7 bizarreries méconnues du corps humain

Les spermatozoïdes tournent toujours à droite
Les spermatozoïdes doivent parcourir un long chemin du vagin jusqu’à l’ovocyte (17,5cm). Et ils mettent beaucoup de temps pour y arriver ! Explications de Nathan H Lents, professeur de biologie : les spermatozoïdes humains effectuent énormément de chemin pour arriver aux trompes de Fallope car ils sont incapables de tourner à gauche à cause de la forme en tire-bouchon de leur système de propulsion. "Ils nagent sans but, en cercles (dans le sens des aiguilles d’une montre), ils se propagent dans toutes les directions." Pas le système le plus efficace du monde pour la reproduction ! Les spermatozoïdes peuvent ainsi mettre jusqu’à 3 jours pour effectuer le parcours. Bien peu y arrivent. "C’est pour cela qu’il faut des millions de cellules en début de parcours juste pour qu’une atteigne l’œuf" informe Nathan Lentz. Cette particularité des spermatozoïdes impacte la fertilité car cela rend les hommes plus sensibles à un faible nombre de spermatozoïdes. "Ainsi avoir 20 millions de spermatozoïdes pose problème. Ce nombre pourtant énorme représente seulement 10% du nombre de spermatozoïdes nécessaires pour être fertile" souligne Nathan H Lents.
Nous avons des os inutiles
Nous avons beaucoup trop d’os, comme c’est le cas aussi chez de nombreux animaux. Ainsi, notre poignet compte huit os, mis bout à bout inutilement ! "Aucun de ces os n’est vraiment mobile ou ne crée de pression sur l’autre" explique Nathan H Lents. Notre cheville, elle, compte sept os, la plupart inutiles. Et notre coccyx est aussi un bon exemple d’os inutiles. "C’est un vestige de nos ancêtres qui avaient une queue."
Non seulement tous ces os sont inutiles mais ils sont sources de problème. "Tous ces os au niveau du poignet restreignent la flexibilité de celui-ci. Cela crée plus de points d’attache qu’ils ne devraient y en avoir. Chacun de ces points d’attache est une source potentielle de douleur ou d’entorse" informe Nathan H Lents. Pourquoi nos organismes ont-ils des os en trop ? "Le développement embryonnaire est très complexe et lorsque des os deviennent inutiles au cours de l’évolution, ils ne peuvent pas être supprimés simplement. Il faut en effet des milliers de gènes activés et désactivés dans un ordre précis pour qu’un le corps prenne forme" explique Nathan H Lents.
Notre organisme ne fabrique pas les nutriments indispensables
Notre corps, si parfait pour certaines choses, n’est pas très doué en matière d’alimentation. Il nous faut beaucoup plus de nutriments que les animaux et en plus notre organisme ne fabrique pas les nutriments qui lui sont indispensables, dont les vitamines, notamment les vitamines D, C, B12 et B1 (Thiamine). La raison de ce dysfonctionnement ? "Les êtres humains ont évolué pendant des millions d’années dans la forêt tropicale africaine regorgeant de nourriture. Avec autant de nutriments à disposition, notre organisme est devenu paresseux pour les fabriquer" explique Nathan H Lents.
Notre cerveau est imparfait
Même si nos cerveaux sont très puissants, ils connaissent des faiblesses. "Ils se laissent facilement désorienter, piéger et distraire" informe Nathan H Lents. Et de donner des exemples : "nous effectuons des jugements très rapidement et refusons de changer d’avis face à une information contraire. Nous sommes émus par des histoires, même fausses, plutôt que par des données brutes. Nos souvenirs sont distordus et modifiées au fil du temps." Cela s’explique par le fait que "nos cerveaux ont été façonnés pendant des millions d’années dans un monde très différent de celui dans lequel nous vivons. Beaucoup de fonctions dans notre cerveau ont certainement sauvé la vie de nos ancêtres mais sont maintenant devenues des défauts techniques à l’origine des faux calculs et autres bévues."
Nos nerfs ne sont pas parfaits non plus
L’évolution a entraîné des défauts au niveau des nerfs. Le meilleur exemple est celui du nerf récurrent. Ce nerf démarre au niveau du cerveau et se connecte aux muscles du larynx. Il permet à celui-ci d’émettre des sons et nous aide à parler. Jusque-là, rien d’étrange. Mais le trajet pris par ce nerf est étonnant ! "Ce nerf descend dans notre torse et s’enroule autour de quelques-uns des grands vaisseaux sanguins qui quittent notre cœur avant de remonter jusqu’au cou" explique Nathan H Lents. "Ce long parcours entraîne des risques pendant les interventions chirurgicales au niveau de la poitrine et du cou car ce nerf s’entremêlent aux grands vaisseaux de notre cœur" souligne-t-il.
Comment expliquer un itinéraire si compliqué ? Chez nos premiers ancêtres vertébrés, un chemin étroit partait du cerveau et menant aux branchies (ancêtre du larynx) passait très près du cœur. "Lorsque nos ancêtres ont développé un vrai cou et une poitrine, le cœur s’est séparé du larynx et du cerveau. Le nerf récurrent s’est entortillé dans les vaisseaux du cœur et a été tiré en bas avec lui" explique Nathan H Lents.
Nous avons beaucoup de gènes défectueux
Vous croyiez que tous nos gènes étaient utiles ? Et bien non. Nous avons presque autant de gènes qui ne présentent aucune fonction décelable que de gènes en état de marche ! "Un type bien particulier d’ADN inutile ressort dans le génome humain : les pseudogènes. Ces segments de code génétique ressemblent à des gènes mais n’ont pas leurs fonctions. Il s’agit de restes laissés par l’évolution de gènes autrefois" explique Nathan H Lents. "Et en plus même les gènes fonctionnels de notre ADN sont truffés d’erreurs" ajoute Nathan H Lents. Ces erreurs sont dues aux mutations (changements subis par une séquence ADN).
Un sinus imparfait égal rhumes
Avez-vous remarqué que les animaux ne souffrent pas de rhume ? Alors que nous êtres humains en avons fréquemment. Cela est en partie lié à nos cavités nasales qui sont mal conçues ! Explications : le point d’écoulement-collecte des sinus est situé à proximité du sommet de la plus grande paire de cavités, les sinus maxillaires et non au fond pour que la gravité puisse aider. "Le mucus s’entasse dans les sinus au lieu de couler et ceci est la cause du rhume et des infections aux sinus". Les évolutions de notre face expliquent cette imperfection. "Quand nos ancêtres sont passés d’un museau long et de l’utilisation de l’odorat à une face plate et l’utilisation de la vue, ce ré-arrangement de notre face ne s’est pas bien passé pour la cavité de nos sinus et nous souffrons encore aujourd’hui du fait que les évolutions se font parfois de manière imparfaite."
Sources
Remerciements à Nathan H Lents, professeur de biologie (Université de Saint-Louis, USA), auteur de Les spermatozoïdes tournent toujours à droite et autres bizarreries du corps humain, Editions Larousse, 2018