15% des appels au SAMU resteraient sans réponse
Près de 15% des appels adressés au SAMU resteraient sans réponse. C'est la conclusion du journal Le Point qui s'est penché sur la base de données de la Statistique Annuelle des Etablissements de santé (SAE).
La SAE est une enquête annuelle obligatoire réalisée auprès des établissements de santé installés en France. Celle-ci est consultable par tous sur le site du ministère chargé de la Santé. En analysant les données de 2016, le journal a découvert que :
- 4,6 millions d'appels téléphoniques adressés au SAMU étaient restés sans réponse, soit un taux de réponse d'environ 84%.
- les centres d'appels d'Auxerre, d'Alençon et de Verdun sont les mieux classés.
François Braun, président de Samu Urgences de France, tempère néanmoins les résultats de l'enquête. "Ce ne sont pas 4,6 millions de patients qui n’ont pas réussi à joindre le Samu. Dans ce chiffre en effet, il y a tous les faux numéros, les erreurs, les appels de poche…" affirme-t-il auprès de nos confrères de RTL.
Les services d'urgence dans la tourmente
Ces révélations apparaissent en pleine remise en cause des services d'urgences après le décès d'une jeune femme en décembre 2017. A la suite de douleurs, Naomi Musenga avait joint le SAMU mais avait bénéficié d'une prise en charge tardive. Lorsqu'elle est finalement hospitalisée, la jeune femme fait deux arrêts cardiaques et décède en service de réanimation.
L'enregistrement de son dernier appel passé au SAMU a été rendu public et met en cause l'opératrice de régulation qui n'a pas pris au sérieux les plaintes de Naomi Musenga. La ministre de la Santé Agnès Buzyn avait alors manifesté son soutien à la famille de la victime, en demandant "une enquête de I'IGAS (Inspection générale interministérielle du secteur social, ndlr) sur ces graves dysfonctionnements".
Depuis, les circonstances du décès de Naomi Musenga ont été déterminées. La jeune femmes est morte d'une défaillance de plusieurs organes "suite à un choc hémorragique", conséquence d'une intoxication au paracétamol. Au delà des doses recommandées (3g par jour sans avis médical), le médicament est responsable de lésions au foie et peut entrainer unehépatite fulminante ou une insuffisance hépatique.
Des services d'urgence à bout de souffle
Ces évènements sont symptomatiques de la saturation des services d'urgence en France. Plusieurs cas de patients morts à l'hôpital avant d'avoir pu être examinés par un médecin ont été rapportés ces derniers mois. Une situation mal vécue par les malades mais également par les soignants.
Ces derniers mettent en cause le manque de moyens dont ils disposent. "Dans mon service, c'est +110% d'activité en huit ans. On a doublé l'activité. Nous avons pu bénéficier d'un renfort humain mais qui n'est pas à la hauteur. Aujourd'hui, ce qu'il nous faut inventer c'est le parcours de soins de demain. La solution elle est aux ressources humaines et aussi aux nouvelles technologies" confie à FranceInfo le docteur Patrick Goldstein, chef du pôle de l'urgence et du Samu du Nord au CHU de Lille.
Pour exprimer leur malaise, plusieurs services d'urgence se sont mis en grève en mars dernier.
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