Cancer de la peau : l'espoir de l'immunothérapie

Publié par Dr Philippe Presles
le 18/09/2006
Maj le
3 minutes
Autre
Le mélanome est un cancer de la peau de très mauvais pronostic quand il est diagnostiqué trop tardivement, au stade des métastases (dissémination des cellules cancéreuses). Un nouveau traitement est très prometteur.

L’immunothérapie des mélanomes

Le Pr Steven Rosenberg, praticien et chercheur au National Cancer Institute américain, est le père de l'usage des interférons et des interleukines chez les patients atteints de mélanomes et de cancers du rein métastasés, c'est-à-dire pour qui ces nouveaux traitements constituaient encore une dernière chance. Peu de temps après, il a ouvert la voie de l’immunothérapie, un traitement ciblé apportant un nouvel espoir aux malades dont les mélanomes étaient réfractaires aux interférons et interleukines.

Depuis, les expérimentations se multiplient avec de nouvelles immunothérapies toujours plus ciblées et donc plus efficaces.

Quel est le principe de l’immunothérapie ?

Lors des premiers essais chez l’homme menés par le Pr Steven Rosenberg, des lymphocytes sanguins normaux (globules blancs) ont été prélevés chez des patients puis modifiés génétiquement afin de les rendre réactifs aux cellules tumorales. Après multiplication en culture, ils ont été réinjectés. Il s'agit donc d'une immunothérapie contre les cellules cancéreuses du malade. Les propriétés ainsi acquises permettent en effet à ces globules blancs d'infiltrer les tumeurs pour mieux les détruire de l'intérieur.

Depuis 2011, l’immunothérapie du mélanome repose sur l’ipilimumab, un anticorps anti-CTLA-4 qui active les cellules déficientes du système immunitaire. Ce traitement s’accompagne de 15 à 20 % de rémissions prolongées. Lorsque des effets secondaires se manifestent (colites, hépatite, éruptions cutanées), le patient est soulagé à l’aide de ­thérapies symptomatiques.

Mais de nouvelles molécules sont à l’étude, comme le lambrolizumab et le nivolumab (des anti-PD-1), qui agissent de façon toujours plus ciblée, c’est-à-dire qu’elles stimulent localement l’immunité, sur le site même des métastases. Selon les études en cours, ces immunothérapies permettent de réduire la taille des métastases chez 38 à 40 % des patients. Les effets sont durables et ces traitements sont assez bien tolérés.

Les progrès sont donc déjà palpables même si des améliorations sont encore attendues, d’autant plus que les molécules d’anticorps peuvent être combinées entre elles pour encore potentialiser ces immunothérapies.

Un grand espoir dans les autres cancers

Cette technique de l’immunothérapie, faisant appel à des transferts de propriétés générales aux lymphocytes, s’applique à d'autres types de cancers.

L'immunothérapie des cancers est une voie d'avenir pour la cancérologie et de nombreux travaux sont en cours dans le monde développant cet axe de recherche.

Cela permet quelques conclusions pratiques importantes :

  • Lorsqu’on est atteint d'un cancer, il est vraiment important de s'informer de l'expérience de l'équipe qui vous prend en charge, afin de bénéficier des traitements les plus récents.
  • Surtout, il est vraiment essentiel de tout faire pour prévenir les cancers : plus ceux-ci surviendront tard, plus les chances de bénéficier d'un nouveau traitement efficace seront réelles.
  • Enfin, inspecter régulièrement sa peau et celle de son entourage permet de repérer précocement un cancer de la peau, avant qu’il ne métastase, et d’augmenter nettement l’efficacité des traitements et la guérison. Ce qu’il faut, c’est repérer un grain de beauté ou une tache qui évolue en forme, taille, contour et couleur.

Sources

Morgan et al. Sciencexpress, 31 août 2006.

Partager :