Diclofénac, kétoprofène, Dolirhume… 90 médicaments de nouveau épinglés par Prescrire

Dans son dernier numéro, la revue Prescrire épingle plusieurs dizaines de médicaments qui ne devraient pas être prescrits. Soit en raison d'effets secondaires excessifs, soit par manque d'efficacité.
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"Ecarter pour mieux soigner." Telle est la philosophie de la dernière liste de médicaments à éviter, publiée par Prescrire  dans son dernier numéro. Après avoir évalué différents traitements et leurs effets secondaires, la rédaction du journal épingle 90 médicaments qui ne valent pas le coup d'être prescrits. 79 d'entre eux sont disponibles dans les pharmacies françaises.

Ces molécules sont pointées du doigt pour trois motifs possibles. Les effets indésirables peuvent être trop fréquents ou trop forts au vu de l'état de santé du patient; des alternatives plus anciennes et plus sûres existent; l'efficacité du médicament n'a pas été démontrée ou est insuffisante.

Trois anti-inflammatoires à fuir

Et parmi les traitements épinglés, certains rencontrent un vrai succès auprès des patients comme des soignants. C'est le cas de trois anti-inflammatoires non stéroïdiens, prescrits contre les douleurs aiguës ou chroniques. L'acéclofénac (Cartrex®) et le diclofénac (Voltarène®) sont ainsi associés à bien plus d'effets cardiovasculaires que les autres molécules du même type.

Le kétoprofène en gel (Ketum®) est, lui, pointé du doigt en raison du risque d'hypersensibilité au soleil, à l'origine d'eczémas et autres éruptions cutanées bulleuses. Ces formulations ne sont d'ailleurs plus prises en charge par l'Assurance maladie depuis 2015. Elles ont été jugées trop peu efficaces.

Au rayon "petits maux du quotidien", d'autres traitements bien connus font l'objet des critiques de Prescrire : les décongestionnants oraux. Ephédrine, pseudoéphédrine et autres molécules utilisées dans les médicaments anti-rhume (Actifed Rhume®, Dolirhume®, etc) comportent pourtant un vrai risque cardiaque. A tel point que l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a récemment interdit leur publicité.

Eviter les antiémétiques systématiques

Les médecins généralistes devraient aussi avoir la main plus légère sur les traitements gastro-intestinaux. La dompéridone (Motilium®), le dropéridol (Droleptan®) et la métopimazine (Vogalène®, Vogalib®) sont à éviter en raison de risques de troubles du rythme cardiaque. Au vu de leur faible efficacité, ces dangers sont disproportionnés, estime Prescrire.

Le constat est le même pour deux myorelaxants (décontractants musculaires) : le méthocarbamol (Lumirelax®) et le thiocolchicoside (Miorel®). Le premier favorise les troubles digestifs et cutanés, le second expose aux mêmes risques, tout en ayant un effet génotoxique et tératogène. Ce dernier n'est d'ailleurs plus remboursé depuis le 1er janvier.

Du côté des médecins spécialistes, les habitudes de prescription devraient aussi évoluer si l'on en croit Prescrire. Les traitements de fond de la migraine, censés éviter les crises, ne doivent plus passer par la flunarizine (Sibelium®) et l'oxétorone (Nocertone®), peu efficaces et favorisant prise de poids et troubles cardiaques.

3 médicaments ne sont plus vendus

Dans le diabète, les vieilles molécules sont finalement les meilleures. La classe des gliptines (inhibiteurs de la DPP-4), récemment arrivée sur le marché, provoque encore beaucoup d'effets indésirables lourds – comme des hypersensibilités ou des infections  urinaires ou respiratoires.

Il en va de même pour les traitements ciblés contre la maladie d'Alzheimer (mémantine, donépézil, galantamine, etc) qui sont "peu maniables en raison d'effets indésirables disproportionnés", selon la rédaction de Prescrire. Celle-ci recommande d'orienter la prise en charge des patients vers un accompagnement plus soutenu.

Mais l'édition 2018 n'est pas seulement une liste de mauvaises nouvelles. Parmi les médicaments épinglés en 2017, trois ne sont plus distribués aujourd'hui, annonce Prescrire. Protelos (ranélate de strontium), Percutalgine (dexaméthasone/salicylamide/salicylate d'hydroxéthyle) et Removab (catumaxomab).

Vidéo : Infection des voies respiratoires supérieures

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Source : "Pour mieux soigner, des médicaments à écarter : bilan 2018" Rev Prescrire 2018 ; 38 (412) : 137-144.