Cancer du sein : la consommation de protéines animales augmente les risques

Publié par Sophie Raffin
le 13/07/2020
Maj le
5 minutes
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Une consommation élevée de protéines animales est associée à un risque plus élevé de développer un cancer du sein. C’est une des découvertes partagées lors du congrès annuel de la société américaine d’oncologie clinique de 2020.

Depuis des décennies, nous savons que l’alimentation a une influence non-négligeable sur le développement du cancer, en particulier celui du sein. Une nouvelle étude, présentée lors du congrès annuel de la société américaine d’oncologie clinique de 2020, a mis en évidence un lien entre la consommation de protéines animales et un risque plus élevé d’avoir un cancer du sein.

Cancer du sein : la consommation de protéines de 100 000 femmes analysée

Les chercheurs du Lundquist Institute for Biomedical Innovation du centre médical  Harbor-UCLA situé à Torrance (Californie) ont analysé les données du registre de l’initiative pour la santé des femmes, étude menée entre 1993 et 1998. Ce dernier compte les dossiers de 100 024 femmes ménopausées atteintes d'un cancer du sein, âgées de 50 à 79 ans.

En près de 15 ans, l’équipe a relevé 6 340 nouveaux cas de cancer du sein, 764 décès dus à la maladie et 2 059 morts survenues après la guérison. Le suivi a été assuré jusqu’en 2016.

Outre fournir leur données médicales, les participantes ont dû remplir un questionnaire sur leur consommation en protéines en distinguant bien celles d’origine animale et végétale.

L’analyse de ces informations a permis aux chercheurs de parvenir à une conclusion : bien que la consommation générale de protéines ne soit pas liée à la survenue de cancers du sein ou d’autres maladies, un apport plus élevé en protéines animales est corrélé à une incidence plus élevée de la maladie. 

Toutefois, si les femmes amatrices de viandes, œufs et produits laitiers sont plus susceptibles de développer une tumeur mammaire, elles ne montrent pas de risques plus élevés d’en mourir par rapport aux autres patientes d'un cancer du sein. 

Les protéines végétales semblent jouent un rôle protecteur

Si les protéines animales compromettent la santé des femmes, celles provenant des végétaux - en revanche - joueraient un rôle protecteur. Selon les analyses de l’équipe américaine un apport plus élevé en protéines végétales était lié à une fréquence plus faible de cancer du sein. Les femmes qui mangent régulièrement du soja, des pois chiches ou encore des noix, ont également moins de risque de mourir en raison de la maladie.

Dans la famille des légumes riches en protéines, on peut également citer les graines de courges, les graines de chanvre, le quinoa ou encore le sarrasin.

La professeure Kathy Pan de Lundquist Institute for Biomedical Innovation du centre médical  Harbor-UCLA et son équipe ont expliqué lors de la rencontre professionnelle virtuelle “Sur la base des résultats d'une détermination calibrée par biomarqueur de l'apport en protéines en fonction de la source, un apport plus élevé en protéines végétales était associé à un risque significativement plus faible d'incidence du cancer du sein et de décès après un cancer du sein tandis qu'un apport plus élevé en protéines animales était associé à un risque significativement plus élevé d'incidence du cancer du sein, mais pas la mortalité”.

Viande rouge : quels sont les risques d’une consommation élevée ?

Viande rouge : quels sont les risques d’une consommation élevée ?

La viande, et plus particulièrement la viande rouge, est dans le collimateur de nombreux professionnels de la santé. Si cet aliment constitué des tissus musculaires de mammifères (bœuf, veau, porc, cheval, agneau et mouton), offre une source importante de protéines, d’acides aminés essentiels, de vitamines (incluant la vitamine B12) ou encore de minéraux (dont le fer héminique et le zinc), elle a de nombreux inconvénients. Sa cuisson à haute température pose plusieurs problèmes. Par exemple, elle peut conduire à la formation d’amines aromatiques hétérocycliques (AAH), d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ou de produits terminaux de glycation. Or tous ces éléments sont liés à des risques plus élevés de cancers (colorectal et du sein entre autres).

Les viandes transformées sont particulièrement problématiques

Lors de la préparation des plats cuisinés ou de la charcuterie, les fabricants ajoutent une quantité importante de nitrate, nitrites et nitrosamine afin d’assurer la conservation de leurs mets. Mais ces conservateurs peuvent aussi réagir avec certains acides aminés des protéines, et former des substances potentiellement cancérogènes, appelées composés N-nitroso.  

De plus, les nitrosamines sont toxiques pour les cellules bêta du pancréas. Elles limitent la sécrétion d’insuline et augmentent le risque de diabète de type 2

Viandes rouges : des risques cardiovasculaires aussi 

La viande rouge n’est pas recommandée pour le cœur. Plusieurs études semblent indiquer un lien entre une consommation élevée de cet aliment et un risque accru de maladies coronariennes, d’insuffisance cardiaque et d’AVC.

Une méta-analyse de 6 études, menée entre 2003 et 2012 réunissant 329 495 participants, révélait que manger entre 100 et 120 grammes de viande rouge non transformée ou 50 grammes de viande transformée par jour faisait grimper les risques d’un AVC de 11% et 13%, respectivement.

Comment manger moins de viande ?

Comment manger moins de viande ?

Face aux nombreuses données recueillies, l'OMS a classé la viande rouge comme "probablement cancérogène" et la charcuterie comme "cancérogène". Alors comment diminuer sa consommation sans provoquer une carence en protéines ? Le plus simple est de se tourner vers les végétaux riches en protéines :

  • Le soja : 36 g de protéines pour 100 g.
  • La moringa (plante d’Inde et du Sri lanka) : 27,1 g de protéines pour 100g. 
  • Les graines de chanvre : 26 g de protéines pour 100 g.
  • Les graines de courge : 25 g de protéines pour 100 g.
  • Les haricots Azuki (petit haricot rouge provenant du Japon) : 25 g de protéines pour 100 g.
  • Les lentilles : 25 g de protéines pour 100 g.
  • Le tempeh (aliment indonésien à base de graines de soja) : 20 g de protéines pour 100 g.
  • La noix : 20 g de protéines pour 100 g.
  •  Le cacao : 19.6 g de protéines pour 100 g.
  • Les pois-chiches : 19 g de protéines pour 100 g.
  • Les graines de chia : 17 g de protéines pour 100 g.
  • L'épeautre : 15 g de protéines pour 100 g.
  • Le quinoa : 14 g de protéines pour 100 g.
  • Le sarrasin : 13 g de protéines pour 100 g.
  • Les baies de Goji : 12,1 g de protéines pour 100 g.
  • Les haricots (blancs, rouges, noirs) : 9 g de protéines pour 100 g.

Par ailleurs, n'oubliez pas que les produits laitiers et les œufs contiennent aussi une importante quantité de protéines. Toutefois, il ne faut pas abuser car ils peuvent être très caloriques.

Sources

Les risques potentiels pour la santé de la consommation des viandes rouges, observatoire de la prévention, 28 novembre 2017

Higher Animal Protein Consumption Linked to Increased Risk of Breast Cancer, Cancer Health, 9 juillet 2020

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