Sécheresse vaginale : les solutions selon votre âge

Sécheresse vaginale à la ménopause : suppléer le manque d'œstrogènes
Une femme sur six souffre de sécheresse vaginale. C’est-à-dire un manque de lubrification du vagin. Et un grand nombre d’entre elles sont ménopausées. En effet, ce trouble est l’un des signes de cette période qui débute en moyenne vers 51 ans.
La gynécologue Odile Bagot explique “la caractéristique de la ménopause est la carence en œstrogènes. Cette baisse des hormones qui nourrissent la muqueuse vaginale et entretiennent la flore, entraîne une atrophie de la muqueuse. Elle devient plus fine et moins souple. Il y a aussi moins de lactobacilles et de sécrétions”. Plus la ménopause avance dans le temps, plus la qualité de la muqueuse vulvovaginale se dégrade.
Toutefois, plusieurs solutions permettent aux femmes ménopausées de retrouver du confort dans leur intimité.
Les traitements hormonaux de la ménopause
Le traitement hormonal de la ménopause rééquilibre le niveau d’œstrogènes. Cet apport permet à la muqueuse du vagin de retrouver sa souplesse, son hydratation et sa lubrification. Il peut être pris par voie générale, c’est le traitement hormonal de la ménopause, ou appliqué localement sous forme d’ovule, d’anneau vaginal (Esring) ou de crème.
Les solutions non-hormonales
La spécialiste ajoute “si un traitement hormonal local n’est pas possible ou souhaité, il existe également des gels d'acide hyaluronique, à appliquer trois fois par semaine avec un dispositif unidose. Toutefois, j’ai remarqué avec mes patientes que les femmes - pour des raisons de coût et de contrainte - finissent par abandonner ce remède”.
Malgré ses inconvénients, il est particulièrement utile dans les cas de sécheresses pour des femmes ayant été touchées par le cancer du sein car il s’agit d’une solution non-hormonale.
Par ailleurs, dans le cas d’une sécheresse vaginale peu désagréable, il est possible de se tourner vers des solutions plus naturelles comme la pommade au calendula ou les ovules à base de plantes.
Les méthodes physiques : le laser et la radiofréquence
Lorsqu’on souffre de sécheresse vaginale, il est aussi possible de se tourner vers la technologie. Le laser vaginal - c’est-à-dire un laser fractionné CO2 - est une technique indolore qui permet de supprimer les couches superficielles sèches et laisser ainsi la place aux cellules situées en dessous plus jeunes et plus hydratées.
“Cela va redonner une épaisseur au niveau de la muqueuse. Étant plus épaisse, elle va sécréter davantage et sera plus souple” explique la gynécologue. Il faut généralement compter 3 séances à un mois d’intervalle pour obtenir un résultat.
Il est aussi possible de faire appel à la radiofréquence à température contrôlée. À l’aide d’une sonde vaginale qui envoie des ondes de radiofréquence, le médecin réchauffe des zones de la muqueuse. Cette chaleur stimule la régénération des tissus et restaure par conséquent la lubrification vaginale.
“La technique du laser est plus utilisée et développée que la radiofréquence, en raison principalement de son coût” précise Odile Bagot. En effet, la séance de laser est en moyenne de 350€ tandis qu’il faut débourser 800€ pour la radiofréquence.
Sécheresse vaginale pendant la périménopause : vers 45 ans

La périménopause est période précédent la ménopause et l’arrêt total des règles, soit vers 45 - 47 ans. Pendant cette phase de transition, les femmes voient apparaître une série de symptômes intermittents comme les cycles irréguliers, la prise de poids, les sauts d’humeur, les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes et la sécheresse vaginale intermittente.
Les médecins proposeront généralement aux femmes pré-ménopausées des traitements temporaires (crèmes, ovules...) semblables à ceux disponibles lors de la ménopause.
Méfiez-vous des problèmes de peau
Toutefois, chez les femmes de plus de 45 ans, il faut faire attention. Les sécheresses vaginales peuvent être attribuées à une carence d’œstrogènes alors qu’il s’agit d’un problème dermatologique.
“Avec un lichen scléro-atrophique - maladie de la vulve fréquente qui ne touche pas que les femmes âgées - la muqueuse devient plus fragile et peut se fissurer. Les petites lèvres disparaissent petit à petit. Les patientes ont alors une impression de sécheresse. Souvent, ce diagnostic est méconnu et souvent confondu avec une atrophie post ménopausique par manque d'œstrogène alors qu'il s'agit d'un lichen scléro-atrophique” déplore la gynécologue. Cette pathologie se soigne avec de la cortisone.
Par ailleurs, le psoriasis peut également se déclarer au niveau de la vulve. La patiente aura alors une sensation de sécheresse vulvaire. Il ne faut ainsi pas hésiter à consulter un spécialiste lorsqu’on ressent ce type d’inconfort.
Sécheresse vaginale entre 20 et 40 ans : des causes multiples

