Australie : ses migraines étaient causées par des larves de ténia

La jeune femme de 25 ans qui avait des maux de tête deux à trois fois par semaine depuis plus ses 18 ans, s’est décidée à consulter lorsqu’elle a eu de violentes migraines pendant plus d’une semaine. Les médecins ont alors fait une découverte peu ragoutante.
Les médecins ont d’abord cru à une tumeur
Outre la douleur qui ne s’estompait plus lors de la prise d'antidouleurs, l’Australienne a commencé à avoir plusieurs symptômes visuels graves, dont des auras et une vision centrale floue. Pour comprendre l’origine de ses migraines chroniques et de ses nouveaux troubles, les médecins lui ont fait passer un scanner. Ce dernier a révélé une lésion dans le cerveau. L’équipe médicale a pensé qu'il s'agissait d'une tumeur. Ils ont alors programmé une opération pour l'extraire.
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Mais lors de la chirurgie, les professionnels de la santé ont fait une découverte surprenante. La masse n’était pas un amas de cellules cancéreuses, mais un kyste rempli de larves de ténia. Cette condition est connue sous le nom de neurocysticercose. Comme dans le cas de la jeune femme, des symptômes neurologiques graves apparaissent lorsque ces kystes larvaires se développent dans le cerveau.
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Neurocysticerose : premier cas local en Australie
Le retrait des parasites ont permis de soigner la patiente. Elle n’a d’ailleurs eu besoin d’aucun autre traitement. Les docteurs ont publié un article sur son parcours médical dans la revue scientifique The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene du 21 septembre 2020. Bien que l’on ait déjà rapporté quelques cas de ce type par le passé, sa mésaventure est plutôt marquante, car il s’agit du premier cas autochtone en Australie.
En effet, cette pathologie, particulièrement observée en Afrique, Asie et en Amérique Latine, n’a pas un caractère endémique en Australie. La patiente qui travaillait comme barista, était ainsi considérée comme n'ayant aucun ou de très faible risque d'infection par des larves de ténia. Elle n'a pas séjourné dans les zones touchées par la maladie ces dernières années.
Les auteurs ont donc émis l'hypothèse qu'elle aurait pu être exposée à travers son travail. Ils rappellent que ce dernier impliquait “des contacts occasionnels continus avec des personnes de diverses régions géographiques”. Toutefois, ils préviennent que si sa profession est bien l’origine de son infection, ce serait un événement très rare, étant donné le nombre incalculable de personnes qui travaillent dans l'industrie hôtelière australienne qui n'ont pas attrapé cette infection.
Néanmoins, ils reconnaissent qu’étant donné la facilité des déplacements entre les pays, il n'est peut-être pas surprenant qu’"une infection sporadique puisse survenir chez des personnes qui seraient autrement considérées comme présentant un risque d'infection par T. solium nul ou très faible".
Le cas de l’Australienne de 25 ans est assez similaire à celui de Rachel Palma ou encore d’autres malades comme vous pouvez le constater dans la page suivante de notre article.
Il est possible d’avoir plusieurs centaines de larves dans le cerveau !

Si le mode d’infection de l’Australienne est assez particulier pour attirer l’attention de la littérature médicale, la New-yorkaise Rachel Palma a connu une mésaventure assez similaire.
Elle a également développé un neurocysticercose l’année dernière sans aucun facteur de risque. Ce n’est pas les migraines qui l’avaient conduite chez le médecin, mais des troubles neurologiques. Elle avait du mal à se souvenir des mots et laissait tomber des objets comme sa tasse de café.
Les examens avaient aussi révélé une masse dans le cerveau. Toutefois, lorsque elle a été retirée, elle n’était pas constituée des tissus mous typiques. Ils étaient plus durs comme de la pierre ou une coquille d'œuf de caille. Des analyses au microscope ont alors révélé des larves de ténia.
Un autre patient chinois avait fait les gros titres l’année dernière. Des médecins avaient découvert plus de 700 larves de ténia dans son cerveau et sa poitrine. Il avait été hospitalisé dans un hôpital de Hangzhou (Chine) après avoir souffert de convulsions et de pertes de conscience pendant plusieurs semaines. Son infection, beaucoup plus courante dans son pays, provenait d’un plat de porc non cuisiné mangé quelques semaines plus tôt.
Neurocysticercose : les signes à repérer

Si la cysticercose est le plus souvent observée dans les pays tropicaux, la mésaventure de l’Australienne rappelle que nous ne sommes pas à l’abri totalement d’une infection par Tænia solium. Cette pathologie est provoquée par la consommation de viande de porc mal ou pas cuite infestée d’œufs du parasite.
Si les ténias s'installent généralement dans les intestins humains, les larves peuvent se développer dans les muscles, la peau, les yeux et le système nerveux central. Les symptômes dépendent de l’organe touché.
Lorsque le kyste se trouve dans le cerveau, il cause une neurocysticercose. Les symptômes de cette infection sont des céphalées sévères, une cécité, des convulsions, des vomissements, des nausées, une méningite, une hydrocéphalie (accumulation de liquide céphalorachidien dans les espaces du cerveau) ou des crises d’épilepsie.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique sur son site “La neurocysticercose est la cause évitable d’épilepsie la plus fréquente dans le monde, et l’on estime qu’elle est responsable de 30% des cas d’épilepsie dans les pays où le parasite est endémique”.
On a dénombré 52 cas de neurocysticercose chez les voyageurs de 1981 à 2011 dont 6 français.
Sources
Case Report: Neurocysticercosis Acquired in Australia, The American Journal of Tropical Medicine and Hygiene, 21 septembre 2020
Woman's odd headache was from tapeworm larvae in her brain, Live Science, 1er octobre