Et si l’on prescrivait systématiquement la pilule du lendemain ?

Publié par Dr Philippe Presles
le 1/10/2012
Maj le
3 minutes
femme tenant des pilules de contrôle des naissances
getty
Une femme sur deux pense qu’elle devrait avoir la pilule du lendemain chez elle au cas où. Il s’agit de femmes en âge d’avoir un enfant bien sûr, interrogées dans le cadre d’une enquête réalisée par BVA pour HRA Pharma.C’est évidemment une très bonne idée et cela permettrait d’éviter bien des détresses et bien des Interruptions volontaires de grossesse (IVG). Cela permettrait d’expliquer l’usage de cette pilule du lendemain tranquillement, lors de la prescription de la contraception par le médecin.

La contraception d’urgence : quasiment toutes les femmes fertiles sont concernées

La contraception d’urgence concerne pratiquement toutes les femmes fertiles ayant des rapports sexuels. Ainsi un tiers d’entre elles ont vécu, dans l’année, une situation à risque de grossesse non désirée.

Dans l’enquête BVA, sur 2.415 femmes interrogées, 760 ont été dans cette situation, soit 31 %. Sur l’ensemble de la France, cela représente 2,5 millions de femmes !

L’oubli de pilule arrive très souvent

L’oubli de pilule reste le facteur de risque numéro 1 : il arrive dans 36 % de ces cas de situations à risque de grossesses non désirées. Cet oubli de pilule est du reste la crainte principale des femmes sous contraception orale.

L’accident de préservatif est lui aussi relativement courant puisqu’il est en cause dans 31 % de ces cas. Viennent ensuite l’absence de contraception dans 20 % des cas et la pause dans la contraception pour les 10 % de cas restant (en comptant 3 % pour les autres causes).

Autrement dit, être en situation à risque de grossesse arrive très fréquemment !

Dans cette situation, seules 20 % des femmes interrogées ont eu recours à la contraception d’urgence qu’elles ont obtenue auprès de leur pharmacien dans 86 % des cas.

Parmi la grande majorité des femmes n’ayant pas eu recours à la contraception d’urgence :

  • 69 % n’ont tout simplement pas eu le réflexe de la demander, elles n’ont pas pensé à cette solution,
  • 8 % y ont pensé trop tard,
  • et 7 % étaient gênées de la demander.

Les femmes attendent de l’information sur la contraception d’urgence

Dès lors, on comprend pourquoi 1 femme sur 2 aimerait disposer de la pilule du lendemain chez elle. Pour ma part, je n’y vois que des avantages, à condition de la prescrire en même temps que la pilule elle-même :

  • Cela permettrait au médecin de rendre concret le risque d’oubli de pilule qui touche la plupart des femmes.
  • Cela permettrait aux femmes de bénéficier d’une explication sur la pilule du lendemain dans un contexte tranquille. Elles sont du reste 93 % à désirer recevoir plus d’information sur cette pilule.

Car les idées fausses ne manquent pas :

  • 43 % pensent que c’est efficace à 100 % si on la prend le lendemain,
  • 21 % que cela agit comme un avortement,
  • et 8 % que cela peut rendre stérile.

Entre les idées fausses et la non présence à l’esprit de la contraception d’urgence, on comprend pourquoi la pilule du lendemain est si peu utilisée, soit uniquement par 1 femme sur 5.

Il faudrait donc en banaliser l’usage et la meilleure façon de s’y prendre serait bien qu’elle soit systématiquement prescrite en association lors d’une prescription de pilule contraceptive. Comme une grande partie des pilules utilisées ne sont plus remboursées aujourd’hui, ce serait une manière de rendre à la femme de César ce qui lui appartient, tout en faisant des économies grâce aux IVG évitées.

Dans tous les cas, parlez-en à votre médecin traitant ou à votre gynécologue lors de votre consultation pour une contraception.

À savoir : la durée de conservation de la pilule d’urgence est de 3 ans.

Source : Enquête BVA Health Care & HRA Pharma, 2012.

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