Implants mammaires : quels sont les risques ?

Sabine, 48 ans, a eu une très mauvaise surprise lors de sa séance de bronzage dans un patio du Cap-Ferret. D’après les informations du Journal du Dimanche, la quadragénaire trouve son sein droit brûlé avec deux grosses cloques après une heure et demie passée au soleil. Cela fait quinze ans que cette habitante des Hauts-de-Seine porte un implant à ce sein suite à une reconstruction mammaire. Une autre patiente, originaire d’Aix-en-Provence, en est à sa quatrième prothèse et a rencontré le même problème. 

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S’exposer au soleil après une chirurgie du sein : quel danger ?

Le docteur des deux femmes, Isabelle Sarfati, est spécialiste de la chirurgie et de la réparation du sein. “On voit tous, dans nos services, un ou deux cas de brûlures par été”, rapporte le docteur Sarfati. Cette experte n’a aucun doute sur l’origine de la blessure : une exposition au soleil couplée à un maillot de bain de couleur foncée. En effet, selon l’Institut du sein de Paris où travaille Dr Sarfati, “s’exposer au soleil en maillot de bain sombre fait courir un risque de brûlure cutanée grave pouvant compromettre la reconstruction”.

À noter que les bouillottes et les lampes chauffantes peuvent avoir des effets similaires. Isabelle Sarfati rassure les concernées : “Il ne faut pas affoler les foules. Il suffit de dire à ces femmes non pas de ne pas bronzer, mais de faire attention aux brûlures, d'y penser et de ne pas porter un maillot de bain noir”, conseille-t-elle. Elle préconise, par exemple, de poser un tee-shirt sur le sein reconstruit en cas d’exposition. Ainsi, l’implant mammaire ne chauffera pas. 

Est-il risqué de bronzer après une chirurgie esthétique du sein ?

Non. L’Institut du sein de Paris précise que seules les femmes ayant procédé à une reconstruction mammaire sont concernées. Le compte Instagram officiel de l’institut explique ainsi que le risque “existe tant que le sein reconstruit n'a pas retrouvé sa sensibilité, la patiente ne ressentant pas la brûlure”. Les opérations à but esthétique n’impliquent pas ces brûlures cutanées. Existe-t-il d’autres risques liés à l’exposition au soleil ? C’est la question que nous avons posée au Docteur Thierry Ktorza, Chirurgien Esthétique à Paris 16. 

Thierry Ktorza pratique essentiellement de la chirurgie esthétique depuis plus de vingt ans. Sa devise : “On peut faire bien que ce que l’on fait tous les jours”. Cet expert s’est fait un nom en communiquant sur Internet, notamment via son site La Chirurgie Esthétique.

D’après le chirurgien plasticien, la pose d’implants mammaires est l’intervention la plus populaire en chirurgie esthétique et probablement l’une des plus pratiquées. Ce type d’opération doit son succès à des résultats immédiats et à de rares complications, qui, selon le docteur, “restent à des taux très inférieurs à 1%”. En ce qui concerne le bronzage, Thierry Ktorza est formel : il n’y a aucun souci avec l’exposition solaire et les prothèses. Il souligne que l’exposition solaire est un risque en soi, avec ou sans prothèse.

Quels sont les risques liés aux implants mammaires ? Le Dr Ktorza démêle le vrai du faux.

Quelles sont les précautions à prendre après une chirurgie esthétique des seins ? 

Suite à une opération esthétique des seins, il n’y a pas de recommandation particulière, hormis un massage quotidien de la poitrine pour habituer le corps à coexister avec les implants posés. "Cela va rendre les seins plus souples dans le temps et favoriser l'autopalpation de la poitrine", assure le chirurgien plasticien.

Il faut simplement porter un soutien-gorge de contention pour maintenir sa poitrine. En revanche, il convient de rester tranquille pendant une quinzaine de jours car il reste un risque d’hématome et donc de saignements. Au-delà, il n’y a plus de disposition à prendre. 

On peut reprendre ses activités professionnelles au bout d’une semaine, à condition qu’elles ne soient pas trop intensives. En ce qui concerne les sportives, il est préférable d’attendre un mois avant de reprendre ses activités. Pour celles qui ne peuvent pas attendre, le Dr Thierry Ktorza recommande les sports comme le vélo ou la marche, à partir de quinze jours de convalescence. Veillez à porter un soutien-gorge de contention adapté pour les mêmes raisons qu’énoncées précédemment. 

