Le doute officiel a effondré la politique vaccinale française contre l'hépatite B

Disponible depuis 1981, la vaccination contre l'hépatite B a permis de réduire la survenue des nouveaux cas d'Hépatites B de 21 à 6 pour 100.000 habitants (entre 1991 et 1996). Le suivi sur 10 années (89-98) confirme la non responsabilité du vaccin dans les cas de sclérose en plaque qui lui avaient été imputés.

L'hépatite B est une maladie redoutable soit parce qu'elle peut être "fulminante" et détruire le foie en quelques jours, soit parce qu'elle peut devenir chronique dans 5% des cas et expose à des cirrhoses ou à des cancers du foie. De transmission sexuelle ou sanguine, il était devenu fondamental de vacciner les populations à risque à savoir les personnels médicaux (exposés au sang) et les adolescents qui découvrent leur vie sexuelle. Vacciner les adolescents n'étant pas toujours évident, l'Etat avait décidé de rajouter le vaccin contre l'hépatite B aux autres vaccins obligatoires. Cette politique a été efficace car les nouveaux cas ont été divisés par 3,5 en une dizaine d'année.

Les effets pervers du doute

Cependant, pendant la même période, le vaccin a été mis en cause dans la survenue de quelques cas de scléroses en plaques et le doute s'installait (la sclérose en plaque est une maladie qui détruit la myéline, substance qui emballe et protège nos cellules nerveuses, les neurones. Des déficits neurologiques surviennent alors en poussées inflammatoires). La crise de confiance fut maximale quand l'Etat, contre l'avis de l'AFEF (l'Association Française pour l'Etude du Foie, la société savante réunissant tous les hépatologues français) décida de dédommager quelques cas de scléroses en plaques en envisageant la responsabilité du vaccin. De cette date, le taux de vaccination des enfants chuta de plus de moitié, le doute étant très paralysant.

Le suivi des patients vaccinés et des cas de sclérose en plaque devenait essentiel. Concrètement, entre 1989 et 1998, 187 cas ont été recueillis chez les 10 millions de patients vaccinés avec le vaccin GenHevac (10.289.900 précisément). Ceci correspond au taux habituel de survenue des cas de sclérose en plaque, ce qui confirme que le vaccin n'augmente pas le nombre des nouveaux cas. A noter: les enfants en dessous de 8 ans ne sont jamais concernés.

On ne peut donc que déplorer le manque de courage politique qui a prévalu dans cette affaire, la baisse de la vaccination contre l'hépatite B ne créant pas de troubles publics à court terme, alors que les cas de cancers du foie n'exploseront que dans la prochaine décennie. Mais ces nouveaux malades ne pourront pas se plaindre: ils étaient libres de se vacciner (eux ou leurs parents)…

Il faut vacciner les enfants

En pratique, il faut vacciner les enfants en appliquant le plan vaccinal (voir le lien vers le site de l'Institut de Veille Sanitaire) et pousser les adolescents non vaccinés à le faire. L'été, rappelons-le, est une période particulièrement risquée, et il n'est pas trop tard pour une première vaccination. Rappelons leur aussi que l'hépatite B n'est pas la seule maladie à craindre: le sida existe toujours, de même que quelques maladies infectieuses silencieuses à court terme mais redoutables plus tard (clamydioses et stérilités tubaires, virus herpes). Le préservatif est donc toujours nécessaire pour les rapports occasionnels.

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Source : Soubeyrand B. Presse Med 2000 ; 29 : 775-80