Un stimulateur cérébral pour les Parkinsoniens

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 2/04/2003
Maj le
3 minutes
Autre
Cette technique permet de faire disparaître pratiquement tous les symptômes de la maladie de Parkinson. Elle consiste à implanter une série d'électrodes dans le cerveau du patient, lesquelles sont reliées à un générateur d'électricité, à l'instar du stimulateur cardiaque.

La maladie de Parkinson est une terrible affection neurodégénérative perturbant la motricité et multipliant les tremblements, avec l'apparition d'une rigidité des membres et d'un ralentissement des mouvements, pouvant aboutir à une immobilité complète. Sournoise, elle laisse le patient impuissant, tandis que ses capacités intellectuelles ne sont pas touchées.Elle est due à une dégradation des cellules nerveuses produisant un neuromédiateur spécifique, la dopamine. D'où l'idée de combattre cette maladie avec de la Levodopa, un médicament compensant le déficit en L-Dopa. Malheureusement, celui-ci étant peu efficace chez les malades sévèrement atteints, les chercheurs se sont tournés vers la stimulation cérébrale.

Une intervention chirurgicale qui relève de la prouesse

Cette microchirurgie consiste à implanter dans le cerveau, précisément au niveau du noyau sous-thalamique, une série d'électrodes de 1,3 mm de diamètre, reliées par un câble sous-cutané à un générateur d'électricité, tout à fait comparable au stimulateur cardiaque. Les électrodes délivrent des impulsions à haute fréquence dans une toute petite région cérébrale très ciblée. On comprend la difficulté de l'acte chirurgical, tout se joue à quelques millimètres. En fait, cette intervention s'effectue en direct, c'est-à-dire que l'emplacement exact des minuscules aiguilles est déterminé en fonction des réactions du patient sous anesthésie locale. Une telle prouesse peut prendre jusqu'à une quinzaine heures.Selon le Pr Alim-Louis Benabid du CHU de Grenoble, considéré comme le père de la stimulation cérébrale, cette technique permet de « faire disparaître pratiquement tous les symptômes. Après avoir été grabataires, les malades retrouvent instantanément le chemin de la vie : manger, se promener, aller au cinéma et danser. »

Ajustable et réversible

Cette intervention n'est pas mutilante. Elle peut être adaptée, dans le sens où l'intensité du courant se modifie facilement afin d'ajuster le traitement. Et enfin, elle est réversible car à tout moment les électrodes peuvent être enlevées.

Sélection drastique

Hélas, la liste d'attente est longue et la sélection des patients très rigoureuse. Sur les 100.000 personnes touchées par la maladie de Parkinson, seules 1.000 peuvent y prétendre. L'an passé, 350 d'entre elles ont effectivement bénéficiées de cette opération. La sélection est drastique : personnes jeunes (entre 35 et 50 ans), souffrant surtout de dyskinésie (mouvements anormaux, incontrôlables et répétés), de troubles moteurs et insensibles à la L-Dopa. Sont systématiquement écartés les sujets atteints de troubles intellectuels ou de dépression intense. Malgré tout, l'attente reste très longue, puisque s'écoule facilement deux ans avant la réalisation de l'intervention, un délai malheureusement fort préjudiciable, qui s'explique notamment par le coût de l'intervention (23.000 à 30.000 euros).Pourtant, la France domine dans cette discipline avec 16 centres qui la pratiquent (dont Lille, Pitié-Salpêtrière à Paris, Henri-Mondor à Creteil…).

De multiples champs d'application

Face à ce succès, les chercheurs souhaiteraient vérifier l'efficacité de la stimulation cérébrale chez les personnes souffrant uniquement de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). En effet, après cette opération, deux patients parkinsoniens se sont retrouvés débarrassés de leurs TOC. Par ailleurs, des travaux sont en court chez des sujets atteints d'une forme sévère d'épilepsie. Pour l'instant, certains ont vu après une telle intervention, la fréquence de leurs crises diminuer de 68 à 81%. La stimulation cérébrale pourrait également donner des résultats intéressants pour les cas les plus critiques dans le domaine des migraines ou de certaines formes d'obésité.

Sources

Houeto J.L. et coll., Subthalamic DBS replaces levodopa in Parkinson's disease: two-year follow-up. Neurology, 60 (1) : 154-5, 2003. Mallet L. et coll., Compulsions, Parkinson's disease, and stimulation. Lancet, 360 (9342) : 1302-4, 2002. Houeto J.L. et coll., Behavioural disorders, Parkinson's disease and subthalamic stimulation. J Neurol. Neurosurg. Psychiatry, 72 (6) : 701-7, 2002. Lagrange E. et coll., Bilateral subthalamic nucleus stimulation improves health-related quality of life in PD. Neurology, 59 (12) : 1976-8, 2002. Pinto S. et coll., Bilateral subthalamic stimulation effects on oral force control in Parkinson's disease. J. Neurol., 250 (2) : 179-87, 2003.

Partager :