10 conseils pour dépolluer l'air de sa maison

Publié par Audrey Vaugrente
le 29/01/2018
Maj le
7 minutes
preparation and fried pasta in salted boiling oil, typical italian fritters
Istock
Nous passons la quasi-totalité de notre journée en intérieur. Pourtant, les sources de pollution sont nombreuses : cuisine, meubles, décoration… Comment purifier l'air de son domicile ? Les solutions avec Jean-Frédéric Bailly, directeur études et recherches pour l'association Qualitel.

Aérer son logement tous les jours

Ouvrir les fenêtres, c'est la pierre angulaire de la lutte contre la pollution de l'air intérieur. "C'est le point le plus important et on ne le répétera jamais assez, confirme Jean-Frédéric Bailly. C'est l'un des meilleurs moyens de renouveler l'air."

Pour aérer efficacement son logement, deux données doivent être gardées en tête : 10 minutes, deux fois par jour. "Par exemple, on peut ouvrir les fenêtres en se levant, en rentrant du travail, ou bien avant de se coucher", recommande Jean-Frédéric Bailly.

Et pour cause : ce geste crée une circulation de l'air dans le logement, ce qui permet d'évacuer les particules venues de l'extérieur – dues au trafic routier, à l'industrie ou encore à l'agriculture – mais aussi les différents polluants émis lors des travaux de rénovation ou de la cuisine.

Mais mieux vaut aérer quand la circulation automobile est encore modérée. Ouvrir les fenêtres au moment où la pollution est à son apogée est déconseillé. En effet, ces particules sont susceptibles d'affecter notre santé cardiovasculaire et respiratoire à long terme.

Vérifier l'état du système de ventilation

Outre les fenêtres, un dispositif obligatoire assure la circulation de l'air dans les différentes pièces : la ventilation – qui peut être naturelle ou mécanique. Cette dernière est surtout présente dans les habitations récentes et force cela. "Elle se remarque par la présence de bouches d'extraction dans la cuisine ou la salle de bains", indique Jean-Frédéric Bailly.

Les dispositifs mécaniques fonctionnent selon la même philosophie : l'air circule des pièces principales vers celles plus humides, comme la cuisine ou les toilettes. "Il y a une entrée et une sortie d'air dans tout logement, qui assurent un balayage et permettent d'évacuer les polluants", résume-t-il. Mais ce procédé nécessite la vigilance de la personne qui habite dans le logement.

Car quelques mauvaises habitudes peuvent obstruer les grilles de ventilation. "La première chose, c'est de comprendre comment fonctionne le circuit de ventilation du logement et de vérifier qu'on n'a pas bloqué les bouches d'extraction avec un meuble ou un chiffon", conseille Jean-Frédéric Bailly. De même, les entrées d'air des fenêtres ne doivent pas être bloquées.

10 conseils pour dépolluer l'air de sa maison

L'autre réflexe à adopter, c'est d'entretenir sa ventilation régulièrement. " Les grilles sont démontables, indique le directeur études et recherches. Il est important de les nettoyer à l'eau savonneuse pour retirer la poussière et les graisses qui s'accumulent."

Certains signes peuvent alerter sur le mauvais fonctionnement de l'aération : maux de tête, somnolence et nez bouchés peuvent témoigner d'un air appauvri, trop humide ou trop sec.

Ne pas bloquer le dessous des portes

On a tendance à l'oublier, mais l'espace sous les portes est essentiel à la qualité de l'air intérieur. Il participe au renouvellement de l'oxygène dans les pièces. "Quand on les laisse fermées, on s'enferme dans un volume fixe. Sans balayage de l'air, la concentration en polluants et en CO2 augmente", explique Jean-Frédéric Bailly.

Il est donc important de laisser un centimètre entre le bas de la porte et le sol. Et de respecter cet espace après les travaux de rénovation. "Un coup de rabot sous les portes peut être nécessaire, souligne le directeur études et recherche. Elles ne doivent pas frotter le sol."

Eviter de brûler son huile de cuisine

La cuisine est aussi une source de pollution ignorée. Faire chauffer l'huile à plus de 180 °C provoque l'émission de particules, de composés organiques volatils (COV) et d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Ces substances sont soupçonnées d'avoir des effets cancérigènes chez l'homme.

Au vu de ces éléments, l'idéal reste de ne pas faire brûler ses huiles de cuisson. "Si c'est une habitude culinaire, il faut avoir une hotte aspirante, conseille Jean-Frédéric Bailly. Le nec plus ultra, c'est qu'elle soit raccordée à l'extérieur." A défaut, un filtre à charbon fera l'affaire. Mais pour le directeur études et recherche de Qualitel, la meilleure des solutions reste d'ouvrir les fenêtres lorsqu'on cuisine.

Limiter les feux de cheminée

La combustion pose aussi problème à côté de l'âtre. Malgré le plaisir qu'ils apportent, les feux de cheminée sont à éviter dans la mesure du possible. Car s'ils réchauffent efficacement le logement, ils le polluent aussi abondamment. "Malheureusement, la combustion ramène des micro particules à l'intérieur du logement, que vous respirez quoi qu'il arrive, souligne Jean-Frédéric Bailly. Ce n'est donc pas idéal."

