HPV positif : quels sont les risques ?

Frottis ASCUS et test HPV positif : c'est l'inquiétude car le papillomavirus humain qu’il permet de détecter est toujours associé au cancer du col de l’utérus. Mais quels sont réellement les risques encourus par une personne porteuse d’un HPV ? Quelle est la différence entre un test HPV et un frottis gynécologique ? E-santé vous répond, avec les explications de la docteure Odile Bagot, gynécologue.
© Adobe Stock
Sommaire

Test HPV positif : qu’est-ce que cela signifie ?

Avant toute chose, il faut savoir que HPV signifie Human Papillomavirus (ou Papillomavirus humain en français). Les papillomavirus constituent une grande famille de virus universellement répandus : "Toute personne qui a eu des rapports sexuels a été en contact avec un HPV", constate la docteure Odile Bagot, gynécologue. Chez les femmes, lorsqu’ils sont présents au niveau génital et gynécologique (sur la vulve, le vagin et le col de l’utérus), ils ne donnent le plus souvent aucune manifestation, mais dans certains cas ils sont responsables de l’apparition de condylomes, aussi appelés verrues génitales et de la survenue d’un cancer du col de l’utérus.

"Le problème n’est pas d’être porteur du HPV mais que celui-ci persiste"

Mais attention : être porteur d’un HPV, même au niveau gynécologique, ne signifie qu’exceptionnellement que l’on va développer un cancer. En effet, "seulement certains types de HPV sont oncogènes, autrement dit cancérigènes, mais seulement à condition de persister longtemps sans être dépistés" précise la gynécologue. Dans ce cas, "s’ils ne guérissent pas spontanément ou s’ils ne sont pas pris en charge à temps, les HPV pourront faire le lit du cancer du col de l’utérus" nous explique Odile Bagot. "Le problème n’est donc pas d’être porteur d’un HPV mais que celui-ci persiste dans le temps, ce qui se produit dans environ 10% des cas" détaille la spécialiste. Car lorsqu’il reste présent au niveau du col de l’utérus, le virus risque d’altérer les cellules du col et de créer des "dysplasies" qui sont des lésions des cellules pouvant conduire à l’apparition d’un cancer.

Ce sont ces dysplasies que le frottis cervico-vaginal permet de détecter, sans renseigner obligatoirement sur la présence du HPV, tandis que, a contrario, le test HPV détecte la présence ou non du virus sans information sur d’éventuelles lésions du col utérin.

Frottis ASCUS : la seule indication en France du test HPV

En France, le dépistage du cancer du col de l’utérus s’appuie principalement sur le frottis qui détecte les anomalies cellulaires du col induites par le HPV. "L’école anglo-saxonne, à l’inverse, favorise les tests HPV qui consistent en l’introduction d’un écouvillon dans le vagin qui sera analysé par une machine permettant de dire s’il y a ou non présence d’un HPV" observe la docteure Odile Bagot. "Un test HPV positif conduit ensuite vers la réalisation d’un frottis du col de l’utérus. Mais comme le HPV est très fréquent, beaucoup de femmes vont être alarmées alors que leur frottis sera normal dans 90% des cas, malgré la présence du virus" ajoute la gynécologue.

Dans notre pays, les recommandations officielles limitent la réalisation d’un test HPV à un seul cas : "Lorsqu’une femme présente un frottis dit 'ASCUS', c’est-à-dire des cellules du col de l’utérus atypiques de signification indéterminée. Si le test HPV est négatif, cela signifie que le frottis était normal. S’il est positif, la recommandation de la Société Française de Colposcopie oriente vers la réalisation d’une colposcopie, un examen consistant à mettre des réactifs au contact du col afin de localiser et évaluer la gravité de la lésion" détaille Odile Bagot. Car lorsque le frottis ne donne qu’une idée de ce qu’il se passe à la surface du col de l’utérus en ramassant les cellules qui s’en détachent, "la colposcopie, de son côté, crée une sorte de carte géographique qui va localiser et caractériser précisément la lésion", relève la gynécologue.

Et la lésion ainsi identifiée peut être plus ou moins avancée : légère, modérée, sévère, cancer in situ ou cancer. Selon le résultat de la colposcopie, un suivi régulier, la réalisation d’une biopsie ou un traitement seront mis en place. Une lésion légère pourra ainsi faire l’objet d’un suivi rapproché à 6 mois ou 1 an. En effet, le délai qui s’écoule entre une primo-infection à un HPV oncogène et la déclaration d’un cancer in situ du col de l’utérus peut aller jusqu’à 10 ans. "C’est aussi pour cela qu’en France, les recommandations officielles tablent sur un frottis tous les trois ans seulement. Car si le frottis est correctement réalisé, la dysplasie est détectée et le risque de développer un cancer dans un court intervalle de trois ans après un frottis normal est proche de zéro" relève la docteure Odile Bagot.

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.

Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Source : Merci à la docteure Odile Bagot, gynécologue à Strasbourg et auteure des ouvrages Dico des nanas et Dico des femmes enceintes (Hachette Pratique) sous le pseudo Mam Gynéco.
Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale, site consulté le 30 octobre 2018
Conduite à tenir devant une femme ayant une cytologie cervico-utérine anormale – Recommandations et référentiels de l’Institut national du Cancer (Inca), janvier 2016 
La vaccination contre les infections liées aux papillomavirus humains (HPV) pour prévenir le cancer du col de l’utérus. Institut national du cancer (Inca), mis à jour le 20 août 2018