Alerte des gynécologues sur le simulateur d’accouchement SIM37

Des gynécologues alertent sur la méthode de simulation d’accouchement SIM37 qu’ils jugent non reconnue, infondée et trop chère. Explications.
© Adobe Stock

Un examen médical qualifié de "pure folie". C’est en ces termes que l'Institut de recherche et d'action pour la santé des femmes (IRASF) désigne la méthode SIM37 dans un rapport publié le 23 janvier 2019. Le SIM37 est un simulateur qui prétend prédire les chances d’accouchement par voie basse au moyen d’une imagerie par résonnance magnétique (IRM). Concrètement, à partir de l’image obtenue en 3D, cette méthode permettrait de simuler le passage du bébé à travers le canal vaginal au moment de l’accouchement et, si besoin, de programmer une césarienne à l’avance.

Une pratique "infondée, non reconnue, animée par l’appât du gain"

Le hic : "ce procédé n’a jamais fait l’objet d’une évaluation pertinente et sérieuse. Il n’existe aucune étude publiée dans des revues à comité de lecture permettant de vérifier les hypothèses proposées" selon le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) qui publie un communiqué le 25 janvier 2019. Autrement dit, "cette pratique est complètement infondée, non reconnue, animée par l’appât du gain", commentent des chercheurs et chercheuses spécialisé·e·s en obstétrique cité·e·s par le rapport de l’IRASF.

En effet, l’hypothèse sur laquelle repose le fonctionnement du SIM37 est celle de l’existence d’une "dystocie céphalo-vaginale", une disproportion entre le canal vaginal et la tête du fœtus qui provoquerait selon le docteur Olivier Ami, créateur de la société BabyProgress qui commercialise le SIM37, plusieurs pathologies comme l’autisme, les hémorragies cérébrales du fœtus et des conséquences sur le QI des bébés. Autant de postulats qui "[semblent] être une pure invention et un pur fantasme de l’imaginaire du Docteur Olivier Ami", commente l’IRASF.

Un coût "outrancier" de 900 euros

Outre le caractère scientifiquement douteux de la méthode SIM37, l’IRASF dénonce également le coût "outrancier" de cet examen, qui s’élève à 900 euros, le risque de césariennes "inutiles" et le danger de "véhiculer des données scientifiques fausses, voire dangereuses et incomplètes pour les femmes, d’instrumentaliser les violences obstétricales et enfin de s’enrichir d’une certaine façon sur le dos des victimes de violences obstétricales et gynécologiques".

Et alors même que l’objectif de SIM37 consiste à réduire le nombre de césariennes en urgence ou inutiles, le taux d’accouchement par césarienne à la Clinique de la Muette, dans le 16e arrondissement de Paris où exerce le docteur Ami, est de 43,5%, rapporte l'IRASF. Un chiffre plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale.

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.

Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Source : Une pratique commerciale au service de la césarienne : le SIM 37, Rapport de l’Institut de Recherche & d’Actions pour la Santé des Femmes (IRASF), 23 janvier 2019 
Accouchement par voie basse ou césarienne programmée ? SIM 37, une méthode onéreuse et sans bénéfice ou intérêt prouvés. Communiqué du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, 25 janvier 2019 
Communiqué de Presse SIM 37 en réponse au CNGOF, Mon Sim 37, 28 janvier 2019