Démence : la graisse du ventre augmente les risques des femmes de plus de 50 ans

Faire attention à sa ligne n’est pas qu’une vaine préoccupation des sessions “bronzage” estivales. Cela préservera aussi vos souvenirs et votre autonomie. Une étude, menée par des chercheurs de l’institut d’épidémiologie et santé de l’University College de Londres, montre que la graisse du ventre est liée une hausse des risques de démence.
Graisse abdominale : elle augmente les risques de démence
L’obésité est associée à un risque de démence jusqu’à 15 ans plus tard. Les personnes avec un surpoids important (IMC supérieur à 30) sont 31% plus susceptibles de développer des troubles comme la maladie d’Alzheimer que celles ayant une corpulence normale (IMC compris entre 18,5 et 25). L’équipe s'appuie sur les données de 6 582 personnes âgées de plus de 50 ans participant à une étude longitudinale britannique sur le vieillissement pour parvenir à cette conclusion.
De plus quand on prend en compte l’IMC et le tour de taille, les participants obèses affichaient une hausse des risques d’avoir une démence de 28% quel que soit leur sexe.
Le Dr Dorina Cadar, responsable de la recherche, explique : "ces résultats fournissent de nouvelles preuves que l'obésité peut avoir des implications importantes en termes de risque de démence. L'IMC et le tour de taille doivent être surveillés pour éviter les dérèglements métaboliques. Par conséquent, il est recommandé de réduire le poids à des niveaux optimaux en adoptant des modes d'alimentation sains et équilibrés, comme le régime méditerranéen, des exercices physiques appropriés et une consommation d'alcool réduite tout au long de la vie adulte. "
Graisse du ventre et démence : les femmes sont plus à risque
Si avoir de la graisse au niveau du ventre semble être un facteur de risque assez conséquent de développer des troubles des capacités cognitives (perte ou réduction) chez les seniors, il est encore plus marqué chez la gent féminine.
La recherche montre, en effet, que les femmes de plus de 50 ans souffrant d’obésité abdominale font face à un risque accru de démence de 39% au cours des 15 prochaines années.
twitter.com/uclnews/status/1275720129897267200
Obésité et démence : comment expliquer le lien ?
Selon de précédents travaux scientifiques, l'obésité pourrait entraîner un risque accru de démence à cause de son influence directe sur les cytokines (protéines de signalisation cellulaire) et les hormones dérivées des cellules graisseuses, ou indirectement en raison des problèmes vasculaires qui en découlent. Certains chercheurs ont également suggéré que l'excès de graisses corporelles pouvait augmenter le risque de démence par des voies métaboliques et vasculaires qui contribuent à l'accumulation de protéines amyloïdes ou à la formation de lésions dans le cerveau.
L'étudiant Yuxian Ma, premier auteur de l'étude, ajoute "Il est possible que l'association entre l'obésité et la démence soit le résultat d'autres conditions non explorées dans l’étude comme l'hypertension ou les traitements anticholinergiques. La question est de savoir s'il existe un effet entre l'obésité et d'autres facteurs de risque de la cinquantaine, tels que l'hypertension, le diabète et la présence du gène APOE ε4. Une possible relation sera étudiée dans des travaux à venir. "
Le professeur Andrew Steptoe ajoute “"En identifiant les facteurs susceptibles d'augmenter le risque de démence, influencés par le mode de vie, nous espérons qu'une partie substantielle, mais certes pas la totalité, des cas de démence pourraient être évités grâce à des interventions de santé publique." Elles pourraient en effet mettre en avance l'importance de lutter contre sa graisse abdominale pour réduire se protéger des maladies neurodégénératives.
Maladie d'Alzheimer : les signes qui doivent vous alerter

La maladie d’Alzheimer est une pathologie dégénérative qui conduit à la destruction des neurones et provoque à terme des troubles cognitifs et mentaux importants. Selon Alzheimer's Association, cette pathologie représente 50 à 80 % des cas de démence. Ce trouble est rare avant 65 ans. Toutefois avec l'âge, la fréquence augmente pour atteindre 15% de la population à 80 ans.
Les signes d’alerte de la maladie d'Alzheimer sont :
- les pertes de mémoire qui perturbent le quotidien : il s’agit d’un des symptômes les plus fréquents. Dans un premier temps, cela concerne surtout les informations apprises récemment comme oublier des dates, des rendez-vous... ;
- les difficultés à planifier ou résoudre les problèmes comme avoir des difficultés à suivre une recette ;
- des problèmes à réaliser des tâches connues : conduire, gérer son budget… ;
- les confusions avec le temps ou les lieux ;
- les difficultés à comprendre les images ou l’espace : mal à lire, à évaluer les distances, évaluer les couleurs… ;
- buter sur des mots ou expressions courantes ;
- perdre des objets : oublier ses clés, ne plus savoir où est garé la voiture ;
- un jugement amoindri : accepter des achats très onéreux, être mal habillé ;
- une diminution des relations et activités sociales ;
- des changements de l’humeur ou de la personnalité : les malades peuvent devenir confuses, soupçonneuses, déprimées, craintives ou anxieuses.
Démence : les autres troubles que la maladie d'Alzheimer

Si la maladie d’Alzheimer est un des troubles neurodégénératifs les plus connus, elle n’est pas la seule forme de démence. Plusieurs pathologies peuvent être à l’origine des pertes cognitives, de mémoire et d’autonomie.
Les démences dégénératives
Elles sont liées à la mort des neurones :
- La démence frontotemporale : ce sont les lobes frontaux et temporaux du cerveau qui sont touchés. Cette pathologie se caractérise par des troubles du comportement comme une perte des inhibitions.
- La démence à corps de Lewy : il s’agit de la seconde démence neurodégénérative après la maladie d'Alzheimer. Des protéines, appelées alpha-synucléine, s’installent à l’intérieur des cellules cérébrales. Outre des symptômes semblables à ceux de la maladie de Parkinson (tremblement au repos, rigidité, ralentissement des mouvements, etc), les patients peuvent souffrir d’hallucinations visuelles et de troubles intellectuels.
- La maladie de Creutzfeldt-Jakob : liée à la présence de prions dans le cerveau, elle peut rester latente pendant des années. Néanmoins, lorsqu’elle se déclare, la dégénérescence des fonctions est rapidement.
Les démences non dégénératives
Par ailleurs, les neurones du cerveau sont susceptibles aussi d'être détruits par des pathologies non-neurologiques comme les maladies cardiovasculaires (AVC répétés), un alcoolisme chronique (syndrome de Korsakoff), l’hypothyroïdie et certaines carences en vitamines (vitamine B1 ou thiamine, vitamine B12).
Sources
Obesity linked to higher dementia risk, Eurekalert !, 23 juin 2020
10 signes et symptômes de la maladie d'Alzheimer, Alzheimer's Association
Maladie d'Alzheimer, Inserm, 8 janvier 2019