Ménopause : moins de 15% des femmes reçoivent un traitement efficace

Publié par Emilie Cailleau
le 19/09/2023
Maj le
4 minutes
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Dans une vaste étude, parue dans la revue Cell, des experts internationaux pointent du doigt les lacunes persistantes concernant la reconnaissance de la ménopause, sa prise en charge, et proposent des pistes d'amélioration. On fait le point.

Mal considérée, sous-estimée, la ménopause est une période durant laquelle de nombreuses femmes se retrouvent souvent démunies. L’arrêt définitif de la production ovarienne marque la transition vers une nouvelle page de vie, que les femmes traversent avec plus ou moins de soubresauts.

Et pour cause, les symptômes annonçant la ménopause sont ressentis avec plus ou moins d’intensité. Bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, altération de l’humeur, fatigue, vieillissement de la peau, sécheresse vulgo-vaginale, troubles urinaires, anxiété, douleurs articulaires…

La pléiade de manifestations, distinctes d’une femme à l’autre, peut elle-même renforcer le stress et l’appréhension associés à cette période. Ces maux quotidiens, qui peuvent durer plusieurs ou moins longtemps, se conjuguent bien souvent à la pudeur et la gêne d’exprimer ces difficultés et les tourments à son entourage.

La traversée de la ménopause se mue alors en expérience douloureusement silencieuse, laissant parfois le champ libre à une impression de solitude pour les femmes qui ne se sentent pas écoutées.

Le tabou de la ménopause

Le regard biaisé que porte la société sur la ménopause (associé à nombre d’idées reçues et à la perception négative de la vieillesse) n’encourage pas les femmes à parler de leur expérience.

Minimisée, la question de la ménopause, de ses symptômes et du bien-être physique et psychologique féminin pendant cette période, reste un sujet tabou. Un sondage Essity a mis le doigt sur le peu de sensibilisation sur la problématique de la ménopause, révélant que 44% des femmes interrogées se disent insuffisamment informées sur la ménopause et ses effets. Un défaut d’information qui complique la prise en charge et l’accompagnement adéquats des concernées.

Ménopause : des lacunes persistantes

Une nouvelle étude, parue le 6 septembre dans la revue Cell, met en évidence l’effet pervers de ce manque de considération sur le traitement des femmes ménopausées. Une équipe d’experts de la ménopause de renommée mondiale s’est penché sur sept décennies de recherches réalisées sur le sujet pour en dresser un constat implacable : moins de 15 % des femmes éprouvées par la ménopause reçoivent un traitement efficace pour leurs symptômes.

Ménopause : un état des lieux des connaissances sur 71 ans de recherches

Les chercheurs font état de sérieuses lacunes concernant les options de traitements proposées aux femmes qui souffrent de symptômes intenses ou contraignants, en raison d’un déficit criant de recherches sur les thérapies possibles.

En plus de subir les conséquences d’investigations fragmentaires, les traitements actuels s’avèrent d’une efficacité discutable ou pourvoyeurs d’effets indésirables qui nuisent à la santé des femmes.

"Le chemin vers la ménopause n'est pas difficile pour toutes, mais pour certaines, les symptômes peuvent être graves ou même invalidants et perturber le travail et la famille", rappellent les auteurs de l’étude originaires d’Australie, d’Italie et des États-Unis.

Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont décortiqué plus de 200 publications sur une période de 71 ans, afin de dresser un état des lieux et une synthèse des connaissances actuelles sur la ménopause.

Ménopause : un manque de reconnaissance par la communauté scientifique

Leur verdict est clair : peut mieux faire. "Malgré des décennies de recherche sur la ménopause, il reste encore beaucoup à faire", affirment les chercheurs.

Les experts plaident pour une meilleure reconnaissance par la communauté scientifique de cette période souvent mouvementée de la ménopause. "La reconnaissance du fait que la ménopause, pour la plupart des femmes, est un événement biologique naturel, ne dispense pas de l'utilisation d'interventions pour soulager les symptômes".

Parmi les améliorations à effectuer, des efforts importants sont à fournir sur les symptômes de la ménopause. Très diversifiés, les effets des symptômes sur la santé des femmes restent encore mal étudiés. Et aucun signe visible ne signifie pas nécessairement absence de symptômes, font valoir les experts. "Si une personne ne présente aucun symptôme notable, il peut y avoir d'importantes "conséquences silencieuses sur la santé", notamment une perte osseuse et un risque plus élevé de diabète, de maladies cardiovasculaires et de certains types de cancers", cite comme exemple l’étude.

Ménopause : des prises en charges holistiques, individualisées

Concernant la prise en charge des symptômes de la ménopause, les experts appellent à des traitements plus efficaces, plus sûrs et plus adaptés à chaque femme, sans négliger leurs effets sur la santé physique et mentale de la patiente et les éventuels problèmes de santé adjacents. Des thérapies holistiques "individualisées en fonction de l'âge et des risques pour la santé", en reconnaissant que ces derniers peuvent augmenter avec le vieillissement.

Les chercheurs proposent aussi une remise à plat de certaines notions, à commencer par la définition même de la ménopause en parlant de "l'arrêt définitif de la fonction ovarienne" plutôt que de se focaliser sur l’arrêt des menstruations. Cette nouvelle définition, plus inclusive que l’actuelle, permettrait de mieux prendre en compte les personnes "qui ont des règles irrégulières, qui utilisent certains types de contraception comme les stérilets, qui ont subi une hystérectomie", par exemple, explique l’étude.

Ménopause : une chronologie des phases à repenser

Les chercheurs préconisent aussi de clarifier la chronologie des phases de la ménopause, en expliquant à quel moment elle commence, en la distinguant de la périménopause. Mal comprise et subjective, celle-ci reste entourée d’un halo de confusion. Les chercheurs demandent à ce que le début du processus de la ménopause soit davantage étudié.

 

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