Préservatifs : 10 choses fausses à ne plus croire

Il ne protège que contre le Sida
La prévention d'une infection par le VIH – virus responsable du Sida – est son usage le plus médiatisé. Mais le préservatif est loin de se limiter à ce rôle. Il permet de se prémunir de nombreuses autres infections sexuellement transmissibles (IST) : gonocoques, hépatites virales, herpès, mycoplasmes…
"Actuellement, ces IST connaissent une véritable explosion, chez les homosexuels comme chez les hétérosexuels, souligne le Dr Anne Simon, responsable du Centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). A cela s'ajoute une hausse des cas d'hépatite C dans la population homosexuelle." Une recrudescence sans doute due au recul progressif de l'usage du préservatif.
Mais le préservatif a encore une utilité : il permet d'éviter des grossesses non désirées. Les Français ne s'y trompent d'ailleurs pas. 15 % d'entre eux l'utilisent en tant que contraceptif.
Il diminue les sensations
C'est l'un des principaux arguments avancés par les hommes réticents vis-à-vis du préservatif : il aurait tendance à réduire les sensations, et donc le plaisir. "Ce n'est pas systématique, indique le Dr Simon. Le phénomène varie d'un individu à l'autre. On peut aussi imaginer qu'il y a un aspect psychologique à cela."
Rappelons que les fabricants font, aujourd'hui, tout pour améliorer le ressenti et faciliter le port du préservatif. Il est plus fin, transmet mieux la chaleur. Certaines marques proposent même des modèles texturés, aromatisés… De quoi pimenter les rapports et redonner un peu d'attrait à ce bout de plastique millénaire.
L'enfiler fait baisser l'érection
A en croire certains, le préservatif serait "un tue l'amour". Il aurait même la capacité de couper toute vigueur à celui qui l'enfile. A condition d'être bien préparé, rien n'est plus faux ! Ce phénomène est surtout psychologique.
En y mettant de la bonne volonté, ce moment peut même être d'une grande sensualité. Car rien n'interdit le/la partenaire de poursuivre ses caresses pendant que le préservatif est déroulé. Avec un bon entraînement, le geste ne demande d'ailleurs qu'une dizaine de secondes.
Garder un emballage neuf à portée de main (dans le portefeuille ou le tiroir de chevet par exemple) évitera de fouiller la maison à la recherche du précieux outil. Et de perdre votre entrain.
Il est inutile au premier rapport
Deux personnes qui n'ont jamais eu de rapports sexuels n'ont pas besoin d'un préservatif, puisqu'elles ne sont pas porteuses d'une IST. Cette idée reçue est dangereuse à plus d'un titre.
D'abord, le préservatif est aussi un contraceptif. S'en passer, c'est donc s'exposer à un risque élevé de grossesse non désirée. S'il est vrai que des pilules du lendemain existent, mieux vaut s'épargner cette frayeur.
Par ailleurs, cette croyance nécessite une confiance absolue envers son/sa partenaire. "Ce n'est pas écrit sur notre tête, avertit le Dr Anne Simon. Pour se protéger, on peut donc considérer qu'il vaut mieux porter un préservatif." C'est aussi l'occasion de s'entraîner à manier cet outil bien utile.
Il ne sert à rien pour une fellation ou une sodomie
Si le préservatif est indispensable lors des rapports vaginaux, il l'est tout autant lors des pénétrations anales ou buccales. "Au cours d'une sodomie, il est essentiel", confirme le Dr Anne Simon. En effet, cette pratique expose particulièrement au risque d'IST car elle provoque souvent des micro-lésions. Et le sang est la voie royale de transmission de ces virus et bactéries.
Par ailleurs, une pénétration anale peut entraîner une grossesse de manière indirecte. L'anus n'est pas lié à l'intestin, mais le sperme – dans certaines conditions – peut couler jusqu'au vagin. Si la lubrification est suffisante, certains spermatozoïdes seront capables d'atteindre le col de l'utérus.
