Quelle relation entre bronchiolite et asthme ? (Interview du Dr Bidat)

Chaque année en France, d'octobre à la fin de l'hiver, 460.000 nourrissons présentent une bronchiolite. Deux questions restent débattues : les relations entre bronchiolite et asthme et le traitement de la bronchiolite. Nous avons interrogé le Dr Etienne Bidat, pneumo-pédiatre et allergologue à l'hôpital Ambroise Paré à Paris.

e-sante : Quelle relation existe-t-il entre la bronchiolite et l'asthme chez l'enfant ?

Dr Etienne Bidat : Pendant longtemps, on pensait que la bronchiolite faisait le lit de l'asthme. Des études montrent que le devenir de la bronchiolite dépend de la sévérité de l'infection initiale. Des chercheurs (1) ont suivi des nouveau-nés jusqu'à l'âge de 13 ans. Dès que ceux-ci présentaient des signes d'infection respiratoire basse, ils recherchaient dans les sécrétions naso-pharyngées la présence du virus respiratoire syncytial (VRS) en cause dans la bronchiolite. Les enfants qui ont présenté une infection respiratoire basse à VRS avant l'âge de 3 ans manifestent plus souvent des épisodes de sifflements par la suite. Avec les années, les épisodes de sifflements deviennent moins fréquents. À l'age de 13 ans, ceux qui ont eu une bronchiolite « banale » n'ont pas plus de risque d'avoir un asthme que ceux qui n'ont pas présenté cette infection. Dans cette population, la bronchiolite entraîne un asthme, mais qui sera transitoire. Une autre équipe de chercheurs (2) a suivi 47 petits nourrissons hospitalisés pour bronchiolite sévère. A l'âge de 7 ans, 23% d'entre eux présentent un asthme, contre 2% dans le groupe contrôle. Dans cette étude qui concerne des petits nourrissons présentant une bronchiolite sévère, cette infection augmente le risque d'asthme. Ainsi, un des facteurs importants dans le devenir à long terme des bronchiolites semble bien être le degré de sévérité initiale et l'âge de survenue.

e-sante : Quels sont les traitements ?

Dr Etienne Bidat : Une conférence de consensus s'est tenue en 2000, ses recommandations restent d'actualités et sont facilement accessibles (3). À domicile, le traitement repose avant tout sur une bonne désobstruction rhino-pharyngée (que le médecin doit apprendre aux parents), un fractionnement des biberons et un contrôle de l'environnement (aération de la chambre, température de 19°C, suppression du tabagisme passif). La kinésithérapie respiratoire est dans cette conférence conseillée pour effectuer une désobstruction des voies respiratoires, faciliter l'évacuation des sécrétions et surtout surveiller le nourrisson et éduquer la famille. Il faut signaler que la France est un des rares pays où la kinésithérapie respiratoire est indiquée dans la bronchiolite. Dans certains pays, elle est même contre-indiquée. La conférence remarque qu'il n'existe pas d'étude prouvant son intérêt.Les antitussifs, mucolytiques et mucorégulateurs n'ont pas d'indication, tandis que celles des antibiotiques sont très limitées. L'hospitalisation s'impose notamment si le nourrisson a un aspect « toxique », en cas d'apnée, de cyanose, de fréquence respiratoire supérieure à 60 (risque de fausses routes), s'il existe une difficulté pour l'alimentation. Certains facteurs de risques doivent inciter à la prudence, dont un âge inférieur à 6 semaines, une prématurité, une cardiopathie ou autre pathologie chronique grave, une difficulté psychosociale.En cas de maintien à domicile, le médecin doit dispenser à la famille une information précise et s'assurer de la bonne compréhension des signes d'aggravation tels que : refus d'alimentation, troubles digestifs, changement de comportement, détérioration de l'état respiratoire, élévation de la température. Toute aggravation de l'état de l'enfant impose une réévaluation médicale rapide.

(1) Stein et coll., Lancet 1999 ; 354 : 541-45.(2) Sigurs et al. AJRCCM 2000 ; 161 : 1501-1507.(3) http://www.anaes.fr/anaes/Publications.nsf/nPDFFile/TL_ASSI-

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