Ménopause : l’infertilité liée à des symptômes plus graves

Règles irrégulières, bouffées de chaleur, troubles du sommeil. Ces symptômes font partie des signes fréquemment mentionnés par les femmes à l’orée de la ménopause. Cette période charnière, survient aux alentours de 50 ans mais peut afficher ses prémices autour de 40-45 ans chez certaines femmes.
Cette transition dans la vie d’une femme, marqué par l’arrêt de la production des hormones sexuelles (oestrogènes) par les ovaires, est vécu différemment d’une femme à l’autre.
Près d’une soixantaine de symptômes distincts peuvent être ressentis, bien que celles-ci n’en aient pas toujours conscience. Un récent sondage pour Essity, réalisé en juin dernier, révélait que près d’une femme sur deux se sent mal informée sur cette problématique de santé féminine. Une méconnaissance révélatrice d’un tabou encore trop ancré dans notre société.
La plupart des symptômes restent obscurs aux yeux de l’opinion publique. Et l’absence de sensibilisation autour de ce sujet de santé participe de cette opacité. Chez les femmes concernées, ce manque d’information renforce la pudeur, voire la gêne à extérioriser les désagréments ressentis. Les symptômes de la ménopause, d’intensité variable d’une femme à l’autre, seraient régis par une palette de facteurs à la fois comportementaux, biologiques, sociaux, psychologiques et démographiques.
L’infertilité, un facteur de risque peu documenté
Une nouvelle étude parue dans Menopause, la revue de la Menopause society, nous en apprend plus sur les manifestations liées à la ménopause, en mettant en lumière le poids d’un facteur de risque peu étudié jusqu’ici : l’infertilité.
L’étude suggère que les femmes ayant souffert d’infertilité sont plus à risque de présenter certains symptômes de la ménopause, et notamment de souffrir d'humeur dépressive, d'irritabilité et de troubles du sommeil.
L’infertilité désigne la difficulté à concevoir un enfant. On parle d’infertilité en cas d’absence de grossesse malgré des rapports sexuels non protégés et réguliers (deux à trois fois par semaine) et sans contraception, pendant une période d’au moins 12 mois.
L’infertilité liée à une survenue précoce de la ménopause
L’étude, menée auprès de 700 femmes âgées de 45 ans et plus, conclut que les femmes présentant des antécédents d'infertilité peuvent connaître une ménopause plus précoce. Elles seraient également plus sujettes à des symptômes de la ménopause plus intenses.
Autre enseignement de l’étude : l'infertilité est vécue comme un facteur de stress "équivalent à un diagnostic de cancer", associé à une augmentation des symptômes de la ménopause.
Alors que la littérature scientifique manque cruellement de données sur le sujet, les chercheurs se sont ici penchés sur l’impact des antécédents d'infertilité au cours de la vie, précisement sur la façon dont sont vécus les symptômes de la ménopause à l'âge mûr.
Environ un tiers (36,6 %) des participantes ont déclaré avoir déjà souffert d'infertilité.
Pas d’association avec les bouffées de chaleur
Si les femmes ayant été infertiles étaient plus tendance d’éprouver des troubles du sommeil, une humeur dépressive et une irritabilité, l'infertilité n’a en revanche pas été associée à d’autres symptômes courants de la ménopause tels que les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale ou l'anxiété.
Ces travaux ne sont pas les premiers à établir une corrélation entre l’infertilité et le risque de souffrir de symptômes dépressifs. Par le passé, des études ont montré que 30 à 60 % des femmes ayant reçu un diagnostic d’infertilité, et qui suivent un traitement pour concevoir un enfant, sont touchées par la dépression. Néanmoins, cette étude est la première à pointer le lien entre un antécédent d'infertilité et la survenue de symptômes dépressifs au milieu de la vie.
Un indicateur utile pour un dépistage précoce de la dépression
Les chamboulements hormonaux et le déficit en sommeil (insomnies parfois doublées du sueurs nocturnes) s’avèrent souvent à l’origine des épisodes dépressifs expérimentés par certaines femmes en pré-ménopause ou pendant la ménopause.
En soulignant ainsi le rôle de l’infertilité sur certains signes de la ménopause, l’étude suggère que l’infertilité pourrait constituer un indicateur utile pour mieux diagnostiquer et prendre en charge les symptômes dépressifs, chez les femmes ménopausées.
"Les femmes d'âge mûr ayant des antécédents d'infertilité pourraient ainsi bénéficier d'un dépistage accru de symptômes dépressifs ", a commenté le Dr Stephanie Faubion, directrice médicale de The Menopause Society, citée dans un communiqué.