Concernant la fellation, un peu de nuance est nécessaire. Les muqueuses de la bouche sont relativement hostiles au VIH – sauf en cas de petites blessures. Dans ce cas, la contamination se fait par le sang. "Mais la syphilis se transmet extrêmement bien et on a déjà observé des gonocoques de la gorge", souligne le Dr Simon. Par prudence, le port du préservatif semble donc nécessaire.
Il s'enfile dans n'importe quel sens
Il est important d'enfiler correctement le préservatif, car de cette démarche dépend son efficacité. Le réservoir, situé au bout de ce plastique fantastique, est chargé de récupérer le sperme au moment de l'éjaculation. Il doit donc être pincé, afin d'évacuer l'air.
Ce réflexe évitera que la pression ne fasse craquer le préservatif au moment fatidique, ou que le liquide fertile ne glisse le long du pénis. Un élément permet aussi de s'assurer que l'outil a été placé correctement : l'anneau situé à l'extrémité basse doit être tourné vers l'extérieur, et non vers l'intérieur.
Il ne périme jamais
Sur chaque emballage de préservatif, collectif ou individuel, une date limite de consommation (DLC) est indiquée. La respecter est important. "Le préservatif est protégé par son blister, explique le Dr Anne Simon. Si on dépasse trop la date, le préservatif est plus sec, moins résistant. Il perd de ses qualités, et donc de son efficacité." Trop attendre, c'est donc risquer de voir le revêtement se déchirer pendant l'acte.
Par ailleurs, hors de question de "recycler" les préservatifs. Ceux-ci sont à usage unique pour une bonne raison. Pendant un rapport, "il est chauffé et soumis à des conditions qui le rendent poreux, explique l'interniste parisienne. Si on le lave, c'est encore pire car on évacue le lubrifiant intérieur."
Il n'existe que pour les hommes
Le préservatif n'est pas seulement l'apanage des hommes. Des modèles féminins existent, même s'ils manquent de popularité. 85 % des femmes ne l'ont jamais testé, selon un sondage réalisé par le laboratoire Terpan – qui en fabrique.
Le Dr Anne Simon y voit plusieurs raisons, à commencer par son prix, bien plus élevé que les modèles masculins. "Il est un peu bruyant lors des rapports sexuels, ce qui peut gêner les hommes ou les femmes, ajoute-t-elle. Le fait qu'il soit rabattu sur les grandes lèvres, de manière visible, peut aussi gêner, même si c'est moins le cas dernièrement." Il présente toutefois un avantage de taille : une femme peut le mettre à l'avance.
En mettre deux, c'est mieux
Augmenter le nombre de couches de protection n'est pas toujours une bonne idée. Surtout quand il s'agit du préservatif. Loin d'améliorer l'efficacité, ce geste augmente le risque d'accidents. "Les deux préservatifs vont chauffer et se dessécher pendant le rapport. Ils risquent donc de craquer", explique le Dr Anne Simon.
Le problème est le même pour l'utilisation conjointe d'un préservatif masculin et de son équivalent féminin. Les deux vont se frotter et risquent de rompre.
On ne peut pas mettre de lubrifiant en plus
Tous les lubrifiants ne sont pas compatibles avec le latex du préservatif. Les liquides gras ou à base de vaseline sont, en effet, à éviter. Mais de nombreux modèles peuvent tout à fait être utilisés en plus du préservatif. "Lors de la sodomie, c'est quasiment indispensable, sinon le préservatif craquera", ajoute le Dr Anne Simon.
Les liquides hydrosolubles, à base d'eau ou de silicone, sont particulièrement conseillés. A noter que l'emballage mentionne quand le préservatif n'est pas compatible.
Sources
Quatre ans après la crise de la pilule, les évolutions de poursuivent, Santé publique France, 2017
19% des jeunes français pensent que l’on peut guérir du SIDA, Laboratoire Terpan, 2017
Encore près de 3 étudiants sur 10 ont de fausses croyances sur les modes de transmission du SIDA, SMEREP, 16 novembre 2017
Fiche "Préservatif", Sida Info Service, consulté le 7 février 2018