Tumeurs au cerveau : trois autres progestatifs présentent un risque, alerte l’ANSM

Publié par Clara De Frutos
le 28/06/2023
Maj le
3 minutes
unrecognized woman in white blouse holding hormonal oral contraceptives in a pink blister concept of hormonal methods of birth control estrogen and progestin hormonal balance
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Dans une vaste étude, publiée le 26 juin 2023, l’Agence du médicament (ANSM) met en garde contre certains progestatifs prescrits contre l’endométriose, l'infertilité ou au moment de la ménopause. Pour cause, il favoriserait l'apparition de méningiome, des tumeurs au cerveau.

Utilisés contre certaines pathologies gynécologiques comme l’endométriose, dans le traitement hormonal substitutif (ménopause) ou en obstétrique (stérilité par insuffisance lutéale, avortements à répétition), les progestatifs pourraient s’avérer dangereux pour la santé. En effet, ils pourraient être la cause de méningiome, autrement dit, de tumeurs au cerveau.

Pour rappel, le méningiome est la tumeur cérébrale la plus courante à partir de 35 ans. L’âge, le genre féminin et l’exposition à une radiothérapie cérébrale dans l’enfance constituent des facteurs de risque clairement identifiés.

À ce jour, on estime que 9 personnes sur 100 000 seraient susceptibles de développer un méningiome chaque année.

Méningiome : trois autres progestatifs sont à risque

Alors que d’autres traitements prescrits à de nombreuses femmes (Androcur, Lutényl, Lutéran) se sont révélés favoriser l'apparition de tumeurs au cerveau, l’Agence du médicament (ANSM) a voulu vérifier si d'autres médicaments de cette catégorie peuvent avoir le même impact. Ils ont publié les résultats de cette vaste étude sur leur site le 26 juin 2023. 

Pour mener leur recherche, les scientifiques ont interrogé plus de 18 000 femmes opérées d’un méningiome et plus de 90 000 femmes "témoins" entre 2009 et 2018. Résultat : "l'utilisation prolongée de promégestone (Surgestone 0,5 mg), de médrogestone (Colprone 5 mg), ou d'acétate de médroxyprogestérone (Depo Provera 150 mg / 3 ml) est associée à un surrisque de méningiome", indique l'ANSM.

Et le danger s'intensifie quand le progestatif est prescrit depuis une certaine durée. "Le risque augmente lorsque la durée d’utilisation de ces médicaments, à la posologie autorisée par l’autorisation de mise sur le marché, dépasse 1 an, comme c’est le cas avec les acétates de chlormadinone (Lutéran et génériques), de nomegestrol (Lutényl et génériques) et de cyprotérone (Androcur et génériques)."

Les stérilets hormonaux ne seraient pas concernés par cette découverte

Toutefois, ces conclusions ne s’appliquent pas à tous les progestatifs. C’est notamment le cas des stérilets hormonaux. "Les résultats avec les DIU au lévonorgestrel 13,5 et 52 mg, des contraceptifs largement utilisés, ne montrent pas de surrisque de méningiome. De même, l’exposition à la progestérone (par voie orale, intra-vaginale et cutanée) (Utrogestan et génériques) et à la dydrogestérone (Duphaston, Climaston) n’a pas été associée significativement à un surrisque de chirurgie de méningiome intracrânien.

Androcur© : un risque de méningiome déjà connu

L'acétate de cyprotérone (Androcur©) "est un dérivé de la progestérone ayant des propriétés anti-androgéniques", explique l'ANSM. Il est souvent prescrit "chez la femme dans le traitement de certaines maladies hormonales se manifestant par une augmentation du système pileux (hirsutisme) et chez l'homme dans certaines formes de cancer de la prostate."

Cependant, le 27 août 2018, l'ANSM rapportait dans une étude menée par l'Assurance maladie et le service de neurochirurgie de l'hôpital Lariboisière que ce médicament pourrait provoquer des méningiomes.

Méningiome : deux autres progestatifs sont pointés du doigt

Par la suite, deux autres traitements se sont également avérés être la cause de l’apparition de méningiome. Il s’agit du Lutéran (chlormadinone) et du Lutényl (nomestrol). "Entre 2019 et 2020, des études épidémiologiques successives ont démontré un surrisque de méningiome, qui augmente avec la dose cumulée reçue, pour trois progestatifs (Androcur, Lutenyl, Lutéran et génériques)", signalait l’Agence du médicament.

Progestatif : des mesures de prévention encore en discussion  

Pour protéger au mieux les personnes qui prennent ces médicaments, les experts avaient déjà mis en place de nombreuses mesures visant à limiter ce risque, et ce, dès la parution des études qui ont mis en lumière ces risques de méningiomes.

Toutefois, l’ANSM annonce qu’une nouvelle réunion du comité scientifique temporaire (CST), portant sur les progestatifs, est prévue le 28 juin 2023. "Le but est de déterminer quelles mesures de protection des femmes doivent être prises concernant ces trois autres progestatifs (promégestone, médrogestone, médroxyprogestérone) afin de réduire le risque de méningiome associé", indiquent les scientifiques. 

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