Mauvaise haleine : oubliez l’estomac, le vrai coupable se cache ailleurs (dans 90% des cas)
Bactéries et gaz sulfurés : la mécanique secrète de l'odeur
L'halitose, ou mauvaise haleine, est un phénomène bien plus répandu qu'on ne l'imagine, affectant entre 25 % et 50 % de la population de manière occasionnelle ou chronique.
Cette condition, bien que bénigne dans la majorité des cas, peut avoir des répercussions significatives sur la confiance en soi et les interactions sociales. Comprendre son origine est la première étape pour la maîtriser, et contrairement aux croyances populaires tenaces, elle ne provient que très rarement de l'estomac.
Le véritable coupable est un processus biochimique précis qui se déroule au sein de la cavité buccale. L'odeur caractéristique de la mauvaise haleine est due à des gaz appelés composés sulfurés volatils (CSV). Ces substances, comme le sulfure d’hydrogène ou le méthylmercaptan, sont produites par la dégradation de protéines issues des résidus alimentaires, des cellules mortes de la bouche et de la salive.
Ce sont des bactéries dites anaérobies, qui vivent sans oxygène, qui orchestrent cette décomposition malodorante.
La langue : le repaire n°1 des bactéries responsables
Les recherches sont formelles : dans 85 % à 90 % des cas, les causes de l'halitose sont directement buccales. Le principal réservoir de ces bactéries se trouve sur la face supérieure de la langue. Sa surface rugueuse et papillaire est un refuge idéal pour les micro-organismes et les débris, formant un enduit lingual. Cet enduit est responsable à lui seul de 41 % à 51 % des cas d'halitose d'origine buccale.
Le rôle de la langue dans la mauvaise haleine est donc central, et son nettoyage régulier est l'une des mesures les plus efficaces pour la combattre. Une mauvaise hygiène buccale favorise logiquement l'halitose en laissant la plaque bactérienne s'accumuler.
Outre la langue, d'autres facteurs peuvent aggraver le problème. Les maladies parodontales, comme la gingivite et la parodontite, sont une cause majeure. Les poches qui se forment entre la gencive et la dent deviennent des nids à bactéries anaérobies.
D'autres affections telles que les caries profondes, les abcès dentaires ou des prothèses mal ajustées peuvent également contribuer à une mauvaise haleine chronique.
Enfin, la sécheresse buccale, ou xérostomie, diminue le flux de salive, dont le rôle est de nettoyer naturellement la bouche. Sans cette action de nettoyage, les bactéries prolifèrent plus facilement.
Ail, régime, matin... Quand l'halitose n'est que passagère
Il est important de faire la distinction avec l'halitose transitoire, que tout le monde expérimente. L'haleine du matin, par exemple, est causée par une production de salive réduite durant la nuit.
La consommation de certains aliments comme l'ail ou l'oignon peut aussi provoquer une haleine chargée, car leurs composés soufrés passent dans le sang après digestion et sont libérés par les poumons. De même, le jeûne ou les régimes pauvres en glucides peuvent générer une odeur d'acétone due à la production de corps cétoniques.
L'estomac : le grand mythe de la mauvaise haleine
Les causes extra-buccales de l'halitose sont, quant à elles, très rares et ne représentent que moins de 10 % des situations.
Elles peuvent inclure des infections de la sphère ORL (sinusite ou amygdalite chronique) ou, plus rarement, des maladies systémiques comme un diabète non contrôlé ou une insuffisance rénale.
L'idée que l'estomac est le principal responsable est un mythe : l'œsophage est normalement fermé. Seuls des cas spécifiques comme un reflux gastro-œsophagien sévère peuvent être impliqués. Parfois, aucune cause n'est détectée, et la personne souffre d'halitophobie, une peur excessive et injustifiée d'avoir mauvaise haleine qui peut mener à l'isolement.