Elle meurt à 17 ans d’un syndrome du choc toxique causé par son tampon

Maëlle, une jeune fille de 17 ans, a été emportée par un syndrome du choc toxique causé par son tampon hygiénique. Sa mère Laurence s’est confiée sur ce terrible drame afin que d’informer les femmes sur cette maladie rare mais mortelle.
Choc toxique : les médecins ont d’abord pensé à une gastro-entérite
L’adolescente, habitante de Somzée (Belgique), est rentrée chez elle le lundi 6 janvier 2020 après sa séance de sport en se sentant patraque. Sa maman raconte sur les réseaux sociaux “Vers 10 heures du soir, les symptômes ont commencé : fièvre, vomissements. Le médecin de garde, cinq heures après, a diagnostiqué une gastro. Maëlle a passé la journée de mardi à la maison et, vu que ça n’allait pas mieux, que la fièvre montait et qu’elle faisait des chutes de tension, on a fini par appeler une ambulance dans la nuit de mardi à mercredi. Au premier hôpital, on a aussi diagnostiqué une gastro”.
Maëlle souffre également de déshydratation sévère. Elle est alors envoyée aux soins intensifs d’un autre établissement. “ Il a fallu attendre qu’elle soit prise en charge par un second hôpital pour qu’ils détectent que c’était un choc toxique”, explique la maman endeuillée.
Malheureusement, une fois le bon diagnostic posé, les médecins ne parviennent pas à sauver Maëlle de ce choc gravissime responsable d'amputation et septicémie.
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Elle connaissait le danger du syndrome du choc toxique
Laurence assure que sa fille connaissait cette maladie des règles provoquée lors du port d’un tampon. Elle a expliqué au journal La Nouvelle Gazette, “Elle était même informée sur le sujet, elle était très soucieuse de sa santé. Elle connaissait le danger, et était doublement vigilante”.
Et compte tenu de ce savoir sur la maladie, la jeune fille a rapidement compris la gravité de son état en apprenant qu’elle souffrait d’un syndrome du choc toxique. Sa mère se rappelle “quand le diagnostic est tombé, elle savait. Elle m’a dit : ‘Ça, maman, on ne s’en sort pas.”
Parler de la mort de Maëlle pour une meilleure information
Après le décès de leur fille, la maman de Maëlle s'est donnée pour mission d’éviter à d’autres familles de vivre le même drame. Laurence explique son combat pour mieux faire connaître le syndrome du choc toxique “je veux informer pour que ce que nous avons vécu ne puisse plus arriver. Je vais dans les écoles, les centres de plannings ; je communique dans les médias” pour que "le décès de Maëlle, puisse en éviter d’autres".
La maman souhaite aussi que les professionnels de la santé soient mieux armés face à cette maladie "j’aimerais sensibiliser le monde médical, pour que tout le monde puisse garder le diagnostic possible d’un choc toxique à l’esprit. La plupart des médecins nous disent qu’ils ne sont pas au courant et que ça arrive rarement… mais c’est quand même arrivé à ma fille, et un membre du personnel des soins intensifs, m’a dit que ce n’était pas si rare que cela" a-t-elle expliqué à RTBF.
Lors de son entretien avec La Nouvelle Gazette, elle a assuré ne pas condamner le personnel du premier hôpital. Toutefois, elle réclame la levée des tabous sur les cycles menstruels “Ça devrait être une question automatique, toute simple : est-ce que vous utilisez des tampons ? Il faut que le corps médical pense à cette possibilité de choc toxique. Et il faut que les femmes aussi soient informées. Parce que non, ça n’arrive pas qu’aux autres.”
Syndrome du choc toxique : qu’est-ce que c'est ?

Le syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel est lié à une toxine de la bactérie staphylocoque doré. Ce germe, présent le plus souvent naturellement sur la peau sans qu'il y ait de conséquence, libère cette toxine dans certaines circonstances comme le port prolongé d'un tampon ou même d’une coupe menstruelle.
Les bactéries se mettent - sans que l’on sache pourquoi - à proliférer lors de la stagnation du sang des règles. La toxine libérée dans l’organisme peut attaquer différents organes comme le foie, les reins ou les poumons.
Syndrome du choc toxique : quels sont les symptômes ?
Dans un premier temps, les signes d’un syndrome du choc toxique font penser à ceux de la grippe :
- un sentiment de malaise (avec hypotension) ;
- des vomissements ;
- des diarrhées ;
- des maux de tête ;
- une fièvre élevée soudaine (plus de 38,9 degrés).
Puis une éruption érythémato-squameuse - c'est-à-dire des plaques rouges avec de petites peaux qui se décollent - apparaît. Il s’agit d’un signe important de la pathologie.
Malgré le drame récent, la maladie est rare au vu des millions de porteuses de tampons. Toutefois, si elle se déclenche, elle demande une prise en charge rapide. Elle entraîne un risque de septicémie et de décompensation cardio-vasculaire.
Syndrome du choc toxique : que faire si la maladie se déclare ?
Les femmes qui présentent les signes d’un syndrome du choc toxique doivent avoir le réflexe d’enlever le tampon ou la coupe menstruelle qui bloque l’écoulement du sang. Il faut ensuite consulter en urgence si les symptômes persistent. Des antibiotiques pourront être prescrits pour détruire la bactérie.
Les scientifiques n’ont pas encore déterminé pourquoi certaines femmes développent ce syndrome alors que des milliers d'autres porteuses saines du staphylocoque doré ne connaîtront jamais de soucis. Toutefois, l’étude des cas montre que le syndrome du choc toxique touche davantage les femmes jeunes (14 à 24 ans). En 2017, l'âge médian des patientes était de 21,7 ans.
Syndrome du choc toxique : comment l’éviter ?
Pour éviter de faire un syndrome du choc toxique pendant ses règles :
- Il faut changer régulièrement ses protections intravaginales. Il faut ainsi enlever son tampon ou vider la coupe menstruelle toutes les 4 heures.
- Il est préférable aussi de ne pas porter de tampons la nuit (afin de dépasser le temps maximal recommandé).
- Il faut avoir une bonne hygiène intime et des mains. Par conséquent, lavez-vous les mains au savon avant et après avoir manipulé un tampon ou une cup menstruelle.
Par ailleurs, le Centre Hospitalier Universitaire de Lyon recommande d’éviter de porter des tampons hyper absorbants et leur préférer les modèles classiques qui impliquent un changement plus fréquemment.
Sources
La maman de Maëlle, victime d'un "choc toxique" à cause de son tampon: "Cela ne doit plus jamais arriver", RTBF, 13 janvier 2020
Maëlle, 17 ans, morte d’un «choc toxique» à cause d’un tampon, La nouvelle gazette, 12 janvier 2020