Un homme transgenre accouche alors qu’il a le covid

Publié par Sophie Raffin
le 9/09/2020
Maj le
5 minutes
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Un transgenre homme a donné naissance à une petite fille en mars dernier alors qu’il avait le COVID. Cet accouchement a marqué l’histoire médicale, mais pas forcément pour les raisons que vous pensez.

Maaike, un transgenre australien qui fait les démarches médicales pour devenir à un homme, a accouché en mars dernier. Si son parcours étonne, ce n’est pas ce qui a inquiété ses médecins. Le futur papa a contracté le COVID-19 à 9 mois de grossesse. 

COVID-19 : une contamination au 9ᵉ mois de grossesse

La fin de grossesse de Maaike a été mouvementée. Sa partenaire Holly Zwalf qui a été fin février au Royaume-Uni pour l’enterrement de sa grand-mère, a fait entrer sans le savoir le nouveau coronavirus dans leur foyer. 

Elle a ressenti de la fièvre deux jours après être descendu de l'avion. La Britannique se rappelle : “Je suis allée chez le médecin qui m'a dit que j'allais bien”. “Je ne suis pas en colère contre lui - j'étais le 15e cas dans le Queensland, donc c'était encore très tôt, personne n'était vraiment préparé, et les symptômes du COVID-19 sont si similaires à ceux de la grippe ordinaire que c'était difficile de savoir quand s'alarmer”, a-t-elle expliqué au journal anglais Daily Mail.

Le SARS-COV-2 a ainsi poursuivi ses attaques au sein de cette famille non conventionnelle. L'aîné du couple, âgé de 4 ans, a contracté la maladie. Souffrant de fièvre, d'hallucinations et de crampes, l'enfant a été hospitalisé et placé en soins intensifs. “ Il criait et son corps a commencé à trembler étrangement, et même après de fortes doses de drogue, les hallucinations ne s'étaient pas calmées” se rappelle la maman. 

Le reste de la famille a passé des tests et mise en quarantaine pour suspicion d'infections au COVID-19.

Les résultats ont ainsi révélé que le transgenre homme enceint, sa partenaire ainsi que l’enfant avaient contracté la maladie. "J'étais dans une pièce avec mon enfant de quatre ans et mon partenaire était dans la pièce voisine avec la sienne. Nous n'avions pas le droit de quitter nos chambres ni de nous rendre visite, même si nous pouvions nous cogner à travers le mur", se rappelle Holly Zwark.

Une grossesse à haut risque 

Les médecins étaient particulièrement inquiets pour Maaike qui était alors à son 9ᵉ mois de grossesse. Si aujourd’hui des éléments semblent indiquer qu’une transmission du virus in utero est possible. Au premier trimestre 2020, les conséquences du virus sur une grossesse et le fœtus étaient majoritairement inconnues. 

Cette contamination au COVID-19 était d’autant plus dangereuse que l’Australien souffre aussi de mucoviscidose. 

Une équipe de spécialistes a ainsi été réunie pour suivre cette grossesse à haut risque et se préparer à cet accouchement hors norme. En effet, si Maaike avait déjà donné naissance à deux enfants, cette naissance particulière.

Nous allions être la famille non conventionnelle de la salle d'accouchement

Nous allions être la famille non conventionnelle de la salle d'accouchement

Maaike n’est pas le premier transgenre a stoppé son traitement de transition pour mener à bien une grossesse. Ainsi si son parcours semble peu conventionnel, il n’était pas appelé à marquer l’histoire de la médecin. 

Et pourtant le malade atteint du COVID-19 l’a fait en donnant naissance à son bébé miracle sans assistance médicale. Holly Zwalf a expliqué aux médias australiens “Mon partenaire a mis au monde son bébé en quarantaine, marquant l'histoire médicale. Il s’agit de la première naissance de parents positifs au COVID en dehors de la Chine et la première naissance au COVID sans assistance au monde”, a expliqué Holly Zwalf.

Elle a ajouté : “Nous allions toujours être la famille non conventionnelle de la salle d'accouchement, mais nous n'avions jamais prévu à quel point nous provoquerions l’émotion”.

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Le bébé, né naturellement sans césarienne, se porte très bien. Ayant stoppé les médicaments qui lui permettent de devenir un homme, Maaike a également pu l’allaiter. 

Le COVID-19 est ainsi désormais un mauvais souvenir pour la famille. Le nourrisson en bonne santé a rejoint sa fratrie qui compte l’enfant d’une précédente union de Holly Zwalf ainsi que les deux enfants de Maaike, conçus grâce à des donneurs de sperme anonyme. 

Comment changer de sexe en France

Comment changer de sexe en France

Changer de sexe en France est un long parcours médical et administratif. S’il est facile de modifier son prénom puisqu’il suffit de se rendre à la mairie et déposer une demande auprès d'un officier d'état civil, bénéficier d’une chirurgie de réattribution sexuelle est plus difficile.

Les opérations sont prises en charge en France. Néanmoins, il faut au préalable que le dossier du patient ait été accepté par la CPAM. Pour obtenir ce feu vert, la personne transgenre doit auparavant rencontrer un psychiatre. Ce dernier doit évaluer l’état psychologique et les motivations de la personne. Il doit également déterminer si elle souffre d’éventuels troubles mentaux. 

Le transgenre doit aussi être suivi pendant deux ans avant de pouvoir obtenir le certificat qui lui permet de poursuivre le protocole. 

En revanche, il peut commencer son traitement hormonal pendant la thérapie. Il doit aussi pendant un an avoir “une expérience de vie réelle”. C’est-à-dire évoluer comme le genre dans lequel il/elle s’identifie.

À l’issue de ces différentes étapes et après l’obtention du certificat du psychiatre, il est possible d’accéder à la chirurgie de réassignation sexuelle. 

Cette place prépondérante de la psychiatrie dans ce long parcours médical français est dénoncée par plusieurs associations transgenres. Il pousse ainsi plusieurs personnes à choisir de se faire opérer à l’étranger.

Sources

Transgender man makes history by becoming the first coronavirus-positive person outside China to give birth naturally, Daily Mail, 5 septembre 2020

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