Peut-on envisager une grossesse après une chirurgie esthétique des seins ? 

La grossesse est-elle déconseillée aux femmes ayant posé des implants mammaires ?  “Il est dit qu’en général, il vaut mieux attendre un an que le résultat soit stabilisé”, explique l’expert. Il souligne qu’il n’y a pas de drame non plus si la patiente tombe enceinte six mois après l’intervention.

Néanmoins, il y a une condition : ne pas prendre trop de poids. En effet, cela pourrait causer une dégradation du résultat et les seins risqueraient de tomber. Selon le Dr Ktorza, il est préférable de ne pas prendre plus de dix kilos si l’on souhaite garder l’aspect de sa poitrine post-chirurgie. 

Faut-il changer ses implants mammaires ? À quelle fréquence ? 

Le chirurgien plasticien explique avoir des recommandations médicales officielles des instances de santé en ce qui concerne le changement de prothèses : il faut les changer tous les dix à quinze ans. Jusqu’en 2016, il n’avait jamais reçu aucune demande de retrait d’implant. Aujourd’hui, notamment après le scandale des implants PIP défectueux, de nombreuses patientes souhaitent les retirer. 

Avant cela, le docteur Ktorza faisait volontiers des échographies à ses clientes : si les prothèses étaient intactes, il ne voyait aucune raison de les retirer. “Aujourd’hui, j’ai un peu changé mon fusil d’épaule”, confie-t-il. “Depuis 2016, j’ai retiré pas mal d’implants mammaires et on voit qu’après dix ans, les prothèses deviennent poreuses, on peut avoir du gel autour même si elle est intacte. Je pense effectivement que c’est une bonne chose de les changer”, poursuit le spécialiste.

Faut-il vraiment choisir un implant plus gros quand on en change ?

À titre informatif, le chirurgien rappelle que le changement de prothèses est un élément à prendre en compte au moment de la première intervention, car il implique le paiement d’une nouvelle opération tous les dix à quinze ans. D’ailleurs, la légende selon laquelle il faut impérativement prendre un plus gros implant pour un remplacement est fausse.

La pose d’implants mammaires augmente-t-elle les risques de cancer du sein ? 

La chirurgie esthétique des seins n’augmente pas les risques du cancer du sein classique. Le Dr Ktorza rappelle néanmoins qu’il existe un risque de lymphome anaplasique à grandes cellules. Il est lié à un certain type de prothèses dont les parois sont “hyper texturées”. Aujourd’hui, ces implants ont été retirés du marché. À l’heure actuelle, rien n’indique que les prothèses augmentent le risque de cancer du sein. 

Quid de la perte de sensibilité du mamelon ? 

En général, on a une baisse de la sensibilité des seins dans les mois qui suivent la pose d’implants mammaires. Selon le docteur, le retour à la normale se fait quelques mois plus tard, “dans l’immense majorité des cas”. En effet, il existe quelques cas où on a une baisse de la sensibilité du mamelon après l’intervention. Si ce risque ne peut pas être exclu, il demeure assez rare.  

Qu’est-ce qu’une coque et une rupture de l’implant ? 

Le Dr Ktorza est formel : “Le point essentiel, c’est la surveillance. Quand on se fait surveiller, on n’a pas de complications, on peut tout contrecarrer : les ruptures, les coques… les problèmes viennent des patientes qui ne se font pas surveiller pendant dix, quinze ans. il ne faut pas hésiter à retourner voir son chirurgien”, assure-t-il. L’expert conseille une visite annuelle pour éviter tout problème. 

D’après le ministère des Solidarités et de la Santé, la réaction “physiologique, normale et constante de l’organisme humain” est de rejeter les corps étrangers. Pour ce faire, il isole les tissus environnants en créant une membrane qui va entourer l’implant : cette réaction du corps est tout à fait normale. Toutefois, il arrive que la capsule s’épaississe et comprime la prothèse. Si cela peut provoquer un simple raffermissement du sein, ce qu'on appelle une "coque" peut aussi causer une constriction gênante voire une déformation de l’implant qui peut devenir douloureuse. 

Les ruptures, elles, sont des pertes d'étanchéité de l’enveloppe. Elles peuvent prendre la forme de porosité, de microfissures, de traces d’usure mais également de “véritables brèches”. Pour ces raisons, il est préférable de consulter régulièrement et de signaler rapidement toute anomalie.