Vaccins : l’aluminium peut-il être toxique ?

Publié par Brigitte Bègue
le 28/11/2016
Maj le
6 minutes
cette injection aidera à vaincre la maladie
Istock
Comme les médicaments, les vaccins peuvent entrainer des effets indésirables parfois graves. Depuis quelques années, les adjuvants à base d’hydroxyde d’aluminium, ajoutés aux vaccins pour augmenter leur efficacité, sont soupçonnés de favoriser, chez certaines personnes, le développement d’une maladie neuromusculaire handicapante. E-sante fait le point.

Myofasciite à macrophages : une vraie pathologie

Stanley, 22 ans, était en 1ère S quand il a reçu un rappel Dt Polio : « Un mois plus tard, un dimanche, j’ai été pris de douleurs dans les cervicales puis le bas du dos. J’ai cru que j’avais la grippe. J’ai d’ailleurs été hospitalisé pour syndrome grippal. J’ai repris le lycée mais, très vite, ça a été la catastrophe. Je n’arrivais plus à me concentrer, j’étais très fatigué, j’avais des troubles de la mémoire. J’ai été obligé d’arrêter mes études, je n’ai pas pu passer mon bac. Aujourd’hui, je ne peux même plus jouer au foot. Je vis toujours chez mes parents, je ne peux pas vivre seul, j’ai besoin d’être aidé pour toutes les tâches du quotidien ».

Stanley est atteint de la myofasciite à macrophages, une maladie neuromusculaire invalidante, qui pourrait être liée à l’aluminium présent dans de nombreux vaccins.

« Ce n’est pas une maladie des vaccins en soi, je défends la vaccination, mais il s’agit néanmoins d’une vraie pathologie », affirme le Pr Jérôme Authier, neurologue et spécialiste de la maladie à l’hôpital Henri Mondor à Créteil.

Hydroxyde d’aluminium : un adjuvant vaccinal mal connu

Des sels d’aluminium sont incorporés dans les vaccins pour renforcer la réponse immunitaire de l’organisme. Problème : alors qu’ils sont utilisés depuis 1926, les mécanismes d’action de ces adjuvants sont mal connus. La communauté scientifique pensait, jusqu’il y a peu, que le corps les éliminait rapidement et qu’il n’y avait donc aucun risque à les utiliser. Une hypothèse basée sur une étude de 28 jours à partir de deux lapins.

Or, les travaux du Pr Romain Gherardi, chef de service du Centre expert en pathologie neuromusculaire de l’hôpital Henri Mondor, et de son équipe, démontrent qu’il n’en est rien : « Depuis 2014, nous avons les preuves scientifiques que le discret adjuvant, loin de se dissoudre dans les tissus après avoir fait son office, non seulement, persiste longtemps dans l’organisme mais peut migrer dans le cerveau pour n’en plus ressortir. Ce qui est fortement indésirable ».

Aluminium : il peut persister très longtemps dans l’organisme

Après avoir injecté des particules d’aluminium à des souris, le chercheur s’est aperçu que, dans les heures qui suivent, la moitié d’entre-elles s’échappent du muscle de l’animal et se retrouvent dans les ganglions lymphatiques, « l’autoroute des cellules immunitaires phagocytes », souligne-t-il.

Elles atteignent ensuite le sang puis la rate et, au bout de trois mois, une petite quantité, associée à des cellules de l’immunité mais aussi des neurones, peut être décelée au niveau cérébral, plus particulièrement dans la substance grise.

Autre découverte : après une vaccination, un granulome (accumulation de cristaux d’aluminium) peut se former dans le muscle deltoïde de l’épaule, là où la personne a été piquée. Le Pr Gherardi a décrit cette lésion en 1998 dans The Lancet. Si celle-ci diminue au fil des mois, l’aluminium ne disparait pas pour autant mais est transporté, lui aussi, dans les ganglions, la rate, voire le cerveau. Il est capturé par les cellules de l’immunité : les macrophages.

Des symptômes identiques chez tous les patients

Ce mode d’action pourrait être à l’origine de la myofasciite à macrophages.

