Colposcopie : comment ça se passe?

Ça s'adresse à qui ?
Comme le frottis de dépistage, la colposcopie est un examen du col de l'utérus. Mais à sa différence, il ne s'adresse pas à toutes les femmes – même s'il reste relativement courant. "Il ne concerne que les patientes qui ont un résultat de frottis anormal, deux tests positifs au papillomavirus sur un an, ou chez qui le gynécologue a cru voir des anomalies à l'œil nu", explique le Dr Jean-Luc Mergui.
L'appareil, appelé colposcope, est une sorte de microscope qui permet au spécialiste de mieux voir d'éventuelles lésions sur le col de l'utérus. Il sert donc à confirmer des observations issues du frottis, qui consiste à recueillir une partie des cellules du tissu qui tapisse le col de l'utérus (l'épithélium).
En effet, "le frottis ne récolte que les couches superficielles de ce tissu, détaille le Dr Christine Bergeron. C'est très fiable pour comprendre ce qui se passe en surface, mais pas en profondeur." La colposcopie permet, si nécessaire, de réaliser une biopsie qui permettra d'apporter plus de précision.
Est-ce que c'est long ?
"L'examen n'est, en général, pas plus long qu'une consultation de gynécologie normale", précise le Dr Mergui. Il faut dire que le processus est assez bien rôdé. Après une phase d'explication, le gynécologue demande à la patiente de se placer en position gynécologique.
Dans un premier temps, un spéculum est utilisé pour écarter les parois du vagin et offrir une vue dégagée sur le col de l'utérus. Ensuite, "on applique deux colorants qui font réagir les lésions éventuelles, qui se colorent. Grâce au microscope, on peut repérer les zones anormales."
L'acide acétique a pour effet de blanchir les zones malades tandis que le lugol colore en marron foncé les zones normales. Le contraste est net aux yeux du praticien. "Si des lésions apparaissent, on prélève un morceau pour le faire analyser en laboratoire." C'est la fameuse biopsie.
Cet examen doit, idéalement, être réalisé en dehors des périodes de règles ou d'infection, qui peuvent gêner l'analyse du gynécologue. "Ce n'est pas une contre-indication mais l'examen est moins pertinent", souligne Jean-Luc Mergui.
Est-ce que ça fait mal ?
La colposcopie peut être inconfortable pour la patiente, du fait du recours au spéculum. L'utilisation des colorants peut s'accompagner d'un léger picotement qui ne dure pa s. Pour plus de confort, il est conseillé d'uriner avant l'examen et de se détendre, en relâchant les muscles de l'abdomen.
La biopsie consiste à prélever un bout de tissu au niveau du col de l'utérus. "Elle n'est pas douloureuse, même si elle entraîne un léger saignement", rassure Jean-Luc Mergui. Un léger picotement peut être ressenti sur le moment.
L'essentiel est de rester détendue au cours de l'examen. Ce qui n'est pas toujours évident, au vu des conditions de l'examen. "La patiente peut avoir peur d'un cancer, d'une maladie sexuellement transmissible ou de ne plus avoir d'enfant… C'est un contexte stressant", admet le Dr Mergui.
Pour rassurer, dans la mesure du possible, un temps d'échange est prévu avant l'analyse. "On lui explique la colposcopie et on la rassure en lui disant que, dans l'immense majorité des cas, rien de grave n'est détecté."
Ça peut révéler quoi ?
"Les biopsies qu'on reçoit se situent presque toujours dans le contexte d'un frottis anormal, souligne Christine Bergeron. C'est important car nous faisons le lien entre le frottis et la biopsie." En effet, il est important de vérifier que les résultats sont cohérents.
Mais au fait, que recherche-t-on avec un tel examen ? En analysant les cellules qui tapissent le col de l'utérus, les spécialistes recherchent des anomalies qui peuvent révéler la présence d'une lésion. Et celles-ci ne mènent pas forcément à un cancer.
Les lésions sont classées en plusieurs catégories. Celles dites "de haut grade" risquent de se transformer en cancer. "Dans 10 à 15 % des cas, la biopsie nous permet de les repérer, chiffre le Dr Bergeron. Dans de rares cas, elle montre une lésion invasive mais le médecin l'aura sûrement vue à l'examen."
Les lésions "de bas grade" révèlent, quant à elles, la présence d'une infection à papillomavirus sans gravité. "On peut les comparer aux verrues sur la peau", illustre l'anatomo-cyto-pathologiste.
Quand a-t-on les résultats ?
L'attente avant d'obtenir les résultats dépend de plusieurs paramètres. "Si la colposcopie ne révèle rien, aucune biopsie n'est nécessaire, indique le Dr Jean-Luc Mergui. On n'a donc pas besoin de revoir la patiente avant 6 mois ou 1 an."
Si des lésions ont été observées, la biopsie est envoyée à une structure d'anatomo-cyto-pathologie. Une semaine à 15 jours peuvent être nécessaires, selon l'activité des spécialistes. "Si on observe une lésion de haut grade sur le frottis mais pas sur la biopsie, on approfondit les analyses." La patiente peut aussi être de nouveau convoquée par le gynécologue afin de réaliser un nouveau prélèvement. Mais cela reste rare.
Comment choisir le bon gynécologue ?
En théorie, tout gynécologue est apte à réaliser une colposcopie. Mais dans les faits, certains pratiquent cet examen plus souvent. "Mieux vaut se rendre chez un professionnel qui a une bonne expérience", conseille le Dr Mergui.
Les gynécologues "spécialistes" de la colposcopie sont tous listés sur une carte accessible en ligne, sur le site de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale. Ils peuvent, en effet, adhérer à une charte de qualité mise au point par la SFCPCV.
"Leur adhésion prouve qu'ils ont reçu une bonne formation initiale et continue, mais aussi qu'ils ont une activité personnel qui leur permet d'avoir un avis pertinent", indique le gynécologue. Et pour cause : l'engagement est de réaliser au moins 50 examens de ce type par an.
Sources
Foire aux questions, Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale
Les examens du col de l'utérus, Centre IÉNA Gynécologie Obstétrique
La colposcopie, Collège national des gynécologues obstétriciens