaccins dits « inactivés » (hépatite A, typhoïde, méningite) ne sont pas recommandés, mais peuvent parfois être utilisés, si le vaccin apporte davantage de bénéfices que de risques vis-à-vis de ces maladies. Et enfin, les vaccins dits « tués inertes » comme celui contre la grippe ou le DTP (diphtérie- tétanos-polio), peuvent parfaitement être injectés aux femmes enceintes. Avant de voyager, il est donc recommandé de faire vérifier que ses vaccins sont à jour auprès de son médecin traitant et/ou de son gynécologue.
La protection contre les moustiques, le virus Zika et le paludisme
Pendant la grossesse, il est impératif de se protéger des attaques des moustiques, d’autant plus qu’il semblerait que les femmes enceintes soient plus attractives pour eux. Le principal risque des piqûres de moustiques est la transmission de maladies infectieuses, comme le paludisme ou le virus Zika. Les femmes enceintes doivent à tout prix éviter de voyager dans les zones à risque de paludisme ou de virus Zika, sauf raison majeure, car ces maladies peuvent entrainer de graves complications allant jusqu’à la mort du fœtus et/ou de la mère.
Quelque soit sa destination, pour lutter contre les piqûres d’insectes, il faudra porter des vêtements longs et/ou imprégnés de répulsifs et s’équiper d’une moustiquaire à mettre autour du lit. Certaines substances répulsives sont autorisées pour la femme enceinte, à raison de 3 applications quotidiennes maximum : l’IR3535 à une concentration de 20 % (Cinq sur cinq® famille) ou le KBR3023 à une concentration de 20 % (Insect écran® familles). Vous pouvez consulter les recommandations validées par le Ministère de la santé : http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/tableau_repulsif_recos_mars_2016.pdf. N’hésitez pas aussi à demander conseil à votre pharmacien.
En cas de départ pour les zones à risques de paludisme, il sera impératif de se renseigner auprès de son médecin traitant et/ou de son gynécologue. En effet, certains médicaments de prévention sont contre-indiqués pendant la grossesse mais les molécules suivantes peuvent être utilisées : chloroquine, proguanil, quinine et méfloquine. En cas de séjour dans un pays à risque, il faudra éviter de sortir en début et en fin de journée, moment où les moustiques sont les plus actifs.
Sources
Le Quotidien du médecin, 7 mars 2008.