Comment ne plus avoir les dents jaunes

Le sourire, c'est une des premières choses que l'on présente aux autres. Et c'est aussi une source de complexe au sein de la population française. Au cœur des préoccupations, notamment, la couleur des dents.
"Vous êtes la troisième personne à m'en parler depuis ce matin", sourit le Dr Christophe Lequart, chirurgien-dentiste et porte-parole de l'Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire (UFSBD). De fait, une personne sur deux pense que des dents jaunes constituent le pire défaut d'un sourire (1).
De plus, selon une enquête réalisée par OpinionWay pour la marque de soins dentaires Regenerate en août 2018, les trois quarts des Français pensent qu'afficher de belles dents est aussi important qu'avoir une jolie peau ou même une belle silhouette (71%) et une coupe de cheveux (69%). Par ailleurs, plus d'une personne sur 4 a reconnu ne pas oser sourire par peur de dévoiler leurs quenottes et d'être jugée.
A ce sujet, l'inquiétude est donc récurrente, mais nous ne sommes pas toujours bien armé.e.s pour y faire face. E-Santé a donc décidé de faire le point sur les différentes stratégies disponibles contre les dents jaunes.
Dents : 2 formes de coloration
Il faut d'abord savoir qu'il existe deux grands types de coloration de la dent. Lorsqu'elle est externe, les habitudes de vie sont à mettre en cause (brossage irrégulier, consommation d'aliments ou de boissons tachants…).
Si elle est interne, "il s'agit de la couleur propre de la dent", indique le Dr Lequart. Celle-ci va naturellement évoluer avec l'âge, avec une tendance à jaunir. Et pour cause : l'émail a tendance à s'affiner, fruit de l'accumulation des brossages et des repas. "Cela révèle la dentine, qui se colore en vieillissant", explique le spécialiste.
Hormis le vieillissement, peu de facteurs sont susceptibles de modifier la coloration interne de la dent. Au rayon des médicaments, seules les tétracyclines, une classe d'antibiotiques, a un tel effet. "On ne les prescrit pas chez la femme enceinte ou les jeunes enfants, car la coloration est ensuite difficile à traiter", souligne le chirurgien-dentiste.
Détartrer et polir
La première arme contre le jaunissement des dents est bien connue de la population. Il s'agit du détartrage, suivi d'un polissage.
Lors d'un détartrage, le dentiste ou parodontiste retire le tartre collé sur la racine et la couronne des dents. L'acte consiste à éliminer le biofilm bactérien (plaque dentaire) présent qui s'est calcifié au contact de la salive et du temps. "Cela permet d'éliminer facilement la coloration externe déposée sur la surface de l'émail", ajoute Christophe Lequart.
Il est recommandé d'effectuer au moins un détartrage par an. Il est remboursé par l'Assurance maladie.
Brosser deux fois par jour
Une fois ce "décrassage" effectué, il est essentiel d'entretenir soigneusement sa dentition. Pour cela, la règle de base ne change pas : un brossage deux fois par jour à raison de deux minutes, avec un dentifrice fluoré.
"La brosse à dents électrique limite mieux l'installation d'une coloration de surface que la brosse à dents manuelle", conseille le chirurgien-dentiste. Son action serait, en effet, plus efficace pour éliminer les agents qui tâchent l'émail dentaire.
"Il existe aussi des brossettes spéciales, y compris sur les brosses manuelles, avec des particules siliconées qui sont mélangées au poil", ajoute le porte-parole de l'UFSBD. Un ajout qui permettrait de mieux éliminer les agents tachants.
Les dentifrices à choisir
En entretien, il est aussi possible d'opter pour un dentifrice dit "blancheur". Sauf qu'une fois en supermarché ou en parapharmacie, difficile de savoir à quelle marque se fier… Il faut dire que les rayons regorgent de références promettant chacune des résultats miraculeux.
Mais au fait, comment fonctionnent ces dentifrices ? "Ils sont plus riches en silice, l'agent polissant qu'on retrouve dans tous les dentifrices, explique Christophe Lequart. On y trouve aussi, en plus, du bicarbonate micro-pulvérisé."
Autrement dit, le grain de ce produit d'entretien est plus bien fin que celui qu'on trouve dans notre cuisine. "C'est important, car cela signifie qu'il a un effet polissant sur la dent, et non un effet abrasif", précise le chirurgien-dentiste.
La plupart de ces dentifrices peuvent être utilisés sur une base quotidienne, dans la mesure où ils contiennent du fluor, qui protège nos dents contre les caries. Attention toutefois à ne pas commettre d'impair : certaines marques sont particulièrement riches en silice.
Une fréquence d'utilisation maximale sera alors indiquée sur l'emballage. "Les utiliser trop souvent pourrait user prématurément l'émail", avertit le porte-parole de l'USBD.
Les dentifrices à fuir
Gare, toutefois, aux produits "trop beaux pour être vrais". Aucun dentifrice ne permettra de blanchir artificiellement la dent. Des illusions d'optique sont toutefois proposées par plusieurs gammes.
"Certains dentifrices vont avoir pour effet de colorer la gencive en rouge, donc d'augmenter le contraste avec les dents pour les faire paraître plus blanches, illustre le Dr Christophe Lequart. Certaines personnes peuvent être allergiques à ce colorant."
