Cancer et fertilité : la voie de la cryoconservation

Publié par Dr Philippe Presles
le 16/04/2007
Maj le
2 minutes
Autre
La chimiothérapie et la radiothérapie s'accompagnent souvent d'une infertilité. Depuis plusieurs années, la cryoconservation de tissu ovarien est proposée en vue de réaliser ultérieurement une autogreffe permettant aux femmes de retrouver leur fertilité. Explication autour de cette technique de pointe.

Cancer et fertilité

Les traitements contre les cancers ont considérablement évolué, ce qui a permis d'améliorer le pronostic et la durée de vie des personnes touchées par le cancer. Ils s'accompagnent toutefois encore d'effets indésirables à long terme, notamment sur la fertilité. Afin de remédier au problème de fertilité qui peut survenir à l'issue d'une thérapeutique anticancéreuse, une technique palliative est proposée depuis plusieurs années. Il s'agit de la cryoconservation de tissu ovarien : du tissu ovarien est congelé en vu d'être ultérieurement autogreffé.

La cryoconservation ovarienne

Cette technique peut être proposée pour préserver la fertilité des femmes qui doivent être traitées par chimiothérapie et/ou radiothérapie, des thérapeutiques qui engendrent un risque de stérilité. Après un consentement éclairé, le prélèvement de tissu ovarien est programmé avant l'initialisation de la chimiothérapie ou de la radiothérapie, ou au cours d'un geste chirurgical faisant partie du traitement cancéreux, comme l'ablation chirurgicale d'une tumeur.Le prélèvement se fait le plus souvent par coelioscopie. Un examen est réalisé à partir d'un fragment afin d'analyser le tissu et de détecter une éventuelle localisation secondaire du cancer, car l'autogreffe pourrait alors transmettre des cellules cancéreuses. Le tissu ovarien est ensuite conservé congelé dans l'attente d'une éventuelle utilisation par la patiente une fois guérie de son cancer. Le cas échéant, le tissu est décongelé puis greffé, ce qui permet de restituer une sécrétion hormonale et la fertilité. A ce jour, très peu de greffes ont été réalisées. La première a été rapportée en 2000. Depuis, 9 femmes ont bénéficié d'une telle autogreffe et 4 grossesses ont été obtenues et deux enfants sont nés.

Risque et incertitude

De nombreuses interrogations restent en suspens, tant d'un point de vue technique (localisation de la greffe, vascularisation, survie du greffon…) que sur l'incertitude de l'utilisation du tissu prélevé. Soulignons que le risque majeur de la greffe de tissu ovarien est une reprise de la maladie initiale, à partir de cellules cancéreuses restées actives dans le tissu congelé. D'autres approches doivent être développées, comme par exemple la culture d'ovocytes…

Sources

Le Quotidien du Médecin, 2 avril 2007.

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