DHEA pour les schizophrènes

Après un engouement sans précédent de la DHEA pour lutter contre le vieillissement, des chercheurs ouvrent une piste intéressante en montrant un effet potentiel de cette molécule dans la schizophrénie.

Déjà, dans les années cinquante des chercheurs avaient remarqué l'efficacité d'une molécule proche de la DHEA, la diandrone, pour déhydroisoandrostérone (et non la déhydroépiandrostérone, notre célèbre DHEA actuelle), dans quelques troubles psychiatriques. Notamment chez des patients schizophrènes, les auteurs avaient noté une amélioration de « la timidité, du manque de confiance sociale, des sentiments d'infériorité, de l'apathie, du contact avec la réalité, du désir de s'engager dans des relations sociales plus appropriées… », soit de l'ensemble des signes que l'on appelle aujourd'hui les symptômes « négatifs ». Depuis, d'autres travaux ont montré la présence d'un faible taux de DHEA chez ces malades : il est d'autant plus bas que la sévérité des symptômes est importante.

A partir de ces premières observations indiquant un intérêt potentiel de cette molécule dans la schizophrénie, une nouvelle analyse a été entreprise. Une trentaine de patients schizophrènes âgés de 20 à 67 ans ont été recrutés. Durant six semaines, certains ont reçu de la DHEA, en sus de leur traitement habituel (antipsychotique), les autres un placebo. A terme, les symptômes négatifs, dépressifs et anxieux ont été améliorés dans le groupe sous DHEA, comparé au placebo. De plus, les taux plasmatiques de DHEA et de S-DHEA ont bien été augmentés.

Les auteurs de cette étude restent prudents en soulignant qu'il s'agit d'une observation préliminaire qui mérite d'être confirmée sur un plus grand nombre de sujets. Mais ces résultats suggérant l'efficacité d'une augmentation de DHEA dans la prise en charge des symptômes de la schizophrénie, n'en sont pas moins encourageants : une administration précoce de DHEA pourrait servir de facteur protecteur.

Bien sûr, avant toute conclusion définitive, reste également à explorer très finement les éventuels effets secondaires de cette molécule, tant au niveau comportemental, hormonal que tumoral.

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Source : Strous R.D. et coll., Dehydroepiandrosterone augmentation in the management of negative, depressive, and anxiety symptoms in schizophrenia. Arch. Gen. Psychiatry, 60 (2) : 133-41, 2003.