Infarctus de la femme : un facteur génétique identifié

Un facteur génétique précis serait associé à une augmentation du risque de survenue de crises cardiaques atypiques chez les femmes. Explications.
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Elles touchent essentiellement des femmes en apparente bonne santé. Les formes atypiques d’infarctus du myocarde sont encore mal connues mais représenteraient pourtant un tiers des crises cardiaques survenant chez les femmes de moins de 60 ans. Les facteurs de risque classiques d’infarctus du myocarde comme la sédentarité, le tabagisme, le diabète, l’hypertension ou encore l’hypercholestérolémie sont le plus souvent absents. Mais un facteur génétique pourrait jouer un rôle important, selon un consortium de chercheurs français, britanniques et américains. Ainsi, dans une étude qu’ils publient le 7 janvier 2019 dans le Journal of the American College of Cardiology, ils montrent que la présence d’un facteur génétique particulier serait liée à un risque accru de développer une forme atypique d’infarctus du myocarde.

Déchirure de la paroi artérielle et facteur génétique

Ces formes d’infarctus atypiques sont causées non pas par une accumulation de lipides dans les artères coronaires (les artères situées autour du cœur et qui l’irriguent) comme dans les formes typiques de crises cardiaques, mais par une déformation d’une ou plusieurs de ces artères. Ces déformations sont dues à deux problèmes :

  • une dissection spontanée de l’artère coronaire (SCAD), c’est-à-dire une déchirure de la paroi de l’artère,
  • ou une dysplasie fibromusculaire (DFM), c’est-à-dire une croissance irrégulière des cellules de la paroi de l’artère.

Et les chercheurs avaient déjà remarqué qu’un facteur génétique situé sur le chromosome 6 était associé à un risque accru de plusieurs maladies vasculaires, dont la DFM. Ils ont donc voulu savoir si ce locus (la localisation précise d’un gène sur un chromosome) jouait un rôle dans la survenue d’infarctus atypique chez les femmes en passant au crible plusieurs études sur le sujet réunissant un total de 1 055 personnes atteintes de SCAD et 7 190 personnes "contrôles" sans maladie cardiovasculaire. Résultat : quand sur ce locus précis, une version particulière du gène appelée rs9349379-A est présente, le r isque de SCAD est plus élevé, et ce dans toutes les études analysées.

D’autres gènes et d’autres facteurs à découvrir

S’il s’agit de la première identification d’un facteur génétique apparemment lié au risque d’infarctus du myocarde, il semblerait que ce ne soit qu’une première pierre à l’édifice de la compréhension de ce phénomène. Ainsi, selon Nabila Bouatia-Naji, responsable de l’équipe Génétique de la physiopathologie des maladies artérielles de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) au centre de recherche cardiovasculaire de l’Hôpital européen Georges Pompidou et co-autrice de l’étude citée dans un communiqué de l’Inserm : "Il s’agit à l’évidence d’une maladie polygénique et multifactorielle qu’il faut étudier avec une approche plus globale afin de mieux comprendre la spécificité de la santé cardiovasculaire des femmes."

Prochaine étape : "établir une carte génétique exhaustive de ces maladies, et mettre en lumière les conséquences biologiques des facteurs génétiques associés" pour pouvoir in fine "mieux orienter les patients vers des traitements qui prennent en compte les spécificités de leur profil cardiovasculaire".

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Source : Association of the PHACTR1/EDN1 Genetic Locus With Spontaneous Coronary Artery Dissection, Adlam et al., Journal of the American College of Cardiology, 7 janvier 2019 
Mieux comprendre l’origine de l’infarctus au féminin, Communiqué de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 10 janvier 2019 
L’infarctus du myocarde, Fédération Française de Cardiologie, page consultée le 15 janvier 2019