Attention aux médicaments
Si la sécheresse vaginale est souvent associée à la ménopause, les femmes en âge de procréer peuvent connaître cette sensation désagréable. Elle peut être la conséquence de la prise d’un traitement progestatif qui bloque le cycle. Il est généralement prescrit dans les cas d’endométrioses, de fibromes, ou encore de ménorragies (règles trop abondantes) et mastodynies (douleurs mammaires).
“certains progestatifs de la famille des norprégnanes - comme Lutenyl et Surgestone - diminueront selon leur dosage de manière drastique le taux d’œstrogènes” explique la praticienne. Ainsi, en plus de stopper les règles, ils arrêteront les sécrétions vaginales.
La solution ?
Si la sécheresse vaginale est gênante, il faut aller voir un professionnel de santé. Il pourra proposer un traitement œstrogénique local. De plus, avec un progestatif puissant qui freine fortement les ovaires, on peut être amené à apporter des petites doses d'œstrogènes. "Mais c'est au cas par cas”, ajoute l’experte.
D’autres traitements peuvent perturber le fonctionnement du vagin et provoquer une sécheresse comme les traitements de l’acné, les antibiotiques ou les pilules mini-dosées. Il ne faut alors pas hésiter à parler de ce symptôme à son médecin traitant.
Attention aux cosmétiques
Parfum pour “sentir bon en bas”, maquillages et paillettes dans le vagin pour séduire votre moitié ou encore un stick exfoliant promettant "d'intensifier les ressentis durant le rapport sexuel"... les marques ne manquent pas d’imagination pour leur nouvelle cible des ventes : le vagin. Mais Odile Bagot met en garde les femmes “Tous ces cosmétiques ou, pire, le peeling déséquilibrent la flore, le film hydrolipidique et le pH du vagin : les trois choses à respecter normalement pour lui assurer une bonne santé”.
Ces “soins” peuvent ainsi entraîner une sécheresse vaginale.
La solution ?
Elle est très simple. Il suffit d’arrêter le produit problématique. “Normalement, les choses rentrent rapidement dans l'ordre, car ces femmes ont un bon système immunitaire et hormonal” estime la médecin.
Attention aux mycoses
Si les mycoses vaginales sont souvent accompagnées de pertes, le ressenti de la patiente peut être une sécheresse. Certaines d’entre elles, en effet, donnent peu de sécrétions. Il faut donc traiter la mycose pour diminuer cette sensation.
Sécheresse vaginale à l’adolescence : l'âge de l’apprentissage

Le docteur Odile Bagot explique "On ne se souffre pas de sècheresse vaginale à proprement parler à l'adolescence. Il n'y a normalement pas de raison d’en souffrir, car le niveau d’hormones est très haut à cette période de la vie". Mais elle prévient “des soins d'hygiène inadaptés peuvent entraîner une sécheresse vaginale.”
L’adolescente peut par exemple utiliser un savon trop décapant. Ce problème est également apparent chez celles qui se lavent trop fréquemment car elles souffrent d’une névrose obsessionnelle comme la peur d’être sale.
Ces gestes inadéquats ont le même effet “quel que soit l'âge, ils finissent par enlever le film hydrolipidique qu'il y a sur la vulve et donner une impression de sécheresse”.
Les bons gestes d’hygiène : à adopter à tout âge
- une toilette par jour avec un produit dédié, surtout en cas d’inconfort
- s’il n’y a pas d’inconfort, il est possible de prendre un gel douche de temps à autre. Mais prudence, ces produits contiennent des perturbateurs endocriniens, des parfums, des allergisants...
- il ne faut pas utiliser de pain de savon “cela dessèche et par ailleurs des germes peuvent être dessus”.
L’anorexie
Les jeunes filles qui souffrent d’anorexie mentale - maladie qui touche principalement les adolescentes - sont en aménorrhée. "Elles sont en carence d'œstrogènes. Or, ce sont eux qui nourrissent la muqueuse vulvo-vaginale. Il est donc possible que ces patientes aient aussi une sécheresse vaginale”.
Rapport intime : quand la sécheresse vaginale se confond avec l'absence de lubrification

La gynécologue prévient "Il faut différencier la sécheresse constante et l’absence de lubrification au moment des rapports intimes. Cette dernière peut toucher toutes les femmes, quelle que soit la période de leur vie, mais est assez fréquente chez les adolescentes". Elle poursuit "au début de la sexualité - surtout si le partenaire est jeune également - il n'y aura peut-être pas assez de temps pour les préliminaires. Comme ils ne sont pas assez longs, la lubrification qui vient du fond du vagin n'a pas le temps d'arriver à la vulve. La pénétration se fait alors peau sèche contre peau sèche, ce qui est ressenti comme une sécheresse".
La solution ?
La solution est assez simple pour remédier aux sensations d’irritations et aux douleurs sous la couette. Elle est, d’ailleurs, recommandée à tout âge. C’est le lubrifiant. “C'est le b.a.ba, mais il faut le dire car certaines femmes hésitent”. Mais il ne faut pas. Odile Bargot explique “Le lubrifiant, c'est comme le starter d’une voiture. Si le partenaire est un peu rapide ou que les préliminaires sont insuffisants, mettre du lubrifiant au niveau de la vulve permet de rendre les préliminaires plus agréables. Ainsi, l'excitation va venir plus vite et il y a aura alors plus de sécrétions naturelles. Il ne faut pas hésiter à en utiliser”.
Sources
Merci à au docteur Odile Bagot, gynécologue et auteure de Ménopause, pas de panique ! et Vagin & co aux éditions Mango