Dépression de l'adolescent, et si c'était le cannabis ?

Chez l'adolescent, l'entourage croit parfois observer une dépression, alors que le cannabis est la cause du changement de comportement. Si l'on ne réalise pas l'origine de cette déprime, on peut passer à côté de ce qui est en train de se jouer et ne pas réussir à l'aider à aller mieux...

Chez les adolescents et les jeunes adultes, l'usage de cannabis peut entraîner des signes ressemblant beaucoup à une dépression. L'entourage ignorant la consommation de cannabis peut donc naturellement interpréter ce qu'il observe comme un début de dépression, sans se douter qu'il se trompe complètement.

L'usage de cannabis entraîne un syndrome anti-motivationnel qui peut ressembler à un état dépressif

À quoi correspond ce syndrome anti-motivationnel ? Il se manifeste par une chute des résultats scolaires, une difficulté à agir, un manque de volonté, un ralentissement intellectuel et physique (aboulie), et aussi par un manque de plaisir dans les activités habituellement appréciées (anhédonie). Cela entraîne un désintérêt assez généralisé. L'adolescent n'a ainsi pas envie d'agir et l'effort qu'il faudrait fournir lui semble énorme. Alors, des activités banales comme se lever, se laver, s'habiller, aller en cours, prendre des notes, faire ses devoirs scolaires et apprendre ses leçons ne l'intéressent plus et lui demandent trop d'efforts. Même les activités agréables qu'il aimait perdent leur intérêt qu'il s'agisse de sport, d'activités artistiques ou divers loisirs. Il devient passif et démotivé pour tout.

Devant un adolescent qui semble dépressif, il faut penser à une dépendance ou un abus de cannabis.

Il peut quand même exister une vraie dépression

Le cannabis augmente le risque de dépression chez l'adolescent (1). Consommé tous les jours, il multiplie ce risque par 5 et de manière hebdomadaire, il multiplie ce risque par 2. Alors, il peut sembler difficile de différencier syndrome anti-motivationnel et dépression chez un consommateur de cannabis. Mais est-ce si important ? Si un jeune a ce type de comportement, il est en danger, physiquement, psychiquement et socialement. Il a donc besoin d'aide.

Il ne s'agit pas alors de le juger, mais plutôt de chercher une alliance thérapeutique. De lui demander ce que l'on peut faire pour lui, ce qui est difficile, lui dire notre inquiétude et lui dire que l'on a envie qu'il aille bien… et pour longtemps, pas juste dans l'instant.

Au total, l'essentiel est déjà de penser à la consommation de cannabis devant des signes inquiétants, de manière à pouvoir agir en conséquence.

(1) Frequent cannabis use affects mental health of young people. Patton et col. BMJ 2002;325(7374): (23 November), doi:10.1136/bmj.325.7374.0/c.

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