Choc toxique menstruel : elle a été amputée des pieds à cause de sa cup

Sandrine Graneau a été amputée des pieds et une partie des doigts après un choc toxique menstruel lié à une cup. Elle témoigne pour mieux faire connaître cette pathologie. Cette initiative va dans le sens de l’ANSES qui appelle à une meilleure information sur ce syndrome rare et dangereux.
© Istock

Après le décès de Maëlle (17 ans) d’un syndrome du choc toxique, le témoignage d’une habitante de Loire-Atlantique alerte sur les graves conséquences de cette maladie des règles. Sandrine Graneau a perdu ses deux pieds et une partie de ses doigts à la suite d’un choc toxique lié à l’utilisation d’une coupe menstruelle.

Choc toxique menstruel : les médecins ont d’abord cru à des calculs rénaux

Un soir d’avril dernier, Sandrine Graneau - une utilisatrice de cup menstruelle alors en fin de règles - a été pris de douleurs abdominales. La souffrance grandissant, elle a contacté SOS Médecin. Face à ses symptômes, le docteur a diagnostiqué des calculs rénaux.

Mais son état a empiré dans la nuit. Le lendemain matin, au retour du médecin, la trentenaire avait une tension si basse qu’elle ne pouvait plus être prise. Elle a alors été emmenée en urgence à l'hôpital. Le diagnostic de choc toxique menstruel y a été posé lorsque des plaques rouges sont apparues sur son corps. “Ce n’est pas tant la bactérie qui est dangereuse que les ravages qu’elle cause sur les organes. La toxine se diffusait dans mes reins, mes poumons, mon foie”, explique la jeune femme au Parisien.

Elle milite pour une meilleure prévention

Face à la dangerosité de la maladie, les médecins n’ont eu d’autres choix - pour la sauver - que de lui amputer les deux pieds. La malade qui a passé trois semaines en réanimation, a ensuite perdu une partie de ses doigts. “Il a fallu couper dix-huit phalanges, mais on a pu en sauver une sur chaque doigt”, raconte Sandrine Graneau. Elle poursuit "Si moralement, je suis foutue, tout est foutu ; alors, je m’accroche, même s’il y a des jours moins faciles".

La maman de 3 enfants s’est désormais donnée pour mission de mieux faire connaître le syndrome de choc toxique menstruel. Elle a pour cela créé une association "Dans mes baskets". "Quand j’entends que l’infection est liée à un mésusage des cups et tampons par les femmes, cela me met hors de moi, tant les informations que l’on nous donne varient. Prenez les cups, selon le fabricant, il est écrit sur les notices que l’on peut les garder 4, 6, 8 ou 12 heures ! Comment on s’y retrouve là-dedans ? Pourquoi un temps d’utilisation clair et net n’est-il pas indiqué en gros ? Après tout, on le fait bien sur les paquets de pâtes", déplore-t-elle.


L’ANSE réclame également une meilleure information

Le témoignage de Sandrine Graneau fait écho au rapport de l’ANSES sur les coupes menstruelles et les tampons, publié le 20 janvier 2020. L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail appelle à "renforcer l’information des femmes et des professionnels de santé sur le risque de syndrome de choc toxique menstruel (SCT), qui concerne toutes les protections périodiques internes (tampons, coupes menstruelles, …)".

L’organisation française demande aux fabricants de ces protections périodiques internes de délivrer “une information plus claire sur le risque de syndrome de choc toxique menstruel et ses symptômes" aux utilisatrices. Elle ajoute "s’agissant des emballages et notices, cette demande d’amélioration concerne en particulier les fabricants de coupes menstruelles, plus récemment arrivées sur le marché”.

Tampons, cups : moins de substances chimiques

Pour compléter son travail d’expertise, l’ANSES a réalisé des essais complémentaires sur les tampons et les cups. Elle indique avoir révélé la présence de substances chimiques “mais sans dépassement des seuils sanitaires”. Elle ajoute n’avoir “pas mis en évidence de relation directe entre les propriétés physico-chimiques des matériaux de ces protections intimes et un risque d’augmentation du SCT”.

Néanmoins, l’organisation recommande aux fabricants “d’améliorer la qualité de ces produits afin d’éliminer ou de réduire au maximum la présence des substances chimiques”.

Syndrome du choc toxique menstruel : qu’est-ce que c’est ?

Le syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel est provoqué par une toxine de la bactérie staphylocoque doré. Ces germes, présents naturellement sur la peau, profitent de la stagnation du sang des règles pour proliférer. La toxine libérée alors dans l’organisme peut attaquer différents organes comme le foie, les reins ou les poumons.

Si la pathologie est rare, elle est très dangereuse. Elle entraîne un risque de septicémie et de décompensation cardio-vasculaire qui demande une prise en charge rapide.

Les règles d’hygiène pour éviter le syndrome toxique menstruel

Certaines règles d'hygiène sont à suivre pour prévenir les risques de choc toxique menstruel :

  • Il faut respecter la durée du port des tampons et des coupes menstruelles. Les professionnels de la santé conseillent de les changer toutes les 4 heures maximum.
  • Il est recommandé d’utiliser ces protections intimes internes uniquement pendant les règles et de choisir une protection adaptée à son flux.
  • Il est préférable aussi de ne pas porter de tampons ou de coupes menstruelles la nuit.
  • Il faut veiller à avoir une bonne hygiène des mains : lavez-vous les mains au savon avant et après avoir manipulé un tampon ou une coupe menstruelle.
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Source : Sandrine, 36 ans, amputée après un choc toxique lié à  une cup menstruelle, Le Parisien, 21 janvier 2020
 
Coupes menstruelles et tampons : l’Anses publie les résultats de son évaluation complémentaire, ANSES, 20 janvier 2020