Bouffée de chaleur : les prises de température anti-covid posent problème

Entreprises, aéroports, administrations… de nombreux décideurs ont choisi de se tourner vers la prise de température pour tenter d’éviter des cas de contagions du COVID-19 entre leurs murs. Mais cette mesure n’est pas forcément la plus efficace, surtout face à femmes ménopausées qui souffrent de bouffées de chaleurs.
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En cette période de lutte contre la pandémie de coronavirus, il ne faut pas montrer patte blanche, mais une température comprise entre 36° et 37,5°, pour entrer dans certains bâtiments (entreprises, administrations, aéroports…). Toutefois la prise de température peut se montrer problématique pour certaines femmes comme l’a fait remarquer la gynécologue américaine Dr Jennifer Gunter sur Twitter.

Les scanners thermiques peuvent être faussés par les bouffées de chaleurs

À l’exemple du conseil départemental des Yvelines qui souhaite installer des caméras capables de mesurer la température corporelle, dans 70 “points de présence” (services sociaux, bâtiments administratifs, PMI…), plusieurs structures ont adopté un contrôle de leurs accès via une prise de la température

Pour la praticienne d'outre-Atlantique, cette mesure a des lacunes. Elle est même discriminante pour de nombreuses femmes. Elle déplore sur son compte Twitter “Les scanners thermiques en tant que moyen de dépistage des personnes pour le COVID vont affecter beaucoup de femmes en transition de la ménopause et en post-ménopause. Les bouffées de chaleur peuvent augmenter la température de la peau (pas la température corporelle). L'exercice peut aussi être un déclencheur. Personne ne court jamais vers la porte d’embarquement ?”


La gynécologue Dr Odile Bagot, auteure de “Ménopause, pas de Panique” aux éditions Mango corrobore les arguments de sa consœur. “En effet, si l’on prend le scanner de température d’une femme ménopausée au moment d’une bouffée de chaleur, la température sera supérieure à la normale”. 

La raison ? Lors de la ménopause, les femmes enregistrent une chute de leur taux d'œstrogènes, hormones qui régulent entre autres la température. Ainsi les outils du “thermostat corporel” s’emballent brusquement, provoquant des bouffées de chaleur. 

Le plus souvent, cette sensation de chaleur, connue par plus de 7 femmes ménopausées sur 10, est éprouvée au niveau de la figure ou du thorax. La surface de la peau devient chaude au toucher, et encore une fois le visage est le plus affecté par ce symptôme. 

Que faire si un épisode nous joue des tours lors d’un scanner thermique ? “Il suffirait de recommencer peu de temps après lorsque la cocotte-minute sera moins sous pression....”, recommande le Dr Odile Bagot. En effet, la chaleur au niveau de la peau diminue après la bouffée de chaleur.

Mais les femmes ménopausées ne sont pas les seules à risquer de se voir pointées du doigt à cause d’une température plus élevée que les standards 37°degrés. “De manière générale, la température corporelle change à plusieurs époques de la vie : par exemple au moment du cycle (elle augmente en deuxième phase) ou pendant la grossesse. Ce type de dépistage ne m’a pas l’air très pertinent”, conclut la spécialiste française.

Prise de température : ce n’est pas un contrôle efficace pour le Haut conseil de la santé 

Les deux gynécologues ne sont pas les seules à voir des failles et des limites à cette mesure de prévention du COVID-19. Le Haut Conseil de la santé publique a indiqué dans son avis du 29 mai que la prise de température n’est pas un contrôle efficace. Il recommande entre autres de : 

  • ne pas mettre en place un dépistage du Covid-19 dans la population, par prise de température, pour un contrôle d’accès à des structures, secteurs ou moyens de transport ;
  • informer la population sur le manque de fiabilité de cette mesure systématique de la température ;
  • rappeler l’intérêt pour les personnes de mesurer elles-mêmes leur température en cas de sensation fébrile, et plus généralement devant tout symptôme pouvant faire évoquer un Covid-19, avant de se déplacer, de se rendre sur leur lieu de travail, de rendre visite à un résident dans un Ehpad ou à une personne à risque de forme grave à domicile, de se rendre en milieu de soins, en milieu carcéral, ou dans tout ERP… ;
  • privilégier l’autosurveillance, la déclaration spontanée et la consultation d’un médecin en cas de symptômes évocateurs de Covid-19.

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Source : Merci au docteur Odile Bagot, auteure de “Ménopause, pas de Panique” et "Perturbateurs endocriniens, la guerre est déclarée" aux éditions Mango.
Compte Twitter du Dr Jennifer Gunter
Yvelines : des caméras thermiques contre le Covid, Les Échos, 18 mai 2020
Contrôle d'accès par prise de température dans le cadre de l’épidémie à Covid-19, HCSP, Avis du 24 avril 2020