Un pharmacien sur deux fait parfaitement son boulot !

Profession : pharmacien

La visite « surprise » dans le cadre d’une enquête standardisée est une bonne façon de se faire une opinion sur les pratiques d’une profession et d’établir éventuellement des classements. C’est ainsi que procèdent le guide Michelin pour ses étoiles et le Gault et Millau pour ses toques. Cela fait grincer des dents, mais cela fait aussi progresser la profession. Pour ma part, j’aurais bien aimé connaître les bo n s pharmaciens pour leur rendre visite plus volontiers.

Une enquête piégée très instructive

Mais on comprend bien que le but du journal Que choisir n’était pas de faire une telle distinction, mais de faire une photo des pratiques officinales. L’équipe de rédaction a ainsi envoyé des enquêteurs visiter 648 officines dans 40 villes, ceux-ci devant se présenter comme enrhumés et fatigués et demander une boîte d’Aspirine Upsa vitaminée C et une boîte de Rhinureflex. Le piège est qu’évidemment il est déconseillé de prendre ces deux médicaments ensemble, l’un contenant de l’aspirine et l’autre de l’ibuprofène, deux anti-inflammatoires majorant leurs risques, notamment hémorragiques, quand ils sont pris ensemble.

Résultat : un pharmacien sur deux a donné le bon conseil, l’autre moitié se contentant de vendre les médicaments demandés sans autre forme de formalité. Est-ce un bon ou un mauvais résultat ? Je me suis sincèrement posé la question pour arriver à conclure que oui.

Quelle profession en effet obtiendrait un score aussi bon ?

Toutes les enquêtes que j’ai pu lire sur les pratiques médicales sont bien moins bonnes. Beaucoup de médecins négligent par exemple de prescrire systématiquement une consultation annuelle d’ophtalmologie à leurs patients diabétiques, etc. Et c’est un phénomène mondial. Je me souviens par exemple d’une étude américaine de laquelle il ressortait que la prescription d’un frottis du col était extrêmement variable d’un médecin à l’autre.

On peut dire la même chose de toute profession

Je pense que l’on peut dire la même chose de toutes les professions et dans tous les cas, un groupe de meilleurs se distingue du groupe des moins bons, que cela soit dans la maréchaussée, l’administration, le journalisme, le petit commerce, et toute profession en général.

Que peut-on en conclure pour les pharmaciens ?

• que le service rendu est bon une fois sur deux ce qui est très appréciable,

• qu’en grande surface, le service ne serait probablement pas rendu du tout,

• que la profession doit être soutenue, tant elle reste le seul point d’écoute santé dans des zones isolées,

• qu’il faut être naturellement méfiant et ne pas hésiter à changer de pharmacie si une absence de conseil ou toute autre insuffisance est constatée.

C’est donc une chance de disposer d’un bon réseau de pharmacies pour bénéficier de l’écoute de professionnels généralement de bon niveau et qu’il est salutaire de pouvoir acheter des journaux « casse routine » comme Que choisir. S’endormir dans sa pharmacie est dangereux, moins qu’au volant, mais il faut rester vigilant.

Restons donc vigilants et tolérants, pour que tout le monde puisse monter en qualité tout en redoutant le poil à gratter des journaux comparatifs. Vive la liberté de parole et le droit au progrès !

Source : Que choisir 502 – avril 2012.