Apnées du sommeil : au volant, les ronfleurs freinent moins vite

Les apnées du sommeil, caractérisées par de fréquentes pauses respiratoires durant le sommeil, touchent le plus souvent les ronfleurs. Selon une étude, ce syndrome augmente le temps de réaction au volant et diminue l'attention, même en cas d'apnées légères, sans somnolence.
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Les apnées du sommeil du ronfleur

Les apnées du sommeil se définissent par de fréquentes pauses respiratoires durant le sommeil, que l'on retrouve fréquemment chez les personnes qui ronflent. Dans les formes sévères, ce syndrome peut être à l'origine de fatigue et de somnolence durant la journée, entraînant ainsi un risque accru d'accidents de la route, du travail et domestiques.

Les apnées du sommeil sont fréquentes : on estime que 6% de la population serait touchée par des apnées du sommeil avec somnolence diurne.

Selon des résultats récents, au volant, les sujets atteints d'apnées du sommeil sont moins performants, notamment en délai de freinage. La particularité de cette étude est qu'elle a été menée chez des personnes souffrant de légères apnées du sommeil, lesquelles ne génèrent pas de somnolence durant la journée. Ce qui signifie que le phénomène observé ici doit être fortement potentialisé chez les sujets atteints d'apnées sévères…

Retard de freinage, même en cas d'apnées légères : 1/2 seconde = 9 m

Les réflexes de 20 personnes souffrant d'apnées du sommeil et de 20 témoins, tous des conducteurs avérés, ont été testés. Le temps de réaction et la distance nécessaire pour s'arrêter ont été calculés dans trois situations différentes : situation de distraction (il est demandé au conducteur de mettre les essuie-glaces), d'anticipation (le conducteur a déjà préparé son pied sur le frein) et standard.

Les sujets atteints d'apnées mettent en moyenne une demi seconde de plus pour freiner, c'est-à-dire qu'ils parcourent 9 m avant d'appuyer sur le frein s'ils roulent à 40 km/h et 18 m à 130 km/h. Le risque de collision est multiplié par deux chez ces sujets.

Des tests d'attention montrent que les performances sont similaires dans les deux groupes, mais les personnes apnéiques ont plus de difficultés à réaliser deux choses en même temps et à focaliser leur attention.

Et enfin, la somnolence des sujets a été évaluée à l'aide d'un test d'éveil, montrant que dans cette étude, les personnes ayant des apnées ne s'endorment pas plus vite que les témoins. Elles souffrent donc d'une forme d'apnée du sommeil peu sévère.

Dernière étape, tous les tests de conduite ont été réitérés après guérison des apnées par pression positive continue. Ils deviennent alors similaires dans les deux groupes.

Le traitement par pression positive continue consiste à placer durant la nuit un masque sur le nez alimenté par un petit compresseur qui pousse de l'air.

En conclusion, les conséquences des apnées du sommeil en terme de sécurité routière sont peut-être beaucoup plus dangereuses qu'on ne le pensait. En effet, si les apnées légères génèrent un délai d'une demi seconde avant le freinage, soit 9 m, qu'en est-il chez les personnes atteintes d'apnées sévères, après une heure de conduite en fin de journée ?

Il est important d'encourager les personnes qui présentent des apnées à consulter afin de porter un diagnostic et de traiter cette affection qui peut se révéler dangereuse, pour soi et pour les autres…

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Source : Mazza S. et coll., European Respiratory Journal, 26 juillet 2006.