Et si l'on disait vraiment " Halte à l'infarctus ! "

Publié par Dr Philippe Presles
le 25/09/2006
Maj le
4 minutes
Autre
Du 25 septembre au 2 octobre, lors de la semaine du coeur, les cardiologues se mobilisent pour dire « Halte à l'infarctus ! » Pourquoi ? Parce que 90% des infarctus sont évitables ! Alors autant ne pas se faire prendre en traître…

Le traitement de l'infarctus est devenu très efficace : en dix années, les décès par infarctus ont baissé de 27% chez les hommes et de 21% chez les femmes (Etude Monica). Mais ce bon résultat ne rend que plus criant l'absence d'une vraie mobilisation en faveur de la prévention, elle aussi très efficace, mais qui piétine en France. En effet, la diminution du nombre des décès par infarctus s'explique essentiellement par les progrès en curatif, pas en préventif.

La prévention de l'infarctus piétine

Cette absence de prévention explique la stabilité du nombre de nouveaux infarctus chaque année en France, autour de 120.000 par an. Ce chiffre est d'autant plus terrible qu'il concerne des sujets de moins de 65 ans dans la moitié des cas... Des personnes comme vous et moi, qui ne se doutent de rien et qui ne perçoivent leurs risques que pour 17% d'entre eux. L'infarctus est, pour la plupart des gens à qui cela arrive, une totale surprise…

Cette surprise est d'autant plus désolante que 90% des infarctus sont évitables. Les facteurs de risque sont bien connus :

  • 1. l'excès de cholestérol,

  • 2. le tabagisme,

  • 3. le stress,

  • 4. l'obésité abdominale,

  • 5. l'hypertension artérielle,

  • 6. les apports quotidiens insuffisants en fruits et légumes,

  • 7. le manque d'exercice physique,

  • 8. le diabète.

La prévention n'est pas encore assimilée car les messages ne sont pas assez pratiques

Ces facteurs de risque peuvent tous être prévenus… Alors pourquoi le sont-ils si peu ? Notre hypothèse est que les messages qui sont diffusés ne sont pas assez pratiques. Par exemple, tout le monde sait que pour prévenir l'infarctus, il faut arrêter de fumer. Mais combien savent que diminuer sa consommation de cigarettes est également très efficace et réduit le risque d'infarctus de manière proportionnelle au nombre de cigarettes résiduelles ? Des méthodes simples existent pour y parvenir, mais elles sont trop peu connues. Il s'agit de remplacer le maximum de cigarettes par des gommes à la nicotine, voire par un patch.

Qui ne sait pas qu'il faut manger 5 fruits et légumes par jour ? Oui, mais combien savent que les jus de fruits et de légumes frais sont aussi efficaces ?

Tout le monde sait qu'il est bon de faire du sport. Exact, mais il n'est nul besoin de devenir un grand sportif pour en tirer bénéfice : diminuer la sédentarité est déjà très efficace.

Il reste des informations méconnues

A côté des grands messages concernant le tabac, les fruits et légumes, et l'activité physique, d'autres informations clés sont méconnues. Ainsi, ceux qui sont vaccinés contre la grippe voient leur mortalité par infarctus baisser de 10%. Pourquoi ? Parce que toutes les inflammations aiguës favorisent la survenue d'un infarctus dans les 3 jours : grippe, mais aussi bronchites, gastro-entérites, cystites, etc. N'est-ce pas une information précieuse ?

Qui sait que les infections des gencives multiplient par deux le risque d'infarctus ? Cela vaut vraiment le coup de bien se laver les dents et de rendre visite à son dentiste une fois par an ! (ou deux ce qui est encore mieux)

Pire : la colère multiplie par 14 le risque d'accident vasculaire dans les deux heures qui suivent… Qui le sait ? Cela pourrait aider certains caractères explosifs à devenir plus zen… Pourquoi ne pas s'essayer à la contemplation, au Yoga : cela vaut vraiment le coup ! C'est d'autant plus important que le stress est le troisième facteur de risque d'infarctus après l'excès de cholestérol et le tabagisme. Et traiter le stress diminue le nombre d'accidents vasculaires.

Les femmes ne sont pas davantage protégées

Parmi les idées fausses, éliminons celle selon laquelle les femmes seraient moins exposées que les hommes. Cette idée est non seulement fausse, mais elle est aussi nuisible aux femmes qui bénéficient moins des progrès médicaux : leur infarctus est mortel dans 1 cas sur 2 contre 1 sur 3 pour les hommes…

Alors, en cette période de rentrée, inscrivons-nous tous contre l'infarctus en prenant bien conscience que pour chaque risque évité, ce sont des années de gagnées, et des bonnes !

Sources

Fédération Française de Cardiologie : www.fedecardio.com ; Philippe Presles et Catherine Solano " Prévenir - Alzheimer, cancers, infarctus et vivre en forme plus longtemps ", Robert Laffont, 2006.

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