Génétique et maladies cardiovasculaires

Le siècle qui débute sera celui de l'émergence de la génétique dans la compréhension et la prise en charge des maladies cardiovasculaires. Il est probable que bientôt, on pourra dès le plus jeune âge, en prélevant quelques gouttes de sang ou de salive, déterminer grâce à une véritable carte à puce génétique si l'on a ou non un surcroît de risque de développer une hypertension artérielle, une hypercholestérolémie, un infarctus du myocarde, une phlébite ou une embolie pulmonaire, un diabète, un cancer du colon, du sein, de l'ovaire… On peut imaginer les implications potentielles en terme de prévention, soit par une simple prise en charge hygiéno-diététique (alimentation, vitamines, tabac), soit par l'utilisation de médicaments spécifiques.
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La formation du caillot : un phénomène lié au patrimoine génétique

On sait aujourd'hui que des mutations sur des gènes codants pour certaines protéines de la coagulation entraînent un surcroît de risque de formation de caillots dans les artères (risque d'attaque cérébrale ou d'infarctus du myocarde si le caillot se forme dans les artères coronaires) ou dans les veines (avec un risque de phlébite lorsque le caillot se forme dans les veines des jambes et d'embolie pulmonaire lorsqu'il obstrue un vaisseau des poumons), phénomène responsable d'affections fréquentes et potentiellement mortelles. Or, si certaines de ces mutations sont assez rares, d'autres sont très fréquentes (mutation sur le facteur V de Leiden par exemple) et touchent donc un fort pourcentage de la population. De plus, parfois associées entre elles, elles sont hautement dangereuses. S'il n'existe pas encore de traitement spécifique de ces défauts génétiques, on conçoit qu'un traitement médical par anticoagulants à prendre quotidiennement puisse alors s'avérer bénéfique.

Tout le monde n'est pas égal devant le risque d'infarctus

On sait depuis longtemps que les hommes font plus d'infarctus que les femmes, ceci en raison du caractère cardiovasculaire protecteur des hormones féminines. On sait également que les principaux autres facteurs de risques cardiovasculaires sont le stress, la sédentarité, l'obésité, le tabagisme, l'hypertension artérielle et l'hypercholestérolémie, tous des phénomènes contre lesquels on peut lutter. Or, si la surcharge en graisses circulantes dans le sang est bien sûr en partie liée aux ingestions alimentaires, elle est très souvent liée en grande partie à l'existence d'un défaut de fabrication d'un récepteur situé sur les cellules du foie et qui capte le mauvais cholestérol circulant (le LDL-cholestérol, celui qui va se déposer sur les parois artérielles pour former la plaque d'athérome); en conséquence, le LDL va s'accumuler dans le sang, se déposer dans les parois artérielles et entraîner toutes les complications de l'athérosclérose (angine de poitrine, artérite des membres inférieurs, accident vasculaire cérébral…). Or, ce déficit est génétiquement déterminé, expliquant pourquoi il existe souvent des antécédents d'infarctus ou d'hypercholestérolémie chez les sujets ayant une anomalie lipidique lors de la prise de sang. Dans les formes les plus graves de ces maladies (hypercholestérolémie homozygotes) qui touchent l'enfant chez lequel le récepteur est totalement absent, le cholestérol se dépose dans les tissus (peau, artères, articulations) et entraîne des infarctus très tôt dans la jeune enfance. Il s'agit d'une des premières affections pour laquelle une thérapie génique, administration du gène normal correspondant au gène défectueux, a été tentée. Le plus souvent, le déficit n'est cependant que partiel et un traitement médical (en plus du régime) permet de contrôler la situation. Mais d'autres paramètres génétiques entrent en compte. Certaines mutations sur des gènes impliqués dans l'hypertension artérielle humaine par exemple (gène codant pour l'enzyme de conversion de l'angiotensine) sont beaucoup plus fréquentes chez les patients ayant fait un infarctus du myocarde (même en l'absence d'hypertension).

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