Crise d’asthme, allergies et maladies respiratoires… c’est aussi une affaire de pollution atmosphérique

Allergies, crise d’asthme, cancer bronchique, rhinites ou BPCO… la dégradation de la qualité de l’air se paie au prix fort. En ce début de saison pollinique, que savons-nous en 2015 de ses conséquences sur les maladies respiratoires ? En décembre dernier, les dirigeants de la planète réunis pour la récente COP21 à Paris ont contraint l’augmentation de la pollution atmosphérique -principale responsable du réchauffement climatique- à 2°C de plus par rapport à l'ère préindustrielle.
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Pollution atmosphérique : des asthmes et des cancers bronchiques…

Toutes les études l’attestent, la pollution atmosphérique augmente à la fois le risque de décompensation d’asthme, de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO : o bstruction lente et progressive des voies aériennes et des poumons ) et favorise la survenue de cancer bronchique.

Le risque de mortalité par cancer du poumon est augmenté de près de 50% par tranche de 10 μg/m3 de dioxyde d’azote, et celui de mortalité cardiopulmonaire de 27% (1).

Le chiffre de 15% des asthmes –une maladie multifactorielle- liés à la pollution reste discuté.

Les mécanismes biologiques en cause sont dominés par le développement d’un stress oxydatif intense qui entraîne une forte réponse inflammatoire locale et systémique (générale).

Pr Bruno Housset, chef du service de pneumologie au centre hospitalier intercommunal de Créteil : « La survenue de la crise d’asthme est favorisée par une exposition accrue aux allergènes et aux polluants irritants comme l’ozone. L’ozone voit sa concentration augmentée dans l’air ambiant par interaction entre les gaz d’échappement automobile et les ultra-violets solaires, notamment lorsqu’il fait chaud et en l’absence de vent. Les poussières de moins de 2,5 microns sont les plus à craindre : en effet, ces particules sont si petites qu’elles vont très loin dans les alvéoles pulmonaires, au plus profond du poumon. Avec un décalage de 24-48h heures, l’augmentation (en fréquence et sévérité) des crises d’asthme est bel et bien corrélée aux pics de pollution atmosphérique ».

Outre les personnes atteintes de maladies pulmonaires chroniques (asthme ou la BPCO), les enfants sont très vulnérables face à l’exposition chronique à la pollution atmosphérique qui ralentit leur croissance pulmonaire. A l’âge adulte, cela les exposerait davantage au risque de développer une BPCO notamment en cas de tabagisme.

Pollution atmosphérique : bien d’autres conséquences sur les maladies respiratoires…

Le changement climatique entraîne aussi la migration d’insectes vecteurs de maladies infectieuses, favorisant par exemple l’émergence de maladies comme le chikungunya, la dengue, transmises par le moustique tigre dont la zone géographique remontre vers le nord de l’Europe.

Avec le réchauffement climatique, les feux de forêt pourraient devenir plus fréquents dans le sud de la France et s’étendre au centre de la France d’ici 2050, sources de particules fines et ultrafines responsables d’une inflammation des voies respiratoires et d’une aggravation des maladies respiratoires.

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Source : (1) Filleul L et al. Twenty five year mortality and air pollution: Results from the french PAARC survey. Occup Environm Med 2005 ; 62 : 453-60.
Mathilde Pascal et coll. BEH/InVS N° 38-39 | 24 novembre 2015 Changement climatique et santé : nouveaux défis pour l’épidémiologie et la santé publique ; (3) selon l’EHESP – Ecole des Hautes Etudes En Santé Publique.
D’après des entretiens avec le Dr Isabella AnnesiMaesano, directeur de recherches et directrice de l’équipe de recherche « Épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires » (EPAR, UMR-S 1136 IPLESP, Inserm/UPMC), coordinatrice du projet européen HEALS (Health and Environment-wide Associations based on Large population Surveys) et le Pr Bruno Housset, chef du service de pneumologie au centre hospitalier intercommunal de Créteil et Président de la Fédération Française de Pneumologie