L'échange de cerveau : science-fiction ou réalité ?

Jusqu'à aujourd'hui, les transplantations de coeur, de rein ou de foie sont choses courantes, alors que les échanges de cerveau restent du domaine de la science-fiction. Mais, pour combien de temps encore ? En effet, une étude américaine vient peut être d'ouvrir une nouvelle voie : la greffe de cellules nerveuses prélevées sur le cerveau d'une personne décédée. D'un point de vue éthique, cette technique innovante permettrait de contourner le recours aux tissus foetaux et au clonage thérapeutique. Cependant, elle soulève bien d'autres questions comme celles de la greffe de cerveau, de la pensée et de l'acquis.

Si nous n'en sommes pas encore à l'étape de la transplantation de neurones, des chercheurs américains ont cependant bel et bien réussit à prélever des cellules nerveuses sur des cadavres et à les cultiver avec succès dans leurs éprouvettes. Cette nouvelle technique ouvre la perspective de pouvoir un jour greffer ces cellules sur le cerveau de personnes atteintes d'affections neurodégénératives, telles que la maladie d'Alzheimer, de Parkinson ou la chorée de Huntington.

Des cellules " progénitrices "

A partir de fragments de cerveau prélevés sur deux donneurs d'âge différent (un bébé de 11 semaines et un homme de 27 ans), des cellules nerveuses dites « progénitrices » ont été isolées. Ces dernières correspondent en quelque sorte à des cellules souches susceptibles de produire différents types de cellules nerveuses une fois mises en cultures en présence de facteurs de croissances appropriés. Non seulement ces cellules ont été maintenues en vie, mais elles ont également proliféré avant de se différencier, dont certaines en neurones adultes. Les cultures de tissus provenant du bébé ou de l'adulte produisent des proportions identiques de neurones et d'autres types cellulaires, mais spontanément les tissus les plus jeunes fournissent un nombre plus élevé de cellules, lesquelles présentent également des capacités prolifératives plus importantes.Avant d'envisager d'éventuelles transplantations, reste à déterminer précisément leur potentiel de croissance, leur faculté à donner tel ou tel type de neurone et leur espérance de vie en culture. A priori, toutes ces capacités devraient être moins bonnes que celles des cellules fœtales, mais l'emploi de ces dernières soulevant d'épineux problèmes éthiques et sociaux, cette technique mérite d'être explorée le plus en avant possible.

Vers la " greffe de pensée ou de l'acquis " ?

Si la transplantation de cellules nerveuses se révélait possible un jour, elle ne comporterait aucun risque de greffe de pensée ou de l'acquis du donneur décédé. En effet, les caractéristiques cérébrales ne proviennent pas des cellules elles-mêmes, mais de la « circuiterie » neuronale. Ici, il s'agirait de greffer des cellules isolées et non des circuits. Si l'intervention réussit, les cellules nerveuses établiront de nouveaux circuits et donc uniquement dans l'organisme du receveur.

Autre avantage, ce type de greffe ne risque pas d'engendrer de phénomène de rejet par l'organisme receveur, car le cerveau est actuellement connu pour être relativement à l'abri des réponses immunitaires.

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Source : Palmer T. et coll., Nature, pp 42-43, 3 mai 2001.