Moustiques : comment ne pas se faire piquer

Un bouton rouge, enflé, qui gratte ? Ce signe-là... vous le connaissez sans doute : c'est celui de la piqûre de moustique. Chaque année, notre sang sert de repas à ces insectes voraces. Et les suites de la piqûre nous empoisonnent l'existence.
Et outre les sévères démangeaisons qu'ils provoquent, les moustiques se révèlent être de véritables "serial killers". En effet, malgré leur petite taille, ils sont les responsables du plus grand nombre de décès chez les Hommes ! Ils ont fait 830 000 morts en 2015, selon une infographie publiée par Gatesnotes, le blog de Bill Gates. Ces insectes tuent ainsi plus que les hommes (580 000 décès) ou encore les serpents (60 000 morts), respectivement 2e et 3e du podium.
En effet, les femelles peuvent transmettre des maladies aux êtres humains par leur piqûre. Elles sont des vecteurs du chikungunya, de la fièvre de la Vallée du Rift, de la fièvre jaune, du virus West Niles, du Zika, de la filariose ou encore l'encéphalite japonaise. Le moustique est également un des principaux responsables du paludisme et de la dengue.
Il est donc important de se protéger de ces bestioles et de leur trompe. Des techniques les plus modernes aux remèdes plus traditionnels, on vous explique comment ne pas vous faire piquer.
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Utiliser un répulsif
Si vous êtes régulièrement victime des moustiques, l'idéal est de se tourner vers une méthode validée : l'usage d'un répulsif à base d'insectifuge. Ce conseil vaut particulièrement lorsque l'on réside en zone infestée par des moustiques vecteurs de maladies infectieuses (chikungunya, Zika, paludisme, etc).
Disponibles en pharmacie, les produits de ce type sont nombreux et adaptés à bien des situations. En fonction de la zone géographique ou de l'âge, il est donc possible de trouver un répellent efficace.
Attention toutefois à appliquer régulièrement du répulsif, car la durée de protection varie de 4 à 8 heures selon la substance utilisée mais aussi les conditions d'utilisation. En zone humide ou en cas de forte transpiration, il sera peut-être nécessaire de renouveler les applications plus fréquemment.
Quelques règles de prudence...
Le problème, c'est que ces répulsifs chimiques peuvent s'avérer toxiques pour certaines personnes. "Il est bon de préciser au pharmacien ou à la pharmacienne pour quelles raisons on recherche un répulsif", confirme Marcelline Grillon, présidente du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens en Centre-Val-de-Loire.
En effet, selon l'âge, certaines molécules sont tout simplement contre-indiquées ou le nombre maximal d'applications limité. "Il faut faire plus attention pour les enfants et les femmes enceintes, indique la pharmacienne d'officine. Pour les femmes enceintes, l'utilisation peut n'être recommandée qu'en cas de voyage vers une zone à risque."
Le DEET (Insect Ecran®, Moustifluid®, Care Plus®), par exemple, est contre-indiqué chez l'enfant au-delà de 30 % de concentration. L'IR3535 (Apaisyl®, Aptonia®) est, par contre, autorisé en dessous de 20 % de concentration – dans la limite d'une application par jour à partir de 6 mois.
Ces informations sont disponibles directement sur les notices d'explication. Mais elles sont aussi accessibles sur la base de données en ligne SIMMBAD, qui liste les substances autorisées.
Sur la peau ou sur les vêtements ?
Parmi les multiples répulsifs sur le marché, tous ne sont pas utilisables de la même façon. Certains peuvent être appliqués sur la peau, d'autres sont à diffuser sur les vêtements et les moustiquaires, afin de les imprégner. En effet, on estime que 40 % des piqûres se produisent à travers un tissu.
Il s'agit, par exemple, de la perméthrine (Biovectrol® Tissus, Cinq sur Cinq Tropic® spray vêtement, etc). Ces produits ciblent le système nerveux des moustiques, et peuvent donc avoir des effets neurotoxiques. Les modalités d'usage sont généralement précisées sur la notice d'explication.
