Endométriose : les symptômes pourraient apparaître 10 ans avant le diagnostic

Publié par Doriane Frère
le 27/11/2023
Maj le
4 minutes
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D’après une étude publiée dans la revue American Journal of Obstetrics and Gynecology, le 25 juillet 2023, plusieurs symptômes associés à l’endométriose pourraient apparaître une décennie avant la pose du diagnostic.

L’endométriose concernerait 10 % des femmes dans le monde, et 1,5 million de personnes en France. Cette maladie gynécologique est liée à la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus. Et dans certains cas, l’endométriose peut provoquer de fortes douleurs aux femmes qui en sont atteintes. En effet, ces femmes ont souvent des règles très douloureuses, pouvant entraîner un absentéisme à l’école ou au travail, comme nous l’expliquait le docteur Érick Petit, expert de l’endométriose. Les règles douloureuses sont ainsi l’une des premières causes d’arrêt de travail en France.

Mis à part les douleurs que peut causer l’endométriose, cette maladie peut également favoriser l’infertilité.

Endométriose : une maladie complexe

D’après le docteur Erick Petit, la complexité de l’endométriose réside, en partie, dans le fait que la maladie n’affecte pas uniquement l’appareil génital : « C’est un vaste syndrome, il ne s’agit pas simplement d’une maladie pelvienne. C’est une maladie globale de l’ensemble de l’organisme, ce dont s’aperçoit de plus en plus. Tous les symptômes liés à cette maladie sont très variés d’une patiente à l’autre. »

Ce sont souvent les patientes les moins atteintes anatomiquement qui sont les plus affectées dans leur vie quotidienne, par l’endométriose, d’après le docteur : « C’est assez pervers puisque ce sont les formes les moins graves qui sont les plus difficiles à dépister et à voir. On a donc un retard de diagnostic, c’est un cercle vicieux. On ne trouve rien à ces femmes, on ne sait pas ce qu’elles ont, et elles sont renvoyées chez le psychologue ou le psychiatre. »

Des symptômes pouvant apparaître une décennie avant le diagnostic

Les femmes étant atteintes d’endométriose sont bien souvent diagnostiquées de façon tardive du fait de la complexité de la maladie. Une étude récemment publiée dans la revue American Journal of Obstetrics and Gynecology a révélé que les symptômes liés à l’endométriose tels que des douleurs menstruelles sévères, une dépression et des maux de dos, pourraient apparaître 10 ans avant que le diagnostic ne soit posé.

Pour parvenir à leurs conclusions, les chercheurs de l'École de santé publique de l'UQ ont analysé les données de 7 606 femmes nées entre 1973 et 1978 qui avaient été interrogées sur leur santé et leur bien-être tous les trois ans de 2009 à 2018.

Des règles douloureuses pourraient annoncer de l’endométriose

On pense bien souvent qu’avoir des règles douloureuses est normal. Mais les résultats de cette étude montrent que les femmes souffrant de dysménorrhées seraient plus susceptibles d’être atteintes d’endométriose.

« Nos résultats montrent que les femmes atteintes d'endométriose étaient près de quatre fois plus susceptibles de ressentir de fortes douleurs menstruelles que les femmes non atteintes. Ces femmes étaient également près de deux fois plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé mentale et de maux de dos. Et elles étaient plus d'une fois et demie plus susceptibles d'avoir des articulations raides et douloureuses », a déclaré le Dr Dereje Gete, auteur principal.

Endométriose : un diagnostic précoce nécessaire

Comme énoncé plus haut, les symptômes de l’endométriose sont bien souvent pluriels rendant le diagnostic peu évident : troubles intestinaux et urinaires, fatigue intense, difficultés à dormir, allergies, palpitations cardiaques ou encore maux de tête. Ceci, a pour effet de retarder le diagnostic de la maladie d’après le docteur Dereje Gete : « Ce large éventail de symptômes, associé à une tendance à normaliser et à ignorer les douleurs menstruelles, signifiait que le diagnostic prenait entre 7 et 11 ans en moyenne. Ce retard réduit considérablement la qualité de vie en laissant les femmes confrontées à des symptômes non traités, à davantage de visites chez le médecin et à l'hôpital, et potentiellement à moins de succès en matière de fertilité. »

L’équipe a conclu que d’autres études seraient nécessaires afin de comprendre davantage les symptômes liés à l’endométriose. La professeure Gita Mishra, auteure principale de l’étude, a déclaré en ce sens que : « Les femmes atteintes d'endométriose devraient être encouragées à gérer leurs symptômes de manière proactive en modifiant leur mode de vie, en prenant des médicaments ou en effectuant une intervention chirurgicale, afin d'améliorer leur qualité de vie et de prévenir d'autres complications. »

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