Pr Gherardi : « Les patients qui ont cette maladie n’arrivent pas à se débarrasser de cet adjuvant. C’est cette bio-persistance qui peut être toxique ».

En France, environ 600 patients ont été diagnostiqués à l’hôpital Henri Mondor : 70% sont des femmes, l’âge moyen est de 45 ans, ils ont reçu un à 17 vaccins dans les dix ans qui ont précédé leurs troubles (hépatite B, antitétanique, etc.).

Leurs symptômes : douleurs musculaires, fatigue intense et troubles cognitifs. Tous ont été biopsiés et tous présentent une quantité anormalement élevée de particules d’aluminium dans le muscle deltoïde. « Ces particules sont encore présentes 5 à 6 ans après leur dernière vaccination, souligne le Pr Authier. Le suivi des patients montrent qu’ils ont des troubles cognitifs de plus en plus importants avec le temps, notamment de la mémoire, de la concentration et de la planification. L’IRM permet de voir qu’ils ont des lésions cérébrales spécifiques ».

Sur la piste d’une prédisposition génétique

Fort heureusement, des millions de personnes ont reçu des vaccins à base d’aluminium et la grande majorité ne sont pas malades. Une susceptibilité individuelle pourrait donc influer sur la bio-persistance de l’adjuvant et sa diffusion dans l’organisme.

Première piste : une prise de sang réalisée sur les patients atteints de myofasciite à macrophages indique qu’ils ont un taux élevé de la molécule MCP-1 (monocyte chemoattractant protein-1).

Pr Gherardi : « Tous les tissus sont capables de la produire mais la quantité varie considérablement en fonction des individus. Elle augmente avec l’âge, l’influence de facteurs génétiques ou environnementaux comme l’administration d’un adjuvant aluminique. Ce qui pourrait déclencher une réaction immunitaire ».

Pour le Pr Authier : « Il y a encore beaucoup d’inconnus. Il y a des patients qui ont eu une, deux, trois vaccinations sans problème et c’est à la quatrième que les effets indésirables se déclarent ».

Les doses reçues ne semblent pas jouer. Pr Gherardi : « Sur les souris, une exposition à de faibles doses entrainent plus d’anomalies cérébrales que les fortes doses. C’est comme avec les particules fines et les pesticides, ce n’est pas la dose qui fait le poison ».

Pas de vaccins sans aluminium sur le marché

Pour l’heure, la myofasciite à macrophages n’est pas reconnue par les autorités sanitaires. Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique de 2013 admet qu’il y a bien un lien entre l’adjuvant et la lésion (granulome) au point d’injection mais ne reconnaît aucune causalité entre l’adjuvant et les symptômes des patients.

Selon le Pr Gherardi, « Le facteur temps doit être pris en compte dans la balance bénéfices-risques des vaccins à l’aluminium car les effets indésirables peuvent survenir longtemps après la vaccination ».

Pour le Pr Authier, « Il faut reconnaître cette maladie pour protéger les malades car ils se stabilisent quand ils arrêtent d’être exposés à l’adjuvant ». Le problème est que, depuis 2008, il n’existe pratiquement plus sur le marché français de vaccins sans aluminium… Les seuls sont le ROR, le vaccin anti grippe, la fièvre jaune et un anti-poliomyélite.

« Vivant à la campagne, je prends un gros risque de ne pas me faire vacciner contre le tétanos mais il est moindre que de ne plus pouvoir bouger si je reçois un vaccin avec de l’aluminium », estime Claire, atteinte d’une myofasciite à macrophages.

Sources

  • Entretien avec les Pr Romain Gherardi et Jérôme Authier, spécialistes de la maladie au Centre expert des maladies neuromusculaires Henri Mondor.
  • Livre « Toxic Story, Romain Gherardi, Actes Sud, 2016.
  • Documentaire : « L’aluminium, les vaccins et les deux lapins » de Marie-Ange Poyet,  2016.
  • Conférence de presse : « Aluminium et Vaccins : les victimes demandent réparation », mai 2015.
  • Association E3M d’entraide aux personnes atteintes de myofasciite à macrophages : http://www.asso-e3m.fr

Partager :