D'autres références déposent une pellicule siliconée sur l'émail, le faisant paraître plus blanc et étincelant. Un effet temporaire et purement optique.
Éviter les dentifrices au charbon-actif
Si la mode est au charbon-actif, les dentifrices utilisant ce produit ne sont, pour le moment, pas recommandés par les dentistes. Et cela pour plusieurs raisons. "Aux États-Unis, deux sociétés savantes ont réalisé une revue de la littérature à ce sujet. Elles n'ont pas conclu à une efficacité clinique", indique Christophe Lequart.
Par ailleurs, ils ne contiennent, souvent, pas de fluor, mieux vaut donc les éviter et rester fidèle aux références disponibles en supermarché ou en parapharmacie.
Selon une étude réalisée par l'école dentaire de l'Université de Manchester en mai 2019, les dentifrices au charbon sont des "gadgets marketing" : aucune preuve scientifique n'indique qu'ils sont anti-bactériens, anti-fongiques comme le vantent leurs fabricants. Ils peuvent aussi créer des complications sont le Dr Joseph Greenwall-Cohen, coauteur de la recherche britannique. Il expliquait dans son article "quand le dentifrice est utilisé trop souvent par des personnes ayant des plombages, il peut y pénétrer et être difficile à extraire" et ajoutait "Les particules de charbon peuvent aussi se mettre dans les gencives et les irriter".
Attention au fait-maison
Face à tous ces produits artificiels, on pourrait être tenté de fabriquer son propre dentifrice. Ce qui n'est pas forcément une bonne idée, selon Christophe Lequart. De nombreuses astuces s'avèrent, en réalité, désastreuses pour la santé dentaire.
"Le jus de citron est très acide et déminéralise l'émail des dents, explique le chirurgien-dentiste. Il paraît plus blanc uniquement parce qu'il est abîmé." Le brossage qui survient derrière ne fait qu'aggraver le phénomène : il supprime les couches de l'émail, qui ne repousse pas.
Le recours au bicarbonate de soude, souvent vanté pour ses mérites, n'est guère plus intéressant. "Son grain est trop épais, il a un effet abrasif plutôt que polissant", déplore le spécialiste. L 'association jus de citron/bicarbonate est à éviter absolument. L'argile, souvent utilisée dans les dentifrices-maison, pose un problème similaire : au lieu de polir la dent, elle a tendance à l'attaquer.
Limiter les boissons qui tâchent
Vin rouge, thé, café, sodas… Nous connaissons bien les boissons qui tachent nos dents. Et nous savons aussi à quel point il peut être difficile de s'en passer. Afin de les savourer sans tacher ses dents, le Dr Christophe Lequart recommande un geste simple.
"Il faut rapidement boire un verre d'eau pour éliminer une partie des tanins, indique-t-il. Cela fonctionne comme pour votre tasse ou votre verre : si vous attendez 10 minutes, il faudra frotter pour éliminer les tâches."
Du rouge à lèvres pour blanchir les dents
Pour augmenter le contraste avec vos dents, vous pouvez aussi choisir de porter du rouge à lèvres. "C'est un geste simple que fera paraître votre dentition plus blanche", confirme le Dr Lequart.
Les règles d'un blanchiment réussi
Enfin, lorsque la dent est jaune en raison d'une cause interne, il est possible de réaliser un blanchiment. "Pour cela, on utilise des produits qui contiennent du peroxyde d'hydrogène ou se transforment en peroxyde d'hydrogène, explique le chirurgien-dentiste. Ils oxydent les pigments colorés de la dent, qui s'éclaircit."
Ces traitements sont possibles en cabinets dentaires, mais aussi en vente directe au consommateur ou en "bar à sourire". Il existe toutefois une nuance : la concentration maximale possible n'est pas la même selon la personne qui manipule les produits.
"Dans les cabinets dentaires, la concentration maximum est de 6%. Dans les bars à sourires et dans les produits vendus en parapharmacie, elle est de 0,1%", résume le Dr Lequart. L'effet est alors équivalent à celui obtenu lors d'un détartrage suivi d'un polissage, selon le dentiste.
Avant de réaliser ce traitement, quelques précautions sont de rigueur, car le peroxyde d'hydrogène peut avoir un effet délétère sur la santé bucco-dentaire. "On ne blanchit pas une dent qui n'est pas propre", martèle Christophe Lequart.
Un bilan complet est donc nécessaire au préalable : aucune gingivite, parodontite ou carie ne doit échapper à la vigilance du dentiste. "Les produits vont pénétrer à l'intérieur de la dent, avec des risques de mortification de la dent, même à des concentrations faibles", justifie le spécialiste.
Au cours du traitement, éviter les aliments pouvant tacher la dent est aussi conseillé. Cela peut limiter l'efficacité du traitement.
Sources
(1) Sondage YouGov pour Align Technology Inc. réalisé en mars 2017 auprès de 1 004 personnes.
L’Ordre multiplie les mises en garde contre les « bars à sourire », ONCD, 12 janvier 2011
Blanchiment des dents : une réglementation protectrice des consommateurs, DGCCRF, 13 novembre 2016
Les recommandations de l'UFSBD à adopter au quotidien pour une bonne santé dentaire, USBD, consulté le 4 juillet 2018