"Tous les répulsifs font actuellement l'objet d'une réévaluation de leurs effets, en tant de protecteurs mais aussi concernant les risques de toxicité", souligne Marcelline Grillon. Certains, considérés comme essentiels, devront déposer une demande d'autorisation de mise sur le marché (AMM) – au même titre que les médicaments.
Les huiles essentielles efficaces
Outre ces solutions chimiques, des alternatives naturelles efficaces existent : les huiles essentielles qui ont une action répulsive sur les moustiques. La plus connue est l'huile essentielle de citronnelle.
"Cette essence fonctionne plutôt bien, soit en diffusion, soit en application sur la peau", indique Marcelline Grillon. Celles à base de lavande, d'eucalyptus citronné, de menthe poivrée ou encore de lemongrass sont à tester. "Mais il ne faut pas les utiliser chez l'enfant, et elles doivent s'appliquer à de très faibles doses", avertit cette pharmacienne.
En effet, naturel ne signifie pas sans danger. Et la forte concentration de produit peut rapidement provoquer des symptômes de surdosage. Le contact cutané peut, par exemple, donner lieu à des irritations ou des sensations de brûlure.
"Il faut toujours faire attention avec les huiles essentielles, résume Marcelline Grillon. Par ailleurs, cela peut être insuffisant en zone infestée." Attention également à la nature des huiles essentielles utilisées : sauge, eucalyptus ou encore camphre peuvent provoquer des convulsions chez l'enfant.
Le baume du tigre, un répulsif puissant
Autre solution naturelle, le baume du tigre. Sous forme de spray ou en crème, il est soupçonné de repousser les moustiques ainsi que d'autres insectes. Une utilisation traditionnelle qui risque, toutefois, de s'avérer insuffisante en zone infestée.
Marcelline Grillon alerte aussi sur les propriétés du produit. "Il s'agit d'un produit qui chauffe, et donc qui peut irriter la peau, souligne cette pharmacienne. Comme il contient du camphre, il est contre-indiqué chez l'enfant et la femme enceinte."
Face à ce type de produit, "il est important de s'assurer que les produits qu'on utilise ne sont pas photosensibilisants, qu'ils laissent une trace sur la peau", recommande la spécialiste. C'est le cas du baume du tigre, qui ne doit pas être utilisé en cas d'exposition au soleil.
Porter des vêtements adaptés
Comme tout un chacun, les moustiques sont adeptes de la facilité. S'ils identifient un bout de chair exposé, ils le piqueront en priorité. Il est donc recommandé de porter des vêtements couvrants lorsque les insectes sont de sortie.
"C'est particulièrement conseillé le soir, car c'est à cette période que les moustiques piquent", insiste Marcelline Grillon. Mieux vaut privilégier des vêtements longs, amples, mais aussi épais. Rappelons-le, ces insectes sont capables de piquer à travers un tissu.
Le port de couleurs clairs est aussi à préférer, car les couleurs vives et foncées attirent particulièrement ces bestioles.
Utiliser un ventilateur s'il fait chaud
En période de forte chaleur, vous pourrez aussi trouver un ami en votre ventilateur. Non seulement parce qu'il rafraîchit, mais aussi parce qu'il éloigne les moustiques. En provoquant de forts vents, l'appareil empêchera l'insecte de trop vous approcher.
"Si malgré tout la piqûre a eu lieu, il faut se rappeler de bien la désinfecter, conclut Marcelline Grillon. Il peut y avoir des lésions de grattage, parce qu'on se gratte sans y penser." Le désinfectant évitera les surinfections.

Sources
Protection contre les piqures de moustiques et de tiques, Institut Pasteur de Lille, consulté le 30 mai 2018
Répulsifs pour la protection contre les piqûres d'arthropodes (hors araignées, scorpions, scolopendres et hyménoptères) / Composition, nom commercial, présentation et mode d'utilisation, ministère de la Santé, version du 1er mars 2016
Base de données SIMMBAD
Why I’d Rather Cuddle with a Shark than a Kissing Bug, Bill Gates, 10 octobre 2016