La maladie de Lyme en 6 questions

Comment contracte-t-on la maladie de Lyme ?
La transmission à l’homme de la bactérie Borrelia burgdorferi à l’origine de la maladie de Lyme ou borréliose de Lyme, se faitvia une piqûre de tique du genre Ixodes. Mais pas uniquement. Les spécialistes de la maladie admettent aujourd’hui que l’infection peut se faire par la voie materno-foetale. Une femme enceinte peut donc transmettre la maladie à son bébé via le placenta. De même, en cas d’infection, il est recommandé de ne pas allaiter car des bactéries ont été retrouvées dans le lait maternel. Une transmission par le sang est soupçonnée aussi : par prudence, aux Etats-Unis, les donneurs porteurs de borréliose ne sont pas acceptés par la Croix-Rouge. Une étude internationale, publiée dans le Journal of Investigative Medicine en 2014, indique également un risque éventuel de contamination par voie sexuelle. Enfin, plusieurs études montrent que d’autres insectes comme les aoûtats, les taons, les punaises et les moustiques... pourraient être des vecteurs de la maladie de Lyme, ce qui pourrait expliquer la propagation de la maladie.
Quelle est la période de l'année plus à risque ?
Les contaminations sont plus fréquentes lors de la période d’activité maximale des tiques, à savoir entre le début du printemps et la fin de l’automne en France.
Quelles sont les régions les plus à risque en France ?
Le nombre de nouveaux cas par an en France est estimé à 27 000 mais, la maladie de Lyme n’étant pas forcément bien diagnostiquée, il en existe certainement beaucoup plus (le chiffre de 300 000 est évoqué). La tique est présente sur tout le territoire, mais plus particulièrement sur le quart nord-est de la France. C’est donc en se promenant en forêt dans ces régions du printemps à la fin de l’automne que le risque de piqûre de tique est le plus élevé. La maladie de Lyme sévit très largement dans les régions tempérées et froides de l’hémisphère nord. En France, l’incidence varie fortement d’une région à l’autre.
Alsace, Lorraine, Auvergne et Limousin : attention !
L’Est (Alsace, Lorraine) et le centre du pays (Limousin, Auvergne) sont les plus touchés. La maladie de Lyme sévit très largement, avec une incidence pouvant atteindre plus de 200 cas / 100.000 habitants en Alsace. Seule une petite bande de territoire en zone méditerranéenne et des régions situées à une altitude élevée (au-dessus de 1.500 m) sont épargnées par les tiques infectées.
Les symptômes : comment reconnaître une maladie de Lyme ?
Trois à trente jours après la piqure de tique, la maladie de Lyme se caractérise par un « érythème chronique migrant » : une éruption rouge et inflammatoire qui s’étend rapidement autour du point de piqûre, parfois accompagnée de fièvre. Lorsque cet érythème évocateur passe inaperçu et en l’absence de traitement, la maladie de Lyme se manifeste plusieurs semaines ou mois après mais alors à un stade plus grave : troubles articulaires, cutanés, cardiaques et neurologiques, aggravant le pronostic alors que l’évolution est très favorable lorsque la maladie est diagnostiquée et traitée précocement.
Attention : l’absence d’érythème ne signifie pas forcément absence d’infection. Selon la fondation canadienne pour la maladie de Lyme, 50% des personnes mordues n’ont pas d’érythème mais une irruption cutanée de style piqûre d’araignée.
Un test diagnostic (Elisa) existe en France pour dépister la maladie mais il manque de fiabilité. Certains médecins préfèrent le test utilisé en Allemagne (Elispot) apparemment plus efficace.
Quel traitement contre la maladie de Lyme ?
Le traitement repose sur la prescription d’antibiotiques, d’autant plus efficaces qu’ils sont prescrits précocement. Instaurés au stade de l’érythème migrant, la guérison est rapide avec prévention des complications.
Les précautions à prendre pour éviter de contracter la maladie de Lyme
- Se protéger des piqûres de tiques
Le port de vêtements couvrants s’impose pour se protéger des piqûres de tiques : manches longues, pantalon long, chaussures montantes, chaussettes hautes dans lesquelles rentre le bas du pantalon, chapeau, etc. Les tiques sont peu sensibles aux insecticides mais il est conseillé, néanmoins, de vaporiser un répulsif sur ses chaussures, ses cheveux, sa peau et ses vêtements avant de sortir en forêt ou dans des espaces verts. Prendre une douche dans les deux heures suivant la promenade est un bon moyen de repérer une tique.
A savoir : les tiques n’aiment pas les plantes aromatiques, notamment l’aneth, la camomille, la lavande, la menthe, les chrysanthèmes... En avoir dans son jardin est un atout.
- Inspecter sa peau après chaque balade en forêt
Après une sortie en forêt, il faut examiner soigneusement sa peau (particulièrement la nuque, le cuir chevelu, le nombril, les aisselles, les jambes, le pli du genou, les oreilles) et ses vêtements afin de détecter la présence de tiques, lesquelles doivent être retirées le plus rapidement possible, en évitant de casser le rostre. Les animaux domestiques peuvent être porteurs de tiques, il faut les examiner aussi.
- Le bon geste pour ôter une tique
Utiliser un tire-tique (vendu en pharmacie) ou une pince à épiler. Saisir délicatement la tique au plus près de la peau et retirer sans forcer vers le haut dans un mouvement de rotation pour que son appareil buccal ne se casse dans la plaie. Désinfecter la plaie. Ne surtout pas tenter de l’attraper avec les doigts ou de la tuer avec de l’éther ou de l’alcool.
- Consulter vite en cas d’érythème migrant
Il n’est pas recommandé de mettre sous antibiotiques par mesure de précaution toutes les personnes ayant été piquées car toutes les tiques ne sont pas infectées. En revanche, il faut surveiller l’apparition d’un érythème chronique migrant (auréole rouge qui s’étend de jour en jour) afin de consulter rapidement son médecin tout en lui précisant des activités en forêt, mais aussi devant une plaie ou en cas de fièvre et de symptômes ressemblant à ceux de la grippe.
Face à la mobilisation des patients atteints par la maladie de Lyme qui se battent pour que leur maladie soit mieux diagnostiquée et reconnue, la ministre de la Santé a annoncé la mise en place d’un plan d’action en septembre prochain. Objectif : renforcer la prévention, améliorer le dépistage et la prise en charge des malades.
À savoir :Les tiques peuvent transmettre d’autres virus et bactéries, notamment responsables d’encéphalites et de fièvre hémorragiques. Il existe un vaccin contre la méningo-encéphalite à tiques.
Sources
Institut Pasteur, www.pasteur.fr. Ministère de la Santé, www.sante.gouv.fr. Invs, BEH, hors-série, 6-8, 14 septembre 2010, rapports d’activité du CNR des Borrelia. BEH n°22-23, 4 juin 2013, Recommandations sanitaires pour les voyageurs, 2013. Association française pour la maladie de Lyme, www.lesnympheas.org