Coupe menstruelle : mal utilisée, elle peut aussi provoquer des chocs toxiques

Publié par Sophie Raffin
le 2/06/2020
Maj le
5 minutes
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La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) met en garde les utilisatrices de coupes menstruelles. Une mauvaise utilisation de cette protection hygiénique interme peut provoquer un syndrome du choc toxique menstruel.

La DGCCRF a profité de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle pour publier les conclusions de sa campagne de contrôle centrée sur les coupes menstruelles réalisée en 2019. Si l’enquête remarque qu’il n’y a pas de migration de substances chimiques sur les produits analysés, elle fait un constat inquiétant : il y a un manque important d’informations concernant l’utilisation des cups. Ce qui représente un danger pour la santé des femmes.

Coupe menstruelle : un manque d’information qui peut conduire au choc toxique 

Après avoir contrôlé les notices de 19 modèles de cups menstruelles, la DGCCRF met en garde "l’information des utilisatrices sur les conditions de leur utilisation est généralement insuffisante, voire erronée, ce qui peut générer un risque grave de choc toxique".

L’organisme, chargé entre autres de la sécurité des consommateurs, remarque "si aucune non-conformité n’a été mise en évidence concernant la composition des coupes, l’information des utilisatrices est disparate d’une marque à l’autre et est rarement conforme à l’intégralité des recommandations préconisées. En particulier, le temps de port indiqué varie beaucoup (de 4 h à 12 h), l’utilisation de nuit est presque toujours indiquée comme possible, voire recommandée". 

Or selon les recommandations de l’ANSES, le port maximal pour ce produit est de 6 à 8 heures.

De même, un tiers des références ne donnait aucune information sur le risque de choc toxique qui est pourtant une possibilité comme l’avait confié Sandrine Graneau, utilisatrice de cette protection et victime de cette grave réaction en avril 2019. Pour survivre, la maman de 3 enfants a dû être amputée des deux pieds et une partie de ses doigts.

"Certaines marques prennent en compte le risque lié au syndrome de choc toxique, d’autres en revanche nient ce risque et affirment que les coupes sont sans danger et n’ont jamais été associées à ce risque", prévient la DGCCRF.

Les différents manquants observés ont conduits l’administration relevant du ministère de l’Économie à avoir donné un avertissement à cinq fabricants, selon une information de France Info.

twitter.com/dgccrf/status/1265925812899008520

L’ANSES avait également pointé du doigt un manque d’information

S’ils sont graves, les syndromes de chocs toxiques menstruels restent heureusement très rares. Toutefois, la DGCCRF n’est pas la première à pointer du doigt un manque d’information de la part des fabricants de coupes menstruelles pouvant conduire à ce type d’incidents. 

Dans un rapport publié le 20 janvier 2020, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) appelait également à "renforcer l’information des femmes et des professionnels de santé sur le risque de syndrome de choc toxique menstruel (SCT), qui concerne toutes les protections périodiques internes (tampons, coupes menstruelles, …)".

L’organisation en charge d’évaluer les risques sanitaires en France demandait aux entreprises de protections périodiques internes à fournir “une information plus claire sur le risque de syndrome de choc toxique menstruel et ses symptômes" aux utilisatrices. Elle précisait également "s’agissant des emballages et notices, cette demande d’amélioration concerne en particulier les fabricants de coupes menstruelles, plus récemment arrivées sur le marché”.

Cups menstruelles : les recommandations à suivre

Cups menstruelles : les recommandations à suivre

Écologiques et économiques, les coupes menstruelles sont plébiscitées par de nombreuses femmes. Comme avec les autres protections hygiéniques internes, des règles d’hygiène permettent de prévenir les risques de choc toxique

  • Il faut respecter la durée du port des coupes menstruelles. L’ANSES conseille de ne pas dépasser 6 à 8 heures en veillant à la vider régulièrement (toutes les 4 à 6 heures). Pour plus de sécurité, la plupart des professionnels de la santé recommandent de changer de protection interne toutes les 4 heures.
  • Il est recommandé d’utiliser ces protections intimes internes uniquement pendant les règles et de choisir une protection adaptée à son flux.
  • Il est préférable aussi de ne pas porter de tampons ou de coupes menstruelles la nuit, et de privilégier alors les serviettes ou les culottes menstruelles.
  • Il faut veiller à avoir une bonne hygiène des mains quand on manipule la cup : lavez-vous les mains au savon avant et après l'avoir manipulé.
  • Bien nettoyer la cup entre les utilisations.

Par ailleurs, les femmes ayant déjà eu un syndrome de choc toxique ne doivent plus utiliser de protections intimes internes (tampons ou coupes).

Syndrome du choc toxique : qu’est-ce que c’est ?

Syndrome du choc toxique : qu’est-ce que c’est ?

Le syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel est provoqué par une toxine dangereuse appelée TSST-1 produite par les bactéries du groupe des staphylocoques dorés. Ces germes, présents naturellement sur la peau, profitent de la stagnation du sang des règles pour proliférer. Lorsqu’elle est libérée, la toxine se met à attaquer différents organes comme le foie, les reins ou les poumons.

Les symptômes de cette pathologie sont : 

  • une fièvre élevée et soudaine (plus de 38,9 degrés) ;
  • des démangeaisons ;
  • une éruption érythémato-squameuse (plaques rouges avec de petites peaux qui se décollent) ;
  • un sentiment de malaise ;
  • une chute de la tension ;
  • des maux de têtes ;
  • des troubles digestifs (diarrhée aiguë, vomissement).

Si le syndrome du choc toxique menstruel est rare, il est très dangereux. Cette maladie peut entrainer une défaillance de plusieurs organes, mais également un risque de septicémie et de décompensation cardio-vasculaire. Elle demande une prise en charge rapide. La mortalité est de 30% si le trouble est pris en charge rapidement et de 70% dans le cas contraire.

Image au microscope de staphylocoques dorés

 

Image au microscope de staphylocoques dorés

Sources

Produits d’hygiène féminine, focus sur… les coupes menstruelles, DGCCRF, 28 mai 2020

La DGCCRF alerte sur les coupes menstruelles, très dangereuses en cas de mauvaise utilisation, France Info, 28 mai 2020

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