Grippe aviaire : la transmission d'homme à homme confirmée

Le Vietnam vient de déplorer son 27e décès dû au virus de la grippe aviaire. En un an, 52 cas et 39 décès de personnes atteintes de grippe aviaire ont été recensés dans le sud-est asiatique. Les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) surveillent de près les foyers épidémiques dans la crainte que ce virus devienne transmissible d'homme à homme, une hypothèse fraîchement confirmée par une nouvelle publication scientifique.

Au Vietnam, un homme de 40 ans est décédé début janvier 2005 de la grippe aviaire. Son frère étant également malade, une transmission interhumaine est suspectée, d'autant plus qu'un cas semblable s'était déjà produit l'année passée en Thaïlande.La mère d'une petite fille décédée de la grippe aviaire, qui était venue s'occuper d'elle à l'hôpital, est, elle aussi, morte peu de temps après. Pourtant, ne séjournant pas au même endroit que sa fille lorsqu'elle a été contaminée, elle n'avait jamais été en contact avec des volailles infectées. De la même façon, une tante de cette petite fille est tombée malade.

C'est ainsi que l'hypothèse d'une possible transmission de personne à personne a été fortement suspectée. Après une analyse soigneuse de ces trois cas, des scientifiques viennent de rendre leurs conclusions dans une publication, confirmant cette voie de transmission. Ils ont analysé les circonstances de l'exposition aux volailles de cette petite fille, de sa tante et de sa mère, les symptômes précis de la maladie, et réalisé des tests permettant d'identifier le virus et ses propriétés.Le virus incriminé est le H5N1 dans les trois cas et les victimes sont mortes en quelques jours d'une pneumonie. La contamination de la mère par des volailles étant écartée, la transmission interhumaine, qui se serait produite à l'hôpital lors de contacts rapprochés, est la plus probable.Dans ce cas précis, comme dans celui qui s'est produit récemment au Vietnam, le virus n'aurait pas pour autant muté. Il aurait simplement profité d'une grande proximité entre deux personnes pour passer de l'une à l'autre.

Et en effet, aucun cas d'infection n'a été enregistré parmi le personnel des hôpitaux où les trois patientes ont été prises en charge. Selon le Dr Jean-Claude Manuguerra (Institut Pasteur, Paris), pour qu'il existe réellement une transmission interhumaine, il faut que chaque personne infectée transmette la maladie à au moins une autre personne. La transmissibilité d'un agent viral doit alors être supérieur au facteur 1. Par exemple, pour le SRAS, ce facteur était de 2,2 (soit contamination de 2,2 personnes pour chaque malade). Mais pour le virus de la grippe aviaire H5N1, ce facteur est proche de 0,06, ce qui fait que la transmission est familiale, que le temps de contact doit être long et la dose de virus élevée. Au final, il ne doit pas s'être produit de modifications du caractère de transmissibilité virale, ni de modification du génome viral par rapport à celui des oiseaux.

Pour ceux qui ne veulent prendre aucun risque et qui doivent se rendre dans le sud-est Asiatique, sachez qu'il est possible de se faire prescrire une boîte de Tamiflu® par son médecin. Cet antiviral est efficace contre la grippe aviaire H5N1, à condition d'être pris dès les premiers symptômes, dans les 24 heures idéalement. D'où l'importance d'avoir ce médicament avec soi. Le Tamiflu® n'est pas remboursé, sauf en prophylaxie de la grippe chez les plus de 65 ans et les personnes à risque.

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Source : Humnuan Ungchusak et coll., New England J. Med., 27 janvier 2005, édition accélérée en ligne du 24 janvier 2005.