Violence : l'alcool comme excuse ?

Quelle est la responsabilité de l'alcool dans les violences perpétrées à l'égard d'autrui ? Les agressions et autres actes de délinquance sont-ils excusables s'ils sont commis sous l'emprise de l'alcool ? Cette enquête menée par l'équipe du Pr Laurent Bègue nous apporte des éléments très intéressants et un nouvel angle de réflexion…
Sommaire

L'alcool est associé à l'agressivité et aux actes de violence

L'alcool est la substance la plus fréquemment liée aux violences entre les personnes. Selon une enquête (1) menée auprès de 2000 habitants d'Ile-de-France et du Nord, 40% des sujets ayant participé à une bagarre dans un lieu public avaient consommé de l'alcool dans les deux heures qui précédaient. De même pour 25% des auteurs d'agression ayant eu lieu hors de la famille et 35% des auteurs d'agression dans la famille. Dans tous les cas, la quantité d'alcool consommée en une occasion était l'une des meilleures prédicatrices de ces agressions. Concernant les autres formes de délinquance : 32% des destructions intentionnelles avaient été précédées d'une consommation d'alcool, ainsi que 20% des vols.

Est-ce l'alcool qui rend plus agressif ?

Toujours selon cette enquête : 6% des personnes interrogées affirment que l'alcool les rend agressifs, 8% considèrent qu'ils perdent le contrôle d'eux-mêmes 3% cherchent la dispute, 3% affirment devenir méchants ou s'engager dans des bagarres. Ces impressions ou ces faits sont d'autant plus marqués que la fréquence des consommations et la quantité d'alcool bue en une occasion sont élevées. Effectivement, les études pharmacologiques montrent que l'alcool perturbe le fonctionnement cognitif exécutif, ce qui, en d'autres termes, altère l'auto-contrôle du comportement, d'où des réactions agressives facilitées. Pourtant, si l'alcool représente un facteur de risque important dans le domaine des violences, il n'est pas nécessaire, ni suffisant. L'alcool est associé à divers catalyseurs de violence : bars, boîtes de nuit, grande densité de population, lieux bruyants, enfumés, surchauffés, lieux où les normes de conduite sont plus permissives qu'ailleurs, facteurs individuels, etc. Parmi les facteurs individuels citons l'impulsivité, les troubles de la personnalité antisociale, l'exposition à des parents alcooliques, la précarité économique, le malaise social, la valorisation de l'identité hypermasculine, l'appartenance à un groupe délinquant, etc.

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Source : Etude Evaluative sur les relations entre violences et alcool, Direction générale de la santé (MA 05 208), Pr Laurent Bègue, Institut Universitaire de France / Université Pierre Mendès-France, Grenoble.