Les feux de bois ont, en plus, la fâcheuse conséquence de participer à la pollution de l'air extérieur. Les cheminées à foyer ouvert sont particulièrement "sales". A tel point que Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer, avait prévu de les interdire – avant de reculer.

Dans la même optique, essayez de vous passer des bougies odorantes et autres bâtons d'encens, dont la combustion alimente l'intérieur en polluants. Ces produits contiennent, en outre, des substances controversées et potentiellement toxiques.

Ne pas fumer à l'intérieur

Sans surprise, fumer dans son logement n'est pas la meilleure des idées. La liste des composés toxiques ne cesse de s'allonger, et la combustion libère ces produits en plus des composés organiques volatils et des particules. Monoxyde de carbone, dioxines, PM10, HAP… les polluants sont nombreux.

Mais on ignore souvent que ces substances restent très longtemps dans votre habitation. "Ces particules se déposent sur le mobilier, les sols et les murs, liste Jean-Frédéric Bailly. Elles y perdurent pendant des années." Jusqu'à 20 ans, selon certaines études.

Mieux vaut donc se faire violence et fumer sur le balcon, dans le jardin ou sur le trottoir. Non seulement cela vous éviter une double exposition… mais cela pourrait aussi épargner vos proches.

Choisir les bons matériaux pour son logement

Au moment de bricoler, se creuser la tête peut être une bonne idée. Car tous les produits ne se valent pas, que ce soit pour le revêtement du sol, l'isolation ou la peinture. "En ce qui concerne les parquets et les peintures, l'étiquetage sanitaire est obligatoire", souligne Jean-Frédéric Bailly.

Depuis 2012, ces produits doivent indiquer clairement leur "note" de pollution intérieure. Les étiquettes A+ – sur un niveau allant jusqu'à C – indiquent les produits qui émettent le moins de composés organiques volatils. A cette réglementation s'ajoutent des labels : Emicode pour les colles, GUT pour les moquettes ou encore Ange bleu pour les revêtements de sol.

"On sait que les meubles relarguent des COV, notamment le formaldéhyde, ajoute le directeur études et recherches. Mais il n'y a pas encore de réglementation." Mieux vaut donc anticiper, surtout si on prépare l'accueil d'un nouveau-né, et monter les meubles avant son arrivée. Et surtout bien aérer.

Nettoyer avec des produits de base

Même avec la meilleure des volontés, pourtant, nous risquons de polluer notre logement. Parfois même sans le savoir. En effet, de nombreux produits d'entretien et de nettoyage libèrent des composés organiques volatils.

Les cocktails formés par les différentes marques peuvent s'avérer particulièrement nocifs. Vous appréciez le délicat parfum de citron de votre nettoyant pour la cuisine ? Sachez que le limolène réagit avec l'ozone pour former un COV.

Mieux vaut donc limiter le nombre de bouteilles utilisées pour nettoyer la maison. Et se fier plutôt aux méthodes "traditionnelles" comme le savon noir ou le vinaigre blanc. "D'une manière générale, on peut privilégier les produits naturels, mais ce n'est pas une garantie absolue, rappelle Jean-Frédéric Bailly. L'idéal reste d'ouvrir les fenêtres quand on fait le ménage : ça évite que les polluants ne se concentrent dans le logement."

Bien entretenir ses appareils à combustion

Que l'on ait les bons réflexes ou non, l'hiver est une saison particulièrement propice à la pollution de l'air intérieur. Parce qu'il fait froid, on a tendance à moins ouvrir les fenêtres, à allumer son chauffage… parfois même amener un brasero dans la pièce de vie.

Mais les appareils à combustion doivent être particulièrement bien entretenus. Ils sont une source de pollution majeure mais aussi de monoxyde de carbone, un gaz inodore et incolore qui peut s'avérer mortel.

Pour éviter cela, pas de secret : chaudières et chauffe-eau doivent être révisés régulièrement. Les appareils de chauffage mobiles n'ont rien à faire dans un espace mal ventilé ou trop petit. Quant aux brûleurs des cuisinières à gaz, ils ne servent pas de dispositif de chauffage.

Des règles simples mais pas toujours respectées. En 2017, 560 personnes ont été hospitalisées à cause d'une intoxication au monoxyde de carbone et 9 en sont mortes.

Les épurateurs d'air : des preuves attendues

Depuis quelques années, des dispositifs d'épuration d'air sont proposés aux particuliers. Ils auraient la vertu d'améliorer la respiration des asthmatiques, de réduire les crises d'allergie. Mais selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), ces appareils n'ont pas encore fourni la preuve de leur efficacité.

Saisie à ce sujet, l'autorité sanitaire a souligné le risque de dégradation de l'air lié aux différents systèmes (ozonation, plasma, air froid, etc). Les experts suspectent ces mécanismes de dégrader les polluants de manière partielle, ce qui pourrait aggraver la situation.

Sources

Comment réduire la pollution de l'air intérieur, Association Qualitel

Qualité de l'air intérieur, Anses, 28 novembre 2017

Les bons gestes pour un bon air, Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur (PDF en ligne), consulté le 26 janvier 2018

Guide de la pollution de l'air intérieur, Santé publique France (PDF en ligne), consulté le 26 janvier 2018

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