Hypersensibilité au bruit : que faire ?
Le bruit, un mal moderne
Est-il encore possible d’écouter le silence quand on vit en milieu urbain ? La modernisation de la société a peut-être apporté un confort supplémentaire mais n’est pas de tout repos pour vos tympans. L’augmentation de la circulation, des habitations où l’isolation laissent à désirer, l’omniprésence d’une musique en bruit de fond qui a tendance à monter le volume rapidement… Les puristes du silence trouveront sans nul doute la résolution de leur équation bruyante en renouant avec la nature et en partant vivre à la campagne. Quoique, là aussi, les coqs et les oiseaux s’en donnent à cœur joie !
L’hyperacousie en question
Dans le langage médical, une hypersensibilité au bruit se nomme hyperacousie. « Elle concerne environ 2 % de la population, et la plupart du temps, elle s’accompagne d’une audition normale », rappelle Patricia Grévin, sophrologue et sophro-analyste de la Fédération Française de Sophrologie, spécialiste des acouphènes et de l’hyperacousie, auteur du livre J’ai des acouphènes aux Éditions Josette Lyon. L’hyperacousie est reconnue comme une pathologie ORL. « L’hyperacousie se définit comme une hypersensibilité aux sons de l’environnement d’une intensité jugée tout à fait acceptable par un sujet normal, souligne la sophrologue. Elle se traduit par une modification de la perception auditive sous forme d’une amplification ou d’une transformation des sons. La sensation peut aller du simple inconfort à une sensation douloureuse intolérable. »
Oreille aiguisée…« J’ai l’impression que tous les bruits sont décuplés, explique Sonia concernée par l’hyperacousie. Le son d’une télé même réglé sur un volume raisonnable, va vite être insupportable pour moi. » Si l’hyperacousie ressemble à un pouvoir de super héros, il n’en est rien. L’oreille interne des personnes possédant une hypersensibilité au bruit est certes plus performante, mais ne signifie pas pour autant qu’ils aient une meilleure ouïe. On peut être touché par une hyperacousie et souffrir de problèmes auditifs. « L’hyperacousie est aujourd’hui reconnue comme une pathologie ORL », rappelle Patricia Grévin. Elle pourra donc bénéficier d’une prise en charge adaptée pour trouver une solution à ce qui peut vite devenir un handicap au quotidien.Focus sonore…Le seuil de tolérance au bruit varie d’une personne à une autre. Il est aussi lié à son histoire personnelle qui va pointer du doigt certains bruits spécifiques. C’est notamment le cas dans le mécanisme de stress post-traumatique. Les personnes victimes d’attentat ou de violence physique risquent de sur réagir en cas de bruit un peu sec qui leur rappelle un souvenir pénible. Les bruits de voisinage sont également généralement mal perçus, car liés à un envahissement de son espace intime. On se sent agressé et pris en otage dans son propre intérieur. Le bruit peut vite devenir une obsession jusqu’à l’irrationnel, provoquant des tensions dans votre entourage. De l’hypersensibilité au bruit à l’hyperacousie, il n’y a qu’un pas…Le bruit peut nuire gravement à la santéL’hyperacousie est une vraie pathologie qui peut sérieusement entraver la qualité de vie. Souffrir du bruit au quotidien place dans un état de stress permanent qui finit par mener à l’épuisement et à ouvrir la porte à d’autres maladies. La priorité reste d’exprimer son ressenti pour avoir la sensation d’être entendu. Et il suffit parfois d’une bonne communication avec son entourage pour résoudre le problème. Le bruit est perçu comme une agression, qui génère parfois malheureusement des réactions violentes, faute de moyen d’expression. Le simple fait d’exprimer votre ressenti vous permet d’alléger votre perception du bruit et de trouver un terrain d’entente. La solution se trouve à la fois dans un changement de l’environnement bruyant, dans une évaluation médicale et un travail personnel.Une prise en charge pluridisciplinaireUn bilan ORL permettra de diagnostiquer une hyperacousie et de la différencier d’une simple sensibilité exacerbée au bruit. Des examens permettront de mesurer la gêne, voire le handicap, perçue au quotidien. Le traitement proposé peut reposer sur plusieurs niveaux. « Par la mise en place d’un protocole avec le port de bruiteurs en étroite collaboration entre le médecin ORL et l’audioprothésiste. Par une prise en charge psychologique de type sophrologie ou thérapie cognitive et comportementale. », note la sophrologue. Le soulagement et un retour à une perception « normale » du bruit survient généralement sur une période de six mois.Echelle de décibelsLe volume sonore s’exprime en décibels. Une mesure qui permet de quantifier l’intensité sonore des bruits qui nous entourent. La musique écoutée à fond au casque représente ainsi en moyenne 100 décibels. Un bruit d’aspirateur représente en moyenne 70 décibels et celui d’une conversation environ 60 décibels. Une exposition prolongée dans un environnement sonore à plus de 90 décibels représente un risque pour l’audition. Le seuil de tolérance au bruit des personnes souffrant d’hyperacousie est plus bas que la moyenne.Je bouquine…J’ai des acouphènes, de Patricia Grévin, Éditions Josette Lyon, 16 €.Un petit guide pratique qui traite les acouphènes et l’hyperacousie pour expliquer le phénomène et proposer des solutions pour sortir de l’impasse.Je surfe sur…
Sophrologie-acouphène : www.sophrologie-acouphene.com
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