Comment dépasser ses complexes pour s’épanouir au lit

Publié par Laurène Levy
le 26/12/2018
Maj le
5 minutes
Publication validée par Tiphaine Besnard-Santini
À l’heure des caresses, vos pensées dévient vers les parties du corps qui vous complexent le plus. Mais comment lâcher définitivement prise et vous concentrer sur votre plaisir ? E-santé vous explique comment dépasser vos complexes physiques et psychiques pour vivre pleinement votre sexualité, avec les réponses de Tiphaine Besnard-Santini, sexologue et docteure en sociologie. 

Cellulite, petit ventre rond, seins trop petits ou trop gros, pilosité, forme et taille de la vulve ou du pénis… Les complexes qui ont trait à la sexualité sont nombreux et touchent aussi bien les femmes que les hommes. "Dans la sphère intime, les complexes les plus fréquents sont les complexes liés au corps, car la sexualité le met directement en jeu, ce qui peut faire resurgir des hontes, des gênes ou des tabous qui remontent parfois à l’enfance ou à l’adolescence" nous explique Tiphaine Besnard-Santini, sexologue et docteure en sexologie.
En parallèle, il existe des complexes spécifiques au genre. Ainsi, selon cette spécialiste, la grossesse peut constituer un frein à l’épanouissement sexuel féminin. "Dans un premier temps, ces complexes peuvent apparaître pendant la grossesse lorsque le corps se transforme, mais aussi après la grossesse si celle-ci laisse des marques sur le corps" note Tiphaine Besnard-Santini. De leur côté, "les hommes sont plus souvent complexés par un manque de performance, un manque de muscle, une absence de force physique, mais aussi par la taille du pénis, parfois jugée insuffisante" constate la sexologue. En résumé, chez la gent masculine, tout ce qui touche à la virilité telle qu’elle existe dans l’imaginaire collectif peut être source de complexe.

Confronter plutôt que dissimuler

Mais comment se détacher de ces pensées dévalorisantes ? Le premier réflexe pourra être celui de dissimuler aux yeux de l’autre son ou ses complexes, par exemple, en gardant certains vêtements ou en choisissant de faire l’amour dans le noir. "Cette technique ne possède malheureusement pas d’effet positif à long terme, bien au contraire : elle risque de causer un blocage à d’autres niveaux, de retarder la gestion du problème et de le transformer" met en garde Tiphaine Besnard-Santini.
Plutôt que d’opter pour la dissimulation, la sexologue conseille de se confronter à soi-même pour apprendre à s’aimer tel que l’on est : "Confrontez-vous à toutes les émotions que vous ressentez au moment du rapport : la peur, la gêne, la honte… Évitez bien-sûr de vous y confronter pendant le rapport en lui-même, car cette réflexion risque de vous stresser, de vous déstabiliser et au final de gâcher totalement le plaisir. Réalisez plutôt cette confrontation lors d’un travail sur vous, accompagné·e ou non par un·e thérapeute."

Apprendre à lâcher prise

Le moment du rapport en lui-même sera plutôt l’occasion d’apprendre à lâcher prise de façon à ressentir au maximum les sensations de plaisir. "Pour cela, travaillez sur l’ancrage de votre corps. Cette technique permet de prendre conscience de son corps et de ses ressentis, au moyen, par exemple, de méthodes de sophrologie ou de méditation pleine conscience" propose Tiphaine Besnard-Santini. "Vous vous reconnecterez ainsi avec vos émotions et vos sensations, en étant le ou la moins cérébral·e possible pendant ces moments intimes, ce qui est toujours bénéfique quand il s’agit de sexualité" ajoute la spécialiste. Bien sûr, ce procédé ne pourra pas fonctionner immédiatement ni systématiquement : "L’ancrage du corps demande du temps, du travail et un désapprentissage. Il s’agira de remplacer les sentiments négatifs que l’on associe à son corps par des sentiments positifs, qui risquent dans certains cas d’être balayés par des souvenirs trop intenses de honte ou de gêne" explique Tiphaine Besnard-Santini.

Le travail sur soi passe aussi par le détachement de l’injonction du corps parfait ou de la performance optimale. "Se détacher de cette injonction est difficile, mais pas impossible, car il ne s’agit que d’une croyance parmi d’autres", selon la sexologue qui ajoute : "que ce soit une injonction sociétale, familiale, personnelle, ou religieuse, il est toujours possible de la déconstruire en rompant la charge émotionnelle qui lui est associée, de manière à redéfinir ses propres normes."

Communiquer sur l’essentiel

Mais ce travail sur soi implique-t-il de révéler ses complexes à son ou sa partenaire ? "La discussion avec son ou sa partenaire est risquée, car on ne connaît pas sa réaction à l’avance et il n’est pas garanti qu’il ou elle soit rassurant·e" révèle Tiphaine Besnard-Santini. Résultat, cette discussion peut donner encore plus d’importance au complexe, et donc envenimer la situation. "Je conseillerais de parler de ses complexes à son ou sa partenaire uniquement si on en ressent le besoin. Il n’est pas forcément nécessaire de révéler toute son intimité, mais simplement de communiquer sur ce qui est essentiel ou important" propose la sexologue. De cette manière, "on pourra être surpris·e et se rendre compte que pour ce qu’on voit soi-même comme un défaut énorme ou honteux ne peut finalement être que peu de choses pour l’autre".

Des complexes aussi psychiques

Les complexes physiques, même s’ils sont fréquents, ne sont pas les seuls à nuire à l’épanouissement sexuel. Celui-ci peut également être brimé par des complexes d’ordre psychiques portant sur les fantasmes et les envies : "On peut avoir honte de ce qui nous plaît et de ce qui nous excite. Dépasser ce type de complexe demande une certaine acceptation de soi pour arriver à se dire sans honte : 'j’ai le droit d’avoir ces envies' ", décrit Tiphaine Besnard-Santini. "Dans ce cas, la communication entre les deux partenaires peut s’avérer bénéfique et même ouvrir sur de nouveaux univers" ajoute-t-elle. En somme, la réponse consisterait à s’accepter tel que l’on est pour accorder au plaisir toute l’importance qu’il mérite.

Sources

Merci à Tiphaine Besnard-Santini, sexologue et docteur en sociologie. Son site internet : tiphaine-besnard-